Vidéo. «Roqya», véritable remède ou effet placebo?

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Avec des centaines de followers sur Facebook, Abdelali Belahbib est un « raqi » (exorciste) moderne dont la popularité dépasse les frontières du royaume. H24Info l’a rencontré.
Abdelali Belahbib est « cheikh raqi » depuis des années maintenant. Dans son centre spécialisé situé dans un quartier de Casablanca, il propose différents services, dont la «roqya» (l’exorcisme), la circoncision, et les soins par les plantes. Et les affaires marchent bien pour l’homme qui dit recevoir des clients des quatre coins du globe: «Je ne reçois pas que des Marocains, il y a un grand nombre d’étrangers musulmans qui suivent ce que je fais, et viennent consulter». Une popularité due en partie aux réseaux sociaux, où Belahbib partage les vidéos de ses «opérations». A ce jour, il compte plus de 300.000 followers sur Facebook.
«Une fois, j’ai reçu une femme aveugle qu’aucun médecin n’avait pu soigner. Il s’est avéré qu’elle était possédée. Quand je l’ai guérie, les autres patients ont crié au miracle», nous confie fièrement l’exorciste 2.0, soulignant que la gent féminine constitue la grande majorité de sa clientèle. Une tendance qu’il s’explique par le fait que «les femmes ont plus de risques d’être possédées», et ce, à cause de leur «sensibilité». Et quand nous lui demandons quel type de djinn est le plus dangereux, sa réponse est inattendue: «Sans aucun doute, les plus agressifs sont les djinns ‘francs-maçons’. Une personne possédée par ce type de djinn peut se réveiller avec des symboles gravés sur le corps, tels que l’étoile de David».
Les cas de fausse possession, Belahbib en voit souvent dans son métier. En effet, certaines clientes font semblant d’être sous l’emprise d’un djinn afin d’obtenir une faveur. C’est le cas de cette femme qui, lors d’une séance d’exorcisme, «a laissé entendre que le djinn réclame qu’on lui achète une maison», se souvient le cheikh, qui assure faire la différence entre les personnes possédées et celles souffrance d’une maladie mentale. En effet, à de nombreuses reprises, il a orienté certains de ses clients vers des psychologues ou d’autres médecins spécialisés.

 
Justement, qu’en disent ces médecins spécialisés? «Même si le psychologue ne croit pas en l’exorcisme, il ne va pas se moquer de son patient, mais il va essayer de voir comment ce dernier met du sens derrière sa souffrance», nous explique le psychologue clinicien Ali Seghrouchni. Selon lui, l’intérêt de beaucoup de personnes, même celles dites cultivées, pour la «roqya» est compréhensible: «Parfois, lorsqu’on ne comprend pas des choses, on peut être amené à se tourner vers des explications de l’ordre du surnaturel. Après tout, qu’est-ce que le surnaturel? c’est ce que l’on ne comprend pas».
Par ailleurs, les personnes «possédées» présentent les symptômes de plusieurs maladies psychiques, continue Seghrouchni. Et l’éventail est large: épilepsie, schizophrénie, hystérie, maladies psychosomatiques, etc. Et, une fois de plus, notre interlocuteur insiste sur le fait que ce n’est pas au psychologue de juger, et que tant que le malade est suivi par un médecin spécialisé, il peut très bien pratiquer la roqya, «du moment où cela l’aide à se rassurer».
Dans certains cas, néanmoins, le médecin traitant peut interdire catégoriquement à son patient de consulter un raqi. Par exemple, dans les cas de psychoses comme la schizophrénie ou la bipolarité, les malades sont des personnes détachées de la réalité. Alors, «ramener quelque chose de l’ordre du surnaturel pourrait exagérer leur délire», met en garde Seghrouchni.
 
Par Mohamed Koné et Abir El Adnani

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