Quand les jeunes Marocains rêvent de changer le monde
Publié leFatimaZarha souhaite « un monde qui respecte les différences », Yasmina plaide pour une « médecine gratuite », Meryem veut « mettre fin aux mariages précoces », Taha veut aider les migrants…
Des dizaines de jeunes Marocains réunis en Parlement des enfants partagent leurs rêves d’avenir, cette semaine à Marrakech, lors d’un congrès de trois jours organisé pour le trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’Enfant.
Parmi les plus jeunes, Aya, 11 ans, pense avant tout aux enfants, comme elle: « à la maison, il faut de l’amour et de la tendresse, à l’extérieur, il faut que l’Etat prévoit des terrains de sports, des maisons de jeunes, pour que les enfants puissent exercer leurs talents sportifs artistiques et culturels », assène cette enfant qui vit à Ouezzane, une bourgade rurale du nord, dans une région particulièrement sous équipée du Maroc.
« L’école et l’action éducative, c’est la porte que l’on doit emprunter pour prendre la voie du développement car l’enfant d’aujourd’hui est l’homme de demain », dit cette élève qui se voit médecin, quand elle sera grande.
Aya a rejoint à Marrakech des jeunes venus de tout le Maroc pour participer au forum annuel organisé par l’Observatoire national des droits de l’enfant.
– « Sentiment d’injustice » –
La situation de la jeunesse est devenue une question prioritaire au Maroc, alors que de nombreux jeunes Marocains risquent régulièrement leur vie pour rallier l’Europe en quête d’un avenir meilleur.
Abandon scolaire, chômage, désoeuvrement, précarité, exclusion sociale concernent plus du quart des 15-24 ans qui partagent un fort « sentiment d’injustice », avec pour effet tentation de départ, de délinquance ou de radicalisation, selon différents rapports officiels.
Pour les filles, s’ajoute le risque de déscolarisation et de mariage précoce (plus 40.000 en 2018 selon des estimations du Conseil national des droits de l’Homme), dans ce pays de 35 millions d’habitants aux traditions patriarcales très fortes.
Meryem, 17 ans, estime d’ailleurs que « le plus important c’est d’aider les filles à ne pas abandonner leurs études ». « Je veux lutter contre le mariage précoce (…) j’aimerais les aider et les encourager à faire de la politique pour prendre les décisions », dit cette étudiante qui se présente très sérieusement comme une « future diplomate ».
« Dans trente ans, je me vois en médecin célèbre qui va recevoir un prix Nobel, pourquoi pas ? », espère pour sa part la jeune Rihab, 16 ans. Son vœu le plus cher ? « Un monde sans maladie, qui ignore le mot cancer, le sida, la cirrhose et toutes les autres maladies, même celles que l’on ne connait pas encore ».
Yasmina, 14 ans, veut elle aussi « être docteur » mais espère surtout « une médecine gratuite pour tout le monde ».
Tout aussi énergique et tout aussi souriante, FatimaZarha, une lycéenne de Tetouan, une petite ville du nord, « rêve de bâtir un monde qui respecte la vie et qui accepte la différence, un monde d’amour et de paix ». Elle a 16 ans, elle veut « devenir neurochirurgien pour dessiner un sourire sur le visage d’un enfant atteint d’une maladie ».
– « Vivre avec dignité » –
« Nous voulons que tous les problèmes disparaissent comme la déscolarisation, la violence contre les enfants, les inégalités entre les enfants normaux et les enfants handicapés mentaux ou physiques », souligne Amine, un collégien de 14 ans qui se destine « à la mécanique ou à la médecine ».
Taha, lui, espère rejoindre le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies pour « défendre le droit des migrants », « leur donner les droits fondamentaux pour vivre avec dignité » et « réaliser la paix dans les quatre coins du monde ».
Il a 17 ans, il est étudiant en Sciences Politiques, il pense que « pour changer le flux migratoire dans la Méditerranée, entre la partie africaine et européenne, il faut développer la situation économique en Afrique ».
Ahmed, 15 ans, lui, veut simplement un monde « où il n’y ait pas de guerre parce que ce sont les enfants les touchés, les plus vulnérables ».
Le Congrès national des droits de l’enfant a réuni 395 jeunes parlementaires du 20 au 22 novembre, avec une cérémonie de lâcher de ballons au centre de la capitale touristique du Maroc.