Sept mois après, Weinstein prêt à se livrer à la justice à New York

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Sept mois après les premières accusations d’abus sexuels contre lui, le producteur de cinéma Harvey Weinstein va se livrer à la justice vendredi à New York, selon plusieurs médias américains.
Ce n’est pas encore confirmé mais cette déclaration sonne comme une bombe aux Etats-Unis. Ni la police, ni le procureur de Manhattan n’ont dans l’immédiat confirmé ces informations mais l’avocat de M. Weinstein, Ben Brafman qui avait défendu Dominique Strauss-Kahn dans l’affaire du Sofitel en 2011, a lui décliné tout commentaire.
Depuis les premières révélations contre M. Weinstein à l’automne dernier, plus d’une centaine de femmes, dont des actrices comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rose McGowan, ont affirmé qu’il avait abusé d’elles sexuellement. Des accusations qui vont du harcèlement au viol. Ce scandale révélé par le New York Times et le New Yorker a été récompensés par le prix Pulitzer.
Le producteur, longtemps vénéré pour avoir promu un cinéma original incarné par des réalisateurs comme Quentin Tarantino, avait usé de son pouvoir pour contraindre de jeunes actrices, ou aspirantes actrices, à céder à ses fantasmes sexuels, se faisant parfois aider par ses employés et achetant le silence de ses victimes via des accords de confidentialité. En l’absence de confirmation officielle, on ignore pour l’instant pour quelle(s) accusation(s) M. Weinstein pourrait être inculpé vendredi.
Depuis novembre, la police new-yorkaise affirmait tenir au moins «un vrai dossier» contre Harvey Weinstein, 66 ans, qui fait également l’objet d’enquêtes sur des agressions présumées qui se seraient déroulées à Los Angeles et Londres.  Mais si de nombreuses plaintes contre M. Weinstein ont été déposées au civil ces derniers mois, à New York et Los Angeles, son inculpation probable vendredi serait la première contre le producteur multi-oscarisé, exclu de l’Académie des oscars suite à ces accusations.
Coup de tonnerre
Depuis mars, la pression sur le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, ne cessait de monter. Cet élu, qui avait été très critiqué après avoir jeté l’éponge face à Strauss-Kahn, était accusé de reculer devant une bataille judiciaire difficile, tant ce genre d’accusations est souvent délicat à prouver. Il était notamment reproché au procureur de ne pas avoir poursuivi Weinstein dès 2015, lorsqu’une mannequin italienne, Ambra Battilana Gutierrez, s’était rendue à la police avec un enregistrement incriminant pour le producteur.
Les procureurs américains hésitent souvent à inculper faute de preuves matérielles du non-consentement de la victime présumée. Ils craignent que la défense ne détruise la crédibilité de l’accusatrice, comme l’a encore montré la saga judiciaire contre l’ex-légende de la télévision américaine Bill Cosby, jugé coupable d’agression sexuelle à l’issue d’un deuxième procès fin avril.
Pressé par le mouvement « Time’s Up », fondé pour aider les victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles au travail, le procureur de l’État de New York, Eric Schneiderman, avait en mars annoncé lancer «un examen complet, juste et indépendant» des raisons pour lesquelles Vance n’avait jusqu’ici pas inculpé le producteur oscarisé.
L’affaire Weinstein a eu l’effet d’un coup de tonnerre et déclenché le puissant mouvement #MeToo, qui a fait chuter des dizaines d’hommes de pouvoir américains dans de nombreux secteurs, à commencer par le cinéma, les médias, mais aussi la mode, la musique ou la gastronomie. La femme de M. Weinstein, Georgina Chapman, une Britannique qui a co-fondé la maison de mode Marchesa et avec laquelle il a eu deux enfants, l’a quitté dès les premières révélations. Leur divorce est censé être imminent.

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