Tribune. Des territoires d’espoir pour réconcilier l’humain avec la nature

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Eric Falt est le Directeur régional de l’UNESCO pour le Maghreb.

Eric Falt est le Directeur régional de l’UNESCO pour le Maghreb et Représentant de l’UNESCO auprès de l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Il est basé à Rabat. Dans cette tribune, il nous interpelle sur les menaces qui pèsent sur notre environnement, ainsi que le rôle déterminant à jouer pour le Maghreb.

A travers le monde, notre environnement est menacé comme il ne l’a jamais été de toute l’histoire de l’humanité. Les pressions exercées sur la nature sont multiples et menacent l’existence de milliers d’espèces végétales et animales. Entre 1990 et 2020, la forêt a ainsi perdu 420 millions d’hectares et les populations d’animaux sauvages ont connu une baisse moyenne de 69% au cours des 50 dernières années. La dégradation des écosystèmes, la pénurie d’eau, le changement climatique et les effets de la pollution, notamment celle liée au plastique, sont de plus en plus alarmants.

Ces faits sont maintenant bien connus du grand public et il n’y a plus guère de climato-sceptiques et autres négationnistes qui osent dire le contraire. Ce qui manque cependant, notamment pour convaincre les plus jeunes de passer à l’action, est de montrer qu’il existe de nombreuses alternatives et que nous pouvons tous ensemble inverser la spirale infernale que nous avons enclenchée.

Beaucoup de programmes existent déjà pour offrir des solutions et des modèles tangibles. Depuis les années 70, l’UNESCO propose ainsi un label spécifique à des zones qui montrent qu’il est possible de réconcilier les êtres humains avec la nature, et d’y vivre de façon harmonieuse. Il s’agit des Réserves de Biosphère de l’UNESCO, qui sont maintenant 748 à travers le monde, dont 23 sites transfrontaliers, et qui constituent de véritables territoires d’espoir.

Ces sites sont répartis actuellement dans 134 pays. Ils aspirent à jouer un rôle pionnier dans la conservation de la biodiversité et dans le renforcement des communautés locales en tant que gardiens des ressources naturelles et partenaires du développement durable. Ils représentent des laboratoires vivants pour la recherche et l’éducation sur la restauration des écosystèmes, l’adaptation au changement climatique, et la gestion durable des ressources en eau et du paysage.

La région du Maghreb abrite pour sa part 50% des réserves de biosphère de la région arabe et les 18 Réserves de biosphère de l’UNESCO existantes sont réparties agréablement entre l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie. Elles occupent plus de 2.024.000 ha et sont parfaitement intégrées dans les paysages terrestres et marins de la région, présentant une variété d’écosystèmes résilients au changement climatique. Ces sites, où vivent des populations se voulant respectueuses de leur environnement, abritent des espèces végétales et animales résistantes à la sécheresse et offrent des solutions à la crise environnementale mondiale émergente.

De fait, le Maghreb se situe à l’intersection de différentes zones biogéographiques, ce qui signifie une richesse exceptionnelle non seulement en espèces et écosystèmes, mais aussi au niveau des dynamiques socio-économiques et culturelles. Les formations paysagères et la topographie de la région du Maghreb rassemblent tous les types de biodiversité, et sont propices au développement de modèles d’application d’une approche paysagère intégrée et de la restauration des écosystèmes.

Les dernières décennies ont vu le succès du fonctionnement et de la gestion de ces biosphères, notamment l’Arganeraie et le Cèdre de l’Atlas au Maroc, le Djurdjura et Gouraya en Algérie, et l’Ichkeul et Chambi en Tunisie. Al Shaafeen en Libye est le nouveau venu dans le groupe des réserves de biosphère du Maghreb.

Le mois dernier, les cinq pays de la région se sont engagés pour la nomination de nouvelles réserves de biosphère pendant un atelier de travail régional organisé par le bureau de l’UNESCO pour le Maghreb, sous le patronage du ministère de l’Environnement tunisien, et en coopération avec l’Organisation de la Ligue arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO). Les représentants de chaque pays ont présenté les réserves naturelles pour lesquels des dossiers de nomination sont en cours de préparation, afin de les soumettre prochainement au secrétariat de l’UNESCO.

Ensemble, les pays de la région auront bientôt l’occasion de présenter leurs approches respectives puisque, pour la première fois dans le monde arabe, le Conseil international de coordination du Programme de l’Homme et la Biosphère de l’UNESCO se réunira du 1er au 5 juillet prochain à Agadir. Cette conférence internationale est organisée en partenariat avec l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA).

De nature statutaire et convoquant plus de 250 personnes venues d’une soixantaine de pays, la conférence annoncera la désignation de nouvelles réserves de biosphère et présentera la contribution du programme de l’Homme et la biosphère dans le Cadre mondial Kunming-Montréal pour la biodiversité. Elle constituera une étape importante pour la région arabe dans son ensemble, et pour le Maghreb en particulier.

Il s’agira d’un moment opportun pour souligner l’impact positif des 18 Réserves de biosphère existant dans les cinq pays de la région et leur rôle fondamental pour insuffler de l’espoir dans la gestion de la crise environnementale que nous traversons. Car, oui, il est possible d’agir rapidement et de façon concrète pour la préservation de la nature et d’établir des voies bien conçues pour la conservation et la gestion de la biodiversité. C’est le message d’espoir porté par l’UNESCO et ses Réserves de biosphère.

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