Buffon, l’infranchissable muraille turinoise

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Le légendaire portier transalpin, qui frôle les 40 ans, a dépassé les 600 matches sous le même maillot bianconero. Il illustre la noblesse, la compétitivité et la solidité de la Vieille Dame.

Comme le marbre de Carrare, la ville de Toscane qui l’a vu naître en 1978, Gianluigi Buffon est indestructible. Inoxydable. À bientôt 40 ans (en janvier prochain), le solide gardien italien (1,91 m, 94 kg) n’en finit plus de repousser les limites. D’effacer les records. Et d’écrire l’histoire du football. En mars dernier, il a célébré contre l’Albanie (2-0) son millième match en carrière, le 168e en sélection (un de plus qu’Iker Casillas avec l’Espagne). L’an prochain, il pourrait devenir en Russie le premier joueur à participer à six Coupes du monde.
«Je ne me sens pas vieux, dit pourtant “Gigi”. Prendrai-je ma retraite dans dix ou quinze ans ? Qui sait… Je raccrocherai peut-être les crampons à 65 ans !» Le secret de sa longévité  ? «J’ai essayé de faire mon travail, de m’entraîner dur et de ne jamais me concentrer sur autre chose que de protéger mon but», répondait avant l’Euro 2016 l’héritier de Dino Zoff, champion du monde à 40 ans avec la Squadra Azzurra en 1982.
À une époque où les carrières se font et se défont en une respiration, où les joueurs changent de maillot comme de chemise, Buffon est aussi un exemple de fidélité (il n’a connu que deux clubs : Parme et la Juventus). D’humilité. «Je n’ai pas souvent perdu au cours de ma carrière, mais ces défaites m’ont beaucoup appris, plus que les victoires, aime-t-il répéter. Dès que je perds, je me concentre sur mes erreurs et les qualités de mes adversaires. Il ne faut surtout pas se chercher d’excuses.»

Son palmarès, riche de 19 titres (dont une Coupe du monde, une Coupe de l’UEFA, sept titres de champion d’Italie… mais pas de Ligue des champions malgré deux finales), pourrait lui permettre de rouler les mécaniques façon Zlatan Ibrahimovic. Mais ce n’est pas le style de ce fils de sportifs (son père, haltérophile, a participé aux JO ; sa mère était lanceuse de disque), aussi respecté pour son attitude chevaleresque que pour ses performances. L’an passé, avant un match amical contre la France à Bari (1-3), il avait par exemple fait taire les sifflets de la foule en applaudissant l’hymne tricolore. «Il dégage un charisme incroyable», admire Elie Baup.

Ancien gardien, le consultant de beIN Sports avait croisé la route de Buffon en quarts de finale de la Coupe UEFA 1998-1999 lorsqu’il entraînait Bordeaux (2-1, 0-6). Il se souvient d’un joueur déjà hors norme : «Par son gabarit, son autorité, il en imposait. Il ne faisait aucune faute technique, ni de placement. C’était déjà un très grand gardien. Quand on pense que c’était il y a dix-huit ans, c’est fou !»

Comme de se dire qu’au moment de la naissance de Kylian Mbappé, en décembre 1998, Buffon comptait déjà plus de cent matchs en pro et venait de disputer la Coupe du monde en France. Mercredi, l’un symbolisera l’expérience et la solidité de la Juve (meilleure défense de C1 avec deux buts encaissés), l’autre la jeunesse et la fougue monégasques. Pour un choc des générations qui fait saliver. «D’après ce que j’ai pu voir, Mbappé a un talent incroyable, pose Buffon. En plus, ça a l’air d’être un bon gars, avec la tête sur les épaules. Cela va beaucoup l’aider dans sa carrière qui s’annonce brillante.» En la matière, l’inaltérable portier de la Vieille Dame s’y connaît…

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