Ukraine: la voie diplomatique toujours envisageable

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Joe Biden et Boris Johnson à Carbis Bay, en Angleterre, le 10 juin 2021. (Photo AFP)

Les Occidentaux et Moscou ont évoqué lundi une chance d’issue diplomatique pour écarter le risque d’une guerre en Ukraine, les Etats-Unis estimant que Vladimir Poutine n’avait pas pris sa « décision finale » sur le déclenchement d’une invasion.

Dans un contexte de tensions accrues, Washington a toutefois tempéré cet espoir en affirmant que Moscou avait encore renforcé pendant le week-end ses capacités militaires aux frontières de l’Ukraine, où plus de 100.000 soldats sont massés depuis des semaines.

« Une action militaire pourrait intervenir n’importe quand », a dit le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Son homologue au département d’Etat, Ned Price, a lui souligné que les Etats-Unis ne constataient « aucun signe concret de désescalade » à la frontière russo-ukrainienne.

Face à l' »accélération spectaculaire » du déploiement de forces russes, les Etats-Unis ont décidé de déplacer leur ambassade en Ukraine de Kiev à Lviv, dans l’ouest du pays.

« Il reste une opportunité cruciale pour la diplomatie », ont toutefois souligné le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden qui se sont entretenus lundi par téléphone.

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Et les efforts pour sauver la situation continuent. Le chancelier allemand Olaf Scholz se rend à Moscou mardi, au lendemain d’un déplacement à Kiev.

Dans la capitale ukrainienne, M. Scholz a exhorté la Russie à saisir les « offres de dialogue » pour désamorcer la crise, tout en menaçant de prendre des mesures qui « auront des répercussions importantes » sur l’économie russe en cas d’attaque.

Lundi, Moscou a aussi jugé possible un règlement diplomatique de la crise russo-occidentale et annoncé la fin de certaines manœuvres militaires.

« Il y a toujours une chance », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, répondant à une question de Vladimir Poutine, selon des images diffusées à la télévision.

« Nos possibilités sont loin d’être épuisées », a poursuivi le ministre, proposant même de « prolonger et d’élargir » le dialogue, des remarques bien moins offensives que celles qui ont émané de Moscou ces dernières semaines. « Bien », lui a laconiquement répondu le président russe.

« Journée de l’unité »

Il n’y a « pas d’alternative à la diplomatie », a de son côté insisté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Des médias ont évoqué la date de mercredi comme jour potentiel d’une invasion russe. Une hypothèse qu’a semblé balayer le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avec une dose de sarcasme.

« On nous dit que le 16 février sera le jour de l’attaque. Nous allons en faire une journée de l’unité », a déclaré le chef de l’Etat dans une adresse à la nation, appelant les Ukrainiens à accrocher le drapeau national bleu et jaune ce jour-là.

Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé que « tous les éléments » étaient réunis pour une offensive militaire « forte » de la Russie. « Rien n’indique aujourd’hui » que le président Poutine ait pris une décision, a-t-il ajouté.

Mais, selon l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, son pays « n’envahira pas l’Ukraine sauf si on nous provoque ».

Fin de certains exercices

Comme pour donner l’impression d’un d’apaisement, le ministre russe de la Défense a également annoncé lundi la fin de certaines manœuvres militaires, alors que les exercices aux frontières russo-ukrainiennes et au Bélarus nourrissent les craintes d’une escalade.

« Des exercices ont lieu, une partie est terminée, une autre partie est en train de se terminer. D’autres se font encore étant donné (leur) taille », a dit Sergueï Choïgou à M. Poutine.

La Russie, qui a déjà annexé la Crimée en 2014 et soutient des séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, a constamment nié toute intention agressive.

Elle se dit à l’inverse menacée par l’expansion des moyens de l’Otan en Europe de l’Est et réclame des « garanties de sécurité », notamment l’assurance que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’Otan.

Au risque d’irriter le Kremlin, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réitéré lundi que Kiev voulait rejoindre l’Otan afin de « garantir sa sécurité ».

Les Occidentaux ont jugé les demandes russes inacceptables, mais ont proposé un dialogue accru sur d’autres sujets, comme la limitation des armements. Lundi, M. Lavrov a jugé « constructives » certaines des propositions américaines.

Tranchées creusées

En attendant d’hypothétiques progrès sur le front diplomatique, dans le sud-est de l’Ukraine, à proximité de la ligne de front avec des séparatistes prorusses, la population se mobilise dans la perspective d’une attaque. « Nous creusons des tranchées dans lesquelles les soldats ukrainiens pourront facilement sauter et se défendre », explique ainsi à l’AFP Mikhaïlo Anopa, 15 ans.

A Kiev, aucun signe de panique n’était visible. Mais Iouri Fedinski, un musicien de 46 ans, a choisi de quitter l’Est ukrainien pour les Etats-Unis avec sa femme enceinte et ses quatre enfants.

« Nous les emmenons apprendre l’anglais dans une école américaine (…), une alternative à ce que Poutine voudrait pour l’Ukraine », a-t-il dit à l’AFP à l’aéroport de Kiev.

Pour essayer d’éloigner la menace d’une invasion russe, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé lundi l’envoi d’armes et de munitions à l’Ukraine, tout en accordant un prêt de 500 millions de dollars canadiens (347 millions d’euros).

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