Séisme en Turquie: un mois après, 45.000 morts et un pays traumatisé

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Crédit: AFP.

Le séisme qui a frappé la Turquie le 6 février à 04H17 du matin, « la pire catastrophe naturelle en un siècle en Europe », selon l’Organisation mondiale de la Santé, laisse un pays traumatisé.

Proches décédés, villes en ruines, nouvelle vie sous des tentes ou des conteneurs: un mois plus tard, des millions de Turcs font face aux graves conséquences du désastre.

 

– Quels bilans humain et matériel?

La secousse de magnitude 7,8 –suivie d’une autre quelques heures plus tard de 7,6– a tué près de 46.000 personnes (dont le corps a été retrouvé) et fait 105.000 blessés en Turquie, selon des bilans sans doute incomplets. Elle a également détruit ou condamné 214.000 bâtiments –hauts parfois de plus d’une douzaine d’étages– dans onze des 81 provinces du pays.

Près de 6.000 personnes ont aussi perdu la vie en Syrie.

Des villes turques, dans les provinces de Kahramanmaras près de l’épicentre et de Hatay, à la frontière syrienne, ont été dévastées, obligeant les autorités à enterrer à la hâte des milliers de personnes dans des cimetières improvisés, creusés dans les champs et en forêt, après des adieux hâtifs.

Les autorités estiment que 14 millions de personnes ont été affectées par le séisme, soit un sixième de la population turque. Parmi elles, 3,3 millions ont dû quitter les zones sinistrées, selon le président Recep Tayyip Erdogan.

Près de 2 millions de personnes vivent actuellement sous des tentes ou dans des conteneurs.

Plus de 13.000 répliques ont été enregistrées en un mois et cette terre qui continuait samedi de trembler entretient la panique dans le pays, situé sur l’une des zones sismiques les plus actives au monde.

 

– Quelle(s) responsabilité(s)?

Dans les zones affectées, la colère reste vive contre l’Etat qui a mis jusqu’à 50 heures pour déployer des secours, notamment l’armée et ses moyens, alors que des dizaines de milliers de personnes en vie étaient prisonnières des décombres.

Le président Erdogan a reconnu des retards, imputés en partie au mauvais temps et à l’amplitude du désastre qui s’étend sur 20.000 km2, et a demandé pardon aux rescapés.

Des enquêtes d’opinion montrent toutefois que ce sont les promoteurs et entrepreneurs dont les immeubles se sont effondrés comme des châteaux de carte qui sont considérés comme les premiers responsables du lourd bilan.

Lire aussi: Séisme en Turquie et Syrie: le bilan franchit la barre des 50.000 morts

Des poursuites judiciaires ont été engagées contre 612 personnes impliquées dans la construction de ces immeubles, a annoncé fin février le ministre turc de la Justice. Plusieurs ont été arrêtées alors qu’elles tentaient de fuir le pays.

Mais aucun responsable n’a présenté sa démission ni n’a été démis de ses fonctions à l’exception du maire AKP (le parti du président), d’une petite ville.

 

– Quel coût pour l’économie?

L’économie turque, qui traversait déjà une période de turbulences liée à une forte inflation et à l’effondrement de la monnaie depuis dix-huit mois, doit désormais encaisser les conséquences du séisme.

La secousse dévastatrice et ses répliques ont provoqué des dégâts d’une valeur dépassant les 34 milliards de dollars, soit 4% du PIB turc, a estimé le 27 février la Banque mondiale.

Cette estimation ne prend pas en compte les coûts de reconstruction, « potentiellement deux fois plus élevés » selon elle, ni les conséquences sur la croissance turque à venir.

M. Erdogan a promis de bâtir « d’ici un an » plus de 450.000 logements aux normes antisismiques et a annoncé le versement de 100.000 livres turques (5.000 euros environ) aux proches de personnes décédées.

Près d’un million de personnes affectées par le séisme ont déjà perçu une aide de 10.000 livres, soit un demi-milliard d’euros au total, a annoncé mercredi le chef de l’Etat.

Des aides spécifiques à la réinstallation, d’un montant de 15.000 livres turques (750 euros) sont également promises.

« Les travaux de reconstruction pourraient largement compenser l’impact négatif (du séisme) sur l’activité économique », a estimé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd).

 

– Quelles conséquences politiques?

M. Erdogan a mis fin mercredi aux spéculations en confirmant la tenue des élections présidentielle et législatives à la date prévue du 14 mai.

Au pouvoir depuis vingt ans et candidat à sa succession, il fait désormais de la reconstruction des zones dévastées sa ligne directrice. Le scrutin du 14 mai s’annonce cependant comme le plus périlleux pour lui depuis 2003.

L’opposition, qui a tenté de s’unir au sein d’une Alliance nationale de six partis, devrait officiellement investir son candidat unique lundi. Mais le choix de Kemal Kiliçdaroglu, chef du CHP, la principale formation d’opposition au parlement, a déjà fait voler en éclats vendredi la coalition.

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