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Vidéo. Le président kabyle Ferhat Mehenni censuré sur CNews, l’Elysée pointée du doigt
Publié leUne première. CNews, chaîne de télévision française d’information nationale en continu a annulé, dimanche 2 octobre à la dernière minute, une rencontre programmée depuis une semaine avec le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste) Ferhat Mehenni.
Est-ce une censure visant les voix critiques du MAK ? En tous cas, même les journalistes de ladite chaîne française semblent être dans la confusion.
Le président du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, Ferhat Mehenni, devait être l’invité du JT du 20 H 30 de ce dimanche 2 octobre sur CNEWS, la chaîne d’information en continue appartenant au groupe Bolloré réputé très proche de l’Elysée.
🟣FACE À RIOUFOL À 20H @CNEWS
Orchestré par @OKeranflech
– Faut-il craindre le basculement populiste ?
– Allons-nous vers la guerre généralisée ? @ivanrioufol reçoit :📌@FerhatMhenni, Président du gouvernement provisoire Kabyle et réfugié en France
🗣@gabriellecluzel pic.twitter.com/GaQLHKrSvb
— CNEWS Les OFF (@CNEWSLesOFF) October 2, 2022
La chaîne de télévision CNews n’a pas donné d’explications à ce refus de dernière minute. Ferhat Mehenni, présenté «comme un réfugié politique et président du gouvernement provisoire kabyle » devait s’exprimer, selon les annonces précédant la diffusion de l’émission sur le « sort de la communauté kabyle, sa place en France et la question de l’islamisme».
A 20h25, Ferhat Mehenni attentait paisiblement, et venait tout juste d’être annoncé par le présentateur du JT sur l’antenne en tant qu’invité de la rédaction, en direct. Quelques instants après, et selon les médias français, un responsable de la chaîne CNEWS débarque en trombe dans la salle d’attente et annonce au président Ferhat Mehenni l’annulation de son passage sur CNews. Il informa également le journaliste Ivan Rioufol, chargé de mener l’interview et qui n’en revenait pas de l’inélégante ingérence dans la gestion de l’information.
Une vidéo filmée au moment même de cette annonce en coulisses témoigne d’ailleurs de cette scène choquante et apporte des éléments de réponse qui permettent de mieux comprendre une telle décision.
Chaque chaîne est libre de ses invitations. Mais comment @CNEWS peut-elle expliquer ce retournement, @ivanrioufol ? La parole de @FerhatMhenni doit être entendue. C’est une erreur que de vouloir occulter une voix sans concession à toute forme d’obscurantisme. https://t.co/69wGGICWsw
— Albert-Jean Mougin (@AJMougin) October 3, 2022
D’après les hypothèses, cette décision interviendrait avant le déplacement de la première ministre française Élisabeth Borne dans la capitale algérienne les 9 et 10 octobre. Yannick Bolloré, patron du groupe du même nom, qui détient la chaîne CNews, aurait déprogrammé cette interview en personne, après intervention d’Emmanuel Macron. Le président français aurait lui-même reçu un appel du président algérien Abdelmadjid Tebboune le menaçant d’annuler la visite de la première ministre française.
Je serai l’invité de la Chaîne de télévision #CNEWS ce soir à 20h face à Ivan Rioufol
— FERHAT MEHENNI (@FerhatMhenni) October 2, 2022
Le régime algérien ne veut accorder aucune concession à l’ancien colonisateur sans obtenir des réponses affirmatives à ses exigences. Pas de gaz si l’Hexagone refuse de se plier aux revendications de l’Algérie, surtout que le temps presse et que l’hiver arrive à grands pas.
En septembre, le journal français «Le Monde» avait retiré de son site une tribune sur la visite du président Emmanuel Macron en Algérie. Il a été la cible d’accusations de censure. «Retirer une tribune pour une citation de Macron qui lui déplaît ! Nouvelle étape dans l’affaissement d’une presse autrefois référence», avait ainsi tweeté le leader de La France insoumise, (LFI) Jean-Luc Mélenchon. Selon des sources concordantes, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a réclamé le retrait de la tribune.
«L’obsession du pouvoir algérien»
Ferhat Mehenni aurait dénoncé à maintes reprises «l’obsession» du pouvoir algérien à qualifier l’organisation pacifiste qu’il préside de «terroriste». «Depuis quelques mois, les autorités algériennes font tout pour nous salir, nous intimider», avait-il affirmé en 2021, dénonçant «l’obsession d’Alger à faire du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie) une organisation terroriste».
🔴la direction de la chaîne française #CNEWS annule à la dernière minute une intervention programmée avec #Ferhat_Mhenni
une vidéo des coulisses montre un journaliste de la chaîne expliquer ne rien comprendre aux raisons de cette annulation… pic.twitter.com/Mtet8p8xkk— Sacodo (@SeroHoussem) October 2, 2022
Rappelons que le fondateur et le président du MAK est refugié́ en France depuis deux décennies. Un mouvement qui deviendra en 2013, le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie qui admet le pacifisme comme le fondement essentiel de ses valeurs. En juin 2010, Ferhat Mehenni était devenu le président du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad), organe exécutif établi en exil et autoproclamé.
Depuis, il mène au niveau international le combat pour le droit du peuple kabyle à disposer de son destin dans l’optique d’obtenir un référendum d’autodétermination sous l’égide des instances onusiennes. En 2013, il est lauréat du Prix Gusi de la Paix pour sa «contribution significative au maintien de la paix dans le domaine des droits politiques».
En avril 2021, le MAK, considéré comme illégal en Algérie, avait été accusé sans aucune preuve par le pouvoir algérien de projeter des attentats contre les marches du mouvement prodémocratie du Hirak, avant de le classer comme «organisation terroriste», ainsi qu’un mouvement islamo-conservateur, Rachad, également basé à l’étranger, plus précisément à Londres.
D’ailleurs, Rabat plaide pour le droit des Kabyles à l’autodétermination. «Le peuple kabyle a subi trois colonisations : ottomane, puis française et maintenant algérienne», avait martelé le représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, l’ambassadeur Omar Hilale lors de la réunion du Comité des 24 de l’ONU, organisée du 11 au 13 mai en République de Sainte Lucie.