Syrie: un temple vieux de 3000 ans détruit par les raids aériens turcs

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Capture d’écran de Youtube: Enourmous Footprints at Ain Dara Temple Ruins Remind of a Long Forgotten Race of Giants

La direction générale des antiquités et musées du pays a confirmé «la destruction du temple de Aïn Dara, l’un des édifices archéologiques les plus importants construits par les Araméens en Syrie» dimanche. Un expert archéologique déplore une «catastrophe» similaire aux ravages causés à Palmyre et s’inquiète pour le reste du patrimoine syrien.

Dévasté depuis 2011 par la guerre, le pays voit le nord de ses terres se transformer en champs de bataille d’un conflit qui oppose l’armée turque aux forces kurdes. Le temple d’Aïn Dara, qui date de «l’ère araméenne» (environ 1.300-700 avant J.-C.), se trouve dans l’enclave d’Afrine. Il est la cible depuis plus d’une semaine d’une offensive turque.
«L’ampleur des destructions est de 60%», estime le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Le site de 50 hectares, découvert en 1982, est célèbre pour ses «lions en basalte, imposants et exceptionnels, et des fresques sculptées dans la pierre», indique l’ancien directeur général des Antiquités et Musées de Syrie, Maamoun Abdelkarim. «Trois mille ans de civilisation, détruits en une frappe aérienne», déplore l’expert contacté par l’AFP.
Dans ce tweet d’un journaliste spécialiste du Moyen-Orient, on peut voir l’état du temple après la frappe aérienne de vendredi.

Condamnant «les attaques turques contre les sites archéologiques d’Afrine», la direction générale des antiquités et musées a confirmé dans un communiqué sur son site Internet «la destruction du temple de Aïn Dara, l’un des édifices archéologiques les plus importants construits par les Araméens en Syrie».
En Syrie ravagée depuis 2011 par une guerre meurtrière, Ankara a lancé le 20 janvier une opération militaire appuyée par les membres de l’Armée syrienne libre (ASL). L’objectif: chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) de la région d’Afrine, située à la frontière.
M. Abdelkarim n’hésite pas à comparer la destruction du temple d’Aïn Dara aux ravages infligés en 2015 par le groupe djihadiste État islamique (EI) à la ville de Palmyre, site antique de plus de 2000 ans inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Les jihadistes avaient notamment détruit à coups d’explosifs le temple de Bêl. «La destruction du temple de Aïn Dara, c’est le même niveau d’atrocité que le temple de Bêl», déplore M. Abdelkarim, précisant que le premier a été érigé huit siècles avant le second.
L’ancien directeur s’inquiète des combats provoqués par l’offensive turque dans le secteur de Jabal Samaan, où se trouvent des villages antiques datant du début du christianisme inscrits en 2013 sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’Unesco. «Ces villages, qui datent du Ier au VIIe siècles, offrent un paysage et des vestiges particulièrement bien conservés: maisons d’habitation, temples païens, églises, citernes collectives, thermes», selon le site Internet de l’Unesco.
«Nous attendons jour après jour ce qui va se passer dans Jabal Samaan, qui s’est transformé en champ de bataille», déplore M. Abdelkarim.

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