En grave difficulté, les clubs de football marocains au bord de la faillite

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Les seizièmes de finales de la Coupe du Trône promettent des duels palpitants. DR

Les équipes marocaines de football évoluant en première et deuxième division traversent l’une des pires crises financières de leur histoire. De plus en plus de clubs ne parviennent  plus à s’acquitter de leurs dettes.

«La situation est dramatiquement chaotique», soupire un responsable d’un club de football, dont la situation financière s’est considérablement dégradée. Salaires et primes des joueurs, dépenses de fonctionnement ou encore les frais de déplacement et concentration, l’homme avoue ne pas savoir comment le club fait-il pour survivre.

Presque toutes les équipes du championnat du Maroc sont actuellement en train de vivre l’une des crises les plus graves de leur histoire. En effet, les caisses sont vides. Si les problèmes de trésorerie de ces clubs de foot ne datent pas d’aujourd’hui, le Covid a amplifié leurs difficultés.

Avec un sacre africain et une victoire en compétition arabe, le Raja a terminé l’année avec une perte de 42 millions de DH. Pourtant les Verts avaient empoché un chèque de 1,25 million de dollars en Coupe de la CAF et décroché le jackpot de 6 millions de dollars pour avoir gagné le trophée Mohammed VI. Des gains qui ont permis d’éponger les dettes du club et assainir sa trésorerie.

Après un mercato marqué par neuf recrutements, le Raja vient d’annoncer la mise en vente de billets virtuels. Les supporters pourront s’ils le veulent contribuer aux finances du club. C’est dire à quel point la situation semble difficile.

L’autre club casablancais, le Wydad, s’est même vu interdire par la Fédération royale marocaine de football (FRMF) de recruter de nouveaux joueurs tant que le club ne se serait pas acquitté de ses dettes. Le WAC doit d’abord payer pas moins de 9 millions de dirhams à des anciens joueurs comme le Libérien William Jebor, l’Argentin Alejandro Quintana ou encore l’Ougandais Joel Madondo. Le club a finalement saisi le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), gagnant ainsi un peu de temps.

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Si des grands clubs comme le WAC et le Raja peinent à s’en sortir, les autres sont au bout du gouffre. À Marrakech, c’est un véritable mélodrame qui se joue au Kawkab. Le club qui évolue actuellement en deuxième division doit s’acquitter d’une ardoise de pas moins de 20 millions de dirhams. Sanctionné par la FIFA, le KACM voit ses meilleurs éléments partir les uns après les autres.  La dernière défection en date est celle de son milieu offensif Mehdi Ahlane qui, faute d’être payé, a préféré quitter le navire.

La situation est tellement désastreuse que pas moins d’une cinquantaine de joueurs appartenant à des équipes de première et de deuxième division ont décidé, tout comme lui, de rompre leurs contrats. Des « démissions » qui ont été toutes validées par la commission des litiges de la fédération marocaine.

Si certains ont pu obtenir des sursis d’autres verront bientôt leurs effectifs réduits. C’est le cas de l’Olympique de Khouribga, de l’Olympic de Safi ou encore du Difaâ Hassani El Jadidi. Ces trois clubs bénéficiaient, il n’y a pas si longtemps, du soutien de l’Office chérifien des phosphates (OCP). Le retrait de l’office qui a changé sa stratégie  de sponsoring dans le football, a laissé un grand vide. «Nous sommes carrément au bord de la faillite», commente l’un des dirigeants. Le Difâa doit payer d’urgence la somme de 1.500.000 DH. L’OCS, lui, a tenté de sauver son équipe en décembre 2021 en versant les primes des joueurs et quelques salaires en retard. Mais en vain.

En plus de l’OCS et du KACM, il y a le Moghreb de Tétouan, l’Ittihad de Tanger, le club de Sidi Kacem ou encore Chabab Al Hoceima qui peine à s’en sortir. Le Mouloudia d’Oujda, lui, a dû céder un foncier afin d’honorer ses engagements. Malgré tout, les comptes du club de l’Oriental sont toujours dans le rouge. Il y a une semaine, plusieurs joueurs titulaires de l’équipe Oujdie ont saisi le comité de litiges réclamant le paiement de leurs salaires.

Négociations

La  dégradation de la situation financière des clubs de football s’explique par trois facteurs principaux. Il y a évidement la chute des recettes de billetterie du fait de la fermeture des stades au public. Puis, il y a la diminution des recettes liées à la commercialisation de produits dérivés. Et pour certains clubs, les recettes liées aux droits de retransmission télévisuelle ont connu une légère baisse.

Depuis le début du championnat, l’agitation était montée d’un cran au sein des bureaux dirigeants du championnat pro. Plusieurs réunions entre les responsables du foot et le gens du ministère de l’intérieur ont eu lieu, entre octobre et novembre 2021, afin de préparer un plan à court terme permettant de limiter les dégâts sportivement et économiquement.

Jauge, protocole sanitaire, pass vaccinal…, ces réunions devaient permettre la réouverture des stades au public. Finalement, il y a eu plus de divergences que de convergences. D’autres rounds de négociation étaient prévus, puis renvoyés aux calendes grecques. «La réouverture des gradins ne résoudra pas tous les problèmes», reconnaît un responsable de club. «Il nous faut un plan de sauvetage rien que pour sortir la tête de l’eau», renchéri-t-il. On estime aujourd’hui les pertes du foot marocain causées par la crise liée au Covid à pas moins de 800 millions de dirhams rien qu’entre billetterie et sponsoring.

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