Une simple prise de sang pour jauger l'efficacité d'un traitement contre le cancer ou encore…
Tayeb Hamdi: “Le plus important dans la prise en charge du cancer est la prévention”
Publié leC’est une maladie qu’une personne sur cinq risque de développer au cours de sa vie. Il y a deux ans seulement, le cancer a enregistré 20 millions nouveaux cas dans le monde, un chiffre qui pourrait bien avoisiner les 35 millions d’ici 2050, selon l’OMS.
En se basant sur les dernières données épidémiologiques, le cancer au Maroc enregistre annuellement plus de 50.00, contre 30.000 cas en 2004. Devenant ainsi, la deuxième cause de mortalité des Marocains. La forme la plus répandue chez les hommes est celle des poumons et le cancer du sein chez les femmes, âgées de 35 à 40 ans.
Le docteur Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, explique que ces chiffres témoignent “d’un mode de vie malsain et du vieillissement de la population, mais ils sont aussi synonymes d’un meilleur accès aux examens de dépistage et au diagnostic du cancer”, se réjouissant que le mérite revient à l’adoption du plan national de lutte contre le cancer.
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Le cancer est une modification dans l’ADN des cellules, cette mutation perturbe le fonctionnement de cette dernière. Résultat, la cellule en question ne meurt pas à la fin de son cycle de vie, mais se multiplie très rapidement sans s’arrêter. Il faut noter que cet amas de cellules est appelé “une tumeur”, et peut-être soit bénigne, soit maligne. Les tumeurs bénignes sont localisées et n’envahissent pas les autres organes, contrairement aux tumeurs malignes qui peuvent entraîner des cancers métastatiques qui sont difficiles à traiter.
L’activité humaine serait aussi parmi les origines du cancer?
Le cancer peut être causé par divers facteurs. Ceux qui reviennent le plus souvent sont: la sédentarité, la mauvaise alimentation, le surpoids, le tabac, l’alcool et le stress. Néanmoins, même si ces facteurs peuvent être facilement évitables. Certains éléments appelés perturbateurs endocriniens sont difficiles à remplacer puisqu’ils font partie de notre quotidien en permanence.
Sur le site de l’institut national du cancer, on donne l’exemple des vêtements synthétiques contenant des produits chimiques toxiques comme les PFCs (imperméabilisation), le formaldéhyde (anti-froissement). Les emballages alimentaires en plastique sont capables de libérer des substances comme le BPA, les phtalates et les PFAS, tous liés à des cancers et à des perturbations hormonales. Même les ustensiles de cuisine tels que le Téflon, l’aluminium et le plastique libèrent des toxines lorsqu’ils sont soumis à une haute température. La nourriture peut être aussi dangereuse pour l’humain si elle contient des pesticides, des additifs et des métaux lourds comme le mercure. En plus des médicaments qui peuvent contenir des excipients, des métaux lourds nuisibles ou susceptibles de provoquer des dérèglements hormonaux.
Parmi les facteurs soulevés dans l’apparition de la maladie, Tayeb Hamdi pointe la pollution de l’air, expliquant comment les particules fines présentes dans l’atmosphère peuvent pénétrer l’organisme et déclencher des cancers. Il met en garde également contre la pollution intérieure, émise dans nos maisons à cause des appareils électroménagers non conformes aux réglementations environnementales.
“Cette forme de pollution est plus grave que la pollution extérieure”, souligne le spécialiste puisqu’elle peut entraîner la mort pour les plus fragiles en plus du cancer et d’autres maladies graves. Il préconise d’ouvrir les fenêtres 15 à 20 minutes par jour.
Il vaut mieux être diagnostiqué au stade précoce de la maladie
Dans le cas d’un dépistage qui mène à la découverte d’un cancer chez le patient. Il existe de nombreux traitements qui peuvent limiter les dégâts de la maladie, voire la guérir:
— La chirurgie consiste à retirer la tumeur, souvent utilisée pour les cancers localisés. Elle est très efficace à un stade précoce, mais ne convient pas aux cancers métastatiques ou inaccessibles, notamment celle du cerveau.
— La radiothérapie utilise les rayons X pour tuer les cellules cancéreuses. Elle est efficace pour les tumeurs localisées, mais vise aussi les cellules saines, chose qui cause des effets secondaires, comme des nausées et des vomissements.
— La chimiothérapie est un traitement médicamenteux qui tue les cellules cancéreuses dans tout le corps. Les médicaments sont efficaces pour les cancers disséminés, mais, comme pour la radiothérapie, elle cause de graves effets secondaires, puisqu’elle touche aussi les cellules saines.
— L’immunothérapie sert à stimuler le système immunitaire pour attaquer le cancer. Cette forme de traitement est très efficace contre certains cancers difficiles, mais ne fonctionne pas toujours comme prévu à cause d’une réaction auto-immune.
— Comme la chimiothérapie, la thérapie ciblée est un traitement qui cible les anomalies spécifiques des cellules cancéreuses. Elle reste très efficace pour lutter contre les tumeurs malignes, sauf si le cancer développe une résistance aux médicaments.
— L’hormonothérapie consiste à bloquer les hormones qui stimulent certains cancers, notamment ceux du sein et de la prostate. Elle entraîne divers effets indésirables dus au dérèglement hormonal.
— La greffe de cellules souches est souvent utilisée dans le cas des cancers du sang, elle permet de régénérer la moelle osseuse après une chimiothérapie intense. Toutefois ce traitement est risqué à cause du nombre de complications possibles.
— La thérapie combinée est utilisée dans des cas de cancers avancés, elle peut associer plusieurs traitements tel que la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Cette approche permet d’améliorer les chances de guérison.
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Au Maroc, le cancer représente plus du quart des dépenses de l’Etat, sachant qu’il y a des médicaments qui ne sont pas remboursables par l a CNSS. Dans ce contexte, Tayeb Hamdi, insiste sur “la prévention, puisque les diagnostics qui se font avant le stade final de la maladie donnent de meilleurs résultats, en plus d’être moins coûteux”. Il énumère de ce fait plusieurs vaccins qui préviennent certains cancers, notamment celui contre le HPV et l’hépatite B.
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Dans son objectif de lutter et de prévenir le cancer, le ministère de la Santé et de la protection sociale a mis en place le plan national de prévention et de contrôle du cancer 2020-2029. Ce programme met en œuvre diverses approches qui permettent de lutter contre la maladie chez ceux qui en sont déjà atteints, et la prévenir auprès de ceux qui ne le sont pas, sans oublier les plus jeunes. Et ce, grâce à des campagnes de sensibilisation aux dangers de la cigarette et de l’alcool. L’encouragement de la population à risque au dépistage précoce du cancer de manière régulière. Ou encore, l’élaboration d’une ligne directe pour sensibiliser et éduquer la population exposée aux substances cancérigènes et aux risques environnementaux.