L'édition 2022 du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) se tiendra exceptionnellement à…
Quand Rabat s’approprie le Salon du Livre !
Publié leLa 29e édition du Salon international de l’édition et du livre, qui se tient à Rabat depuis le 10 jusqu’au 19 mai, se veut un espace convivial et conciliant qui aspire à satisfaire tous les goûts et où éditeurs et organismes institutionnels marocains se côtoient, des fois au grand désarroi des visiteurs, comprenant en grande partie des jeunes baignés dans la culture anglaise.
Il règne une ambiance bon enfant en ce début d’après-midi à l’espace OLM Souissi. Des chapiteaux alignés en rangs serrés se dressent sur l’esplanade qui accueillait jadis la scène Souissi du festival Mawazine. Dehors, un remue-ménage discipliné plane. Des adolescents tirés à quatre épingles attendent devant un minibus appartenant au centre de protection de l’enfance. Ils échangent autour de leurs, à première vue, maigres mais ô combien précieuses acquisitions, à en juger par leur enthousiasme et leur lumineux regard.
بلغ عدد زوار المعرض الدولي للنشر والكتاب خلال 7 أيام الأولى أكثر من 181 ألف زائر.ة، وهو ما يعني زيادة بأكثر من 43% مقارنة بالدورة الماضية! pic.twitter.com/KBl1vI5EQa
— MJCC وزارة الشباب والثقافة والتواصل (@mjcc_gov) May 16, 2024
Une fois à l’intérieur, l’organisation ficelée de la billetterie et l’amabilité des agents de sécurité livrent un avant-goût de l’esprit qui règne sur les lieux. Pour ceux qui ont fréquenté cette manifestation dans sa version casablancaise, le constat est frappant: le salon s’est imprégné de l’esprit rbati.
Toutefois, les stands du hall A font mouche. Il s’agit de l’espace réservé aux officiels et où logent la plupart des institutions publiques marocaines. Les promoteurs de ces espaces se sont donné le mot pour que le moucharabieh soit le seul élément décoratif autorisé. Et ils l’ont décliné sous toutes ses formes possibles. À se demander s’il s’agit de la foire du livre ou du salon de l’artisanat!
Question de taille
Les institutions ont rivalisé pour acquérir les plus grands espaces, qui sont presque tous… vides. Un seul se démarquait toutefois par non seulement ses volumes généreux, mais aussi son importante audience: le pavillon du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. De jeunes étudiants en droit buvaient les paroles du conférencier.
Dans un espace plus étroit, l’écrivain Maati Kebaal tire à boulets rouges sur la France et son refus d’accepter la diversité religieuse et culturelle, devant une assistance restreinte, jeune et conquise. Dans cette aile droite du salon logent aussi les grandes maisons d’édition, qui se sont donné plus de peine à soigner l’ergonomie de leur espace que le contenu exposé.
La plupart des livres sont des classiques de la littérature française, jouxtant des livres de développement personnel. Mais il va falloir se diriger vers la caisse pour se renseigner sur les tarifs. Certaines étiquettes de prix sont grossièrement arrachées alors que la plupart des livres n’en possèdent guère. Des révisions à la hausse des tarifs? Mystère et boule de gomme!
Mais c’est dans l’aile gauche de la foire que l’esprit du salon du livre est plus palpable. Ici, des écoliers en file indienne suivent leur maîtresse en parcourant du regard les belles illustrations d’un livre pour enfants, des mamans avec poussettes essayent de se frayer un chemin entre les étroites allées… Une belle brochette de visiteurs de tous âges.
Cependant, c’est auprès des éditeurs de livres religieux que l’effervescence est à son zénith. Leurs lecteurs se reconnaissent par leur tenues vestimentaires rigoureuses, gente féminine et masculine confondues, et leurs stands par un clin d’œil discret à la Palestine, sous forme de kouffiah suspendue sur la devanture du stand.
Littérature classique arabe
“Le dernier livre de l’écrivain marocain Hassan Aourid est notre best-seller durant ce salon”, nous confie ce responsable du stand du Centre culturel arabe. Auprès de cette maison d’édition libano-égyptienne, c’est un autre son de cloche: « Les Marocains raffolent des classiques comme Taha Houssein ou Ihssan Abdekhalek », indique ce jeune vendeur.
Quant aux recettes, c’est motus et bouche cousue. « En général le salon est une bonne opportunité pour rebooster le chiffre d’affaires, d’autant plus que cette année, contrairement à l’édition précédente, la foire a été programmée avant les examens de fin d’année, ce qui explique cette affluence juvénile« , nous apprend ce gérant d’une maison d’édition marocaine.
En effet, les jeunes gens seraient les premiers visiteurs de cette édition. Mais contrairement à leurs aînés, c’est la langue de Shakespeare qui les fascine. “Nous sommes à notre quatrième participation au salon, avant à Casablanca et maintenant à Rabat, et au fil de nos participations, nous avons remarqué un vif intérêt pour le livre en anglais”, explique ce responsable d’un site de vente de livres en ligne.
Dehors, sous un soleil doux, des enfants font la queue religieusement devant un petit chapiteau estampillé aux couleurs de leurs héros de l’univers fantastique de Marvel, tandis que d’autres visiteurs taillent une bavette en sirotant leurs cafés.
Rabat s’est appropriée le SIEL et ça lui va si bien!