Toxines dans les huîtres, moules, palourdes… de quoi doit-on se méfier?

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Les huitres et autres coquillages sont scrupuleusement analysés avant d'être commercialisés./Crédits: H24 Info

En l’espace de quelques semaines, plusieurs alertes ont été émises par le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, concernant des biotoxines marines dans des coquillages à des teneurs anormales. Plusieurs régions sont touchées, mais les marchés ne souffrent pas de pénurie. Quels coquillages sont touchés ? De quelles biotoxines parle-t-on ? Quels sont les risques ? Des experts répondent à H24 Info.

Le marché central de Casablanca est bondé même un mercredi 8 juin à 15h. On trouve sur les étalages tous types de coquillages: huîtres, palourdes, moules, couteaux… en provenance de Dakhla ou Oualidia pour la plupart.

Latifa travaille au marché central de Casablanca depuis 43 ans et vend exclusivement des coquillages. Elle dit ne pas être au courant des dernières alertes du ministère, dont la dernière en date remonte à il y a deux semaines et concerne la région d’Agadir. «Mais s’il y a une alerte, les coquillages ne sortent même pas de mer et n’arrivent même pas jusque chez nous», affirme-t-elle.

«Tous nos produits sont étiquetés et disposent d’un laissez-passer délivré par les inspecteurs», poursuit-elle. De plus, «les vétérinaires du marché effectuent plusieurs rondes quotidiennement et vérifient scrupuleusement les certificats de chaque cargaison», affirme Latifa, qui au-delà du côté légal, évoque également leur réputation au marché. «Nous sommes installés dans ce marché depuis des décennies, nous ne pouvons pas nous permettre de vendre une marchandise de mauvaise qualité», dit-elle.

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Une semaine avant la publication de l’alerte émise concernant Agadir, le ministère annonçait l’interdiction de la récolte et de la commercialisation de coquillages dans la région d’El Jadida après la détection de biotoxines. Une région reconnue pour la qualité de ces huitres et qui fournit tout le marché national.

Jacques Pinscloux est propriétaire des restaurants Ostréa et de deux parcs à huitres à Casablanca et Oualidia. Ce dernier explique à H24 Info que ces alertes sont fréquentes en période estivale. Pour le moment, «les alertes que nous avons reçues ne concernent que les moules. Les huitres sont cultivées dans la lagune, et les analyses ont prouvé qu’il n’y a pas de toxine dans la lagune», souligne notre interlocuteur.

«Les moules filtrent beaucoup plus d’eau que les huitres. Lorsqu’on reçoit ce type d’alerte, nous ne sortons pas nos produits de mer, car de toute façon ils ne nous certifieront pas nos produits tant que cette menace n’a pas été éradiquée. Des fois les palourdes peuvent être touchées par les moules et vice-versa, mais pas les huitres étant donné qu’elles ne sont pas dans les mêmes zones», explique Jacques Pinscloux.

Lire aussi: El Jadida: huîtres et coquillages interdits, risque d’intoxication

Une fois pêchés, ces produits sont stockés et nettoyés dans des bassins avant d’être commercialisés. «Selon leur classification, ces coquillages peuvent être commercialisés sur-le-champ ou bien stockés pendant 24 heures le temps de les laisser dégorger», explique notre interlocuteur.

Des effets secondaires parfois dévastateurs

Les communiqués du ministère, se basant sur les analyses effectuées par l’Institut national de recherche halieutique (INRH), ne spécifie ni le coquillage ni la biotoxine en question. Samir Benbrahim, chef du département salubrité du milieu marin au sein de l’INRH nous explique que les alertes sont rédigées par le ministère sur la base de leur travail de surveillance, tandis que l’ONSSA se charge de bloquer tous les laissez-passer, qui sont impératifs pour la commercialisation de ces produits. Ces alertes donc sont destinées aux professionnels et non au grand public, précise-t-il.

Au niveau national, 35 zones sont classées et surveillées. D’ailleurs, ce travail est exigé au niveau international, souligne Samir Benbrahim, notant que «des analyses sont effectuées hebdomadairement sur toutes les zones surveillées afin de détecter cette toxicité et contrôler rigoureusement la qualité de ces produits dans leur milieu et éviter les risques de contaminations des consommateurs».

Mais alors qu’est-ce qu’une biotoxine ? Les biotoxines sont des substances toxiques qui se trouvent dans certaines micro-algues. Les coquillages sont des êtres filtreurs. Ils filtrent de l’eau de mer et en la filtrant ils accumulent ces micro-algues. Et donc automatiquement ces toxines sont accumulées dans la chaire de ces mollusques, simplifie le chercheur au sein de l’INRH.

«Actuellement il y a trois groupes de biotoxines réglementées ; les toxines lipophiles qui causent des diarrhées, les toxines paralysantes qui à forte dose, peuvent comme leur nom l’indique provoquer une paralysie et les toxines amnésiantes qui sont les plus dangereuses et graves», poursuit-il.

Lire aussi: Agadir: des biotoxines détectées dans les coquillages de Tamri-Cap Ghir

L’apparition de ces biotoxines se produit souvent durant le printemps et l’été. Il s’agit d’un phénomène naturel, mais qui peut être accentué par une pollution anthropique», c’est-à-dire causée par l’homme, explique le chercheur. «Certains rejets contiennent des éléments nutritifs ou des dérivés tels que l’azote ou le phosphore qui enrichissent le milieu marin. On parle notamment des rejets domestiques. Cet enrichissement du milieu n’est pas souhaité et provoque par conséquent l’apparition de ces biotoxines», nous confie-t-il.

Il est donc possible de prévenir une partie de la prolifération de ces biotoxines. Une stratégie nationale de surveillance des contaminants chimiques et biologiques est néanmoins assurée tout au long de l’année, indique Samir Benbrahim.

«Que des alertes soient émises ou pas, le consommateur doit toujours vérifier ces produits qui disposent tous d’un laissez-passer et d’une étiquette comportant une date d’expiration. Le consommateur a le droit et devrait exiger au vendeur ces informations-là», souligne le chercheur, qui conseille également de toujours de se diriger vers les grandes surfaces et les marchés réglementés».

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