Sensibilisation: le prêche de ce vendredi portera sur l’économie de l’eau

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Prêche
Ce n’est pas la première fois que le Maroc sensibilise ses citoyens par le biais de la « Khotba » du vendredi. /DR

Les fidèles auront droit cette semaine à un autre prêche unifié. Dans une circulaire adressée aux délégués régionaux, le ministère des Habous et des affaires islamiques indique que le prêche de ce vendredi 24 juin 2022 sera unifié et portera sur l’économie de l’eau.

La situation au Maroc est symptomatique d’une pénurie d’eau en passe de devenir une urgence mondiale. C’est d’ailleurs pour cette raison que sensibiliser les gens par différents moyens n’est plus une option, mais une urgence.

«J’ai l’honneur de vous présenter en document joint de la circulaire, le prêche unifié de ce vendredi et vous prie de communiquer les deux documents en toute urgence à tous les prêcheurs des mosquées du Royaume», explique dans une circulaire datée du 21 juin 2022, Ahmed Taoufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques.

Une problématique mondiale

Si la question de l’eau préoccupe la communauté internationale à plusieurs égards, aujourd’hui, sa raréfaction et la dégradation des ressources en eau constituent une contrainte majeure à l’échelle mondiale et inquiète davantage de pays.

Le stress hydrique est l’état dans lequel se trouve une région lorsque sa demande en eau dépasse ses ressources disponibles. On estime qu’une région est en stress hydrique lorsqu’elle passe sous la barre symbolique des 1.000 mètres cubes d’eau douce par habitant sur une période d’un an.

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Sans surprise aucune, le Maroc n’échappe pas à cette évolution. Son climat semi-aride l’a rendu dépendant des aléas climatiques, caractérisés par une alternance des années humides et d’autres plus sèches.

Selon le World Resources Institute (WRI), le Maroc atteindra un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040. L’ONU, quant à elle, dit que le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec seulement 500 mètres cubes d’eau douce par habitant et par an, contre 2 500 mètres cubes en 1960.

Régulièrement touché par la sécheresse, le Royaume a depuis longtemps pris conscience de cette problématique et a entrepris au cours des dernières décennies une politique ambitieuse en matière de barrages. Les investissements réalisés, qui ont permis jusqu’à présent de répondre à la majorité des besoins en eau potable et en irrigation, semblent atteindre bientôt leur limite.

C’est pourquoi le pays a récemment lancé un nouveau plan national de l’eau 2020-2050 qui met notamment l’accent sur la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles telles que le dessalement d’eau de mer, une technologie qui offre un réel espoir pour les zones côtières les plus arides.

Et alors que la demande en eau urbaine devrait augmenter de 60% à 100% dans la plupart des grandes villes d’ici 2050, les projections climatiques prévoient une réduction des précipitations et une forte baisse de la disponibilité des ressources en eau. Le Maroc devrait entrer dans une situation de stress hydrique extrême en moins de 25 ans. La Loi sur l’eau 36-15 reconnaît ces risques et définit les politiques, institutions, réglementations, mécanismes et procédures pertinents pour une gestion intégrée des ressources en eau, ainsi que les outils nécessaires à sa mise en œuvre.

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Un stress hydrique en perpétuelle croissance

Pour combler l’écart toujours croissant entre l’offre et la demande, la Stratégie nationale de l’eau (SNE) propose de multiples mesures afin d’augmenter les approvisionnements de 2,5 milliards de m3 /an et de réduire les demandes en parallèle de 2,5 milliards de m3 /an. Il s’agit à la fois de mesures d’infrastructures classiques telles que les réservoirs et les transferts interbassins visant à augmenter l’approvisionnement, et de mesures non-conventionnelles de réutilisation des eaux usées traitées, de dessalement, de gestion de la demande et du rendement des systèmes, et de collecte des eaux pluviales.

La loi souligne la nécessité d’une gestion intégrée, décentralisée et participative de l’eau, et reconnaît l’importance de développer des mécanismes de planification pour faire face aux pénuries d’eau. Des institutions ont été créées à tous les niveaux du gouvernement et des mécanismes sont en place pour impliquer la société civile et le secteur privé dans la gestion de l’eau.

Mais, selon les experts, même-si le texte de loi accorde la priorité à l’approvisionnement en eau potable par rapport à d’autres usages, notamment l’irrigation, la sécurité de l’eau urbaine ne peut être quant à elle considérée de manière isolée et doit être prise en compte dans un cadre plus général de gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin versant où la zone urbaine est située.

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Avec le stress hydrique croissant et les pénuries d’eau majeures susceptibles de frapper le secteur agricole dans le futur, la concurrence pour l’eau deviendra de plus en plus intense entre les utilisateurs. La gestion intégrée de l’eau en milieu urbain doit aller de pair avec la gestion intégrée de l’eau et des bassins, et les gestionnaires des eaux urbaines doivent contribuer équitablement à économiser et réutiliser l’eau urbaine au profit d’autres secteurs dépendants de l’eau.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que le Maroc sensibilise ses citoyens par le biais de la «Khotba» du vendredi. En plus de sa dimension religieuse et spirituelle, cette méthode, auparavant adoptée par le Prophète, consiste à rappeler aux fidèles les moyens d’améliorer leur condition morale et matérielle.

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