La Copa America trouve refuge au Brésil, le doute plane toujours

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Après plus de deux ans de péripéties, rebondissements et incertitudes, la Copa America a finalement trouvé refuge au Brésil. Le géant sud-américain a été annoncé hôte de la plus ancienne coupe des nations au monde suite au désistement de la Colombie, puis de l’Argentine, en raison de la situation épidémiologique liée au coronavirus.

Mais, le Brésil est-il plus sûr que les deux voisins ? Le pays de plus de 212 millions d’habitants est l’un des plus touchés par la pandémie avec près d’un demi-million de décès et plus de 16 millions de cas positifs, sans parler du spectre d’une troisième vague qui plane, surtout avec l’apparition du variant indien au nord-est du pays.

Le pays à grande tradition footballistique, où toutes les compétitions nationales n’ont connu aucune véritable suspension depuis l’éclatement de la pandémie, aura sauvé la face à la Conmebol. La Confédération sud-américaine qui a tenté jusqu’au bout de sauver cette 47è édition, reportée l’année dernière pour les mêmes raisons: les risques liés au coronavirus.

Dans un communiqué plutôt jubilatoire, la Conmebol annonçait lundi matin que la Copa América se jouera au Brésil. « Le Brésil accueillera CopaAmerica 2021! Le meilleur football du monde apportera joie et passion à des millions de Sud-Américains. Conmebol remercie le président Jair Bolsonaro et son équipe, ainsi que la Confédération brésilienne de football », lit-on dans un tweet de l’instance dirigeante du football sud-américain.

La Conmebol a remercié les autorités brésiliennes « pour avoir ouvert les portes de ce pays à ce qui est aujourd’hui l’événement sportif le plus sûr au monde. L’Amérique du Sud brillera au Brésil avec toutes ses étoiles! ».

Dans la première réaction du gouvernement à cette annonce, le vice-président, Hamilton Mourao a anticipé les critiques sur ce choix. « La Copa América au Brésil présente « moins de risque » qu’en Argentine en raison de l’immensité du territoire », a-t-il rassuré, faisant valoir que « l’avantage, c’est la taille de notre pays et le nombre de stades qui permettent de répartir les matches sur tout le territoire ».

Au Brésil, qui a connu le weekend dernier des manifestations d’envergure contre le gouvernement et contre sa gestion de la pandémie, des protestations similaires à celles qui ont poussé la Colombie au désistement, les propos du vice-président ne font pas l’unanimité.

L’opération sauvetage de Copa America s’avère ainsi à haut risque pour le gouvernement du président Jair Bolsonaro, qui aspire briguer un nouveau mandat l’an prochain. Des ambitions compromises par les critiques contre la gestion de la pandémie, qui fait l’objet d’une enquête parlementaire en cours, mais surtout par le retour en force sur la scène politique de l’ancien président Lula Da Silva, donné favori aux prochaines présidentielles par les sondages d’opinion.

Justement, le parti du leader de la gauche, le Parti des Travailleurs n’a pas tardé à réagir, rejetant cette décision. « Nous avons appris que Bolsonaro a autorisé la tenue de la Coupe ici au Brésil ! c’est grave ? En pleine pandémie, l’arrivée de la troisième vague, risque à cause du manque de lits et de fournitures et avec une vaccination lente ? Incroyable ! », a martelé la présidente du PT, Gleisi Hoffmann. Une position partagée par le chef du Parti démocrate travailliste (PDT), Ciro Gomes qui a appelé la commission d’enquête sur la gestion de la pandémie à convoquer le président de la confédération brésilienne, entre autres autorités sportives, pour s’expliquer.

D’autres députés ont affirmé leur intention de saisir la justice pour interdire l’organisation au Brésil de la coupe continentale. Si la justice venait à décider l’interdiction, ce sera la deuxième fois que le Brésil se désiste d’organiser Copa América, puisqu’il avait choisi en 1918, de reporter le championnat sud-américain (ancienne appellation) en raison de la « grippe espagnole ».

 

Lire aussi: Le Brésil abrite la Copa América après le désistement de l’Argentine et de la Colombie

Chez les gouvernements locaux, que la Cour suprême avait autonomisé dans l’instauration des mesures restrictives contre le coronavirus après de longues divergences avec l’Exécutif central, les positions étaient nuancées, voire parfois contradictoires.

Au Sud-est, dans l’Etat de São Paulo (47 millions d’habitants), le plus endeuillé par covid-19, le gouvernement régional a dit qu’il n’était pas opposé à l’accueil de matchs de la Copa America tant que ses protocoles sont respectés. Le gouverneur Joao Doria a néanmoins affirmé que la priorité « est de sauver des vies ».

Par ailleurs, si le gouverneur du District Fédéral a dit « n’avoir rien contre la Copa America », le gouvernement de Pernambouco s’est dressé contre et mis son veto aux matchs dans cet Etat du nord-est.

Les médias locaux, qui ont sondé des experts, ont souligné que « ce n’était pas le moment » vu les risques qu’il implique l’augmentation des déplacements à l’intérieur du pays, l’importation de nouvelles souches et la hausse du taux de contagion.

Après cette vague de critiques, le ministre de la Présidence du Brésil, Luiz Eduardo Ramos est venu dans la soirée prolonger le doute sur la tenue du tournoi, en faisant savoir que le gouvernement négocie toujours avec la Conmebol, tout en laissant entendre que le gouvernement est favorable à l’organisation de cette manifestation sportive au Brésil.

Le ministre a évoqué une série de conditions pour abriter l’événement, telles que la vaccination de toutes les équipes et la limitation du nombre des membres des délégations, rappelant que d’autre événements, comme le championnat national, la Copa Libertadores et la Sudamerican n’ont pas été interrompus malgré la pandémie.

Reste à savoir si la passion mythique des Brésiliens pour le ballon rond l’emportera sur les frayeurs qu’a déclenchées l’annonce de la Conmebol dans les sphères sociales et politiques.

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