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Tunisie: l’ex-présidente d’une instance post révolution de 2011 arrêtée
Publié leSihem Bensedrine, l’ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité, instaurée après la Révolution de 2011 en Tunisie pour faire la lumière sur les violations des droits humains des années de dictature, a été arrêtée et écrouée, ont annoncé jeudi des médias tunisiens.
Mme Bensedrine, qui avait déjà interdiction de quitter le territoire, est poursuivie suite à une plainte d’un membre de l’IVD l’accusant d’avoir falsifié un rapport final de cette instance. Un juge d’instruction l’a entendue jeudi pour des soupçons de fraude et a décidé de la placer sous mandat de dépôt, selon la radio Mosaïque FM.
Créée en 2014, dans le sillage de la révolte ayant mis fin à la dictature en 2011, l’IVD a été chargée de répertorier les violations commises par des représentants de l’Etat entre 1955 et 2013, une période qui couvre la présidence de l’autocrate Habib Bourguiba (1957-1987), de son successeur Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), mais aussi les troubles post-révolutionnaires.
A la fin de son mandat en 2018, l’IVD a rédigé un volumineux rapport qui a été publié dans le Journal officiel en 2020.
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Au moment de l’interdiction de sortie du territoire prononcée en mars 2023 à son encontre, Mme Bensedrine avait indiqué à l’AFP faire l’objet depuis février 2021 d’une enquête judiciaire pour des soupçons de falsification de ce rapport.
Elle-même victime d’exactions sous l’ancien régime, Mme Bensedrine était soupçonnée d’avoir perçu un pot-de-vin pour ajouter au rapport un paragraphe accusant la Banque Franco-Tunisienne (BFT) de corruption, des soupçons qu’elle a rejetés.
Dans son rapport final, l’IVD, qui a auditionné près de 50.000 victimes présumées et transmis 173 dossiers à la justice, avait appelé à « démanteler un système de corruption, de répression et de dictature » persistant au sein des institutions de l’Etat.
L’interdiction de sortie contre Mme Bensedrine avait été prononcée peu après l’arrestation d’une vingtaine d’opposants, anciens ministres et hommes d’affaires à partir de février 2023. Qualifiés de « terroristes » par le président Kais Saied, ils sont encore détenus pour « complot contre la sûreté de l’Etat ».
Depuis un coup de force à l’été 2021 de M. Saied, qui est candidat à sa réélection lors de la présidentielle du 6 octobre, des ONG tunisiennes et internationales ont dénoncé une « dérive autoritaire » en Tunisie.