Procès du Hirak: choqués, politiques et société civile dénoncent les verdicts
Publié le« Lourdes peines », pensent à l’unanimité plusieurs observateurs. Des sentences allant de 1 à 20 ans ont été prononcées à l’encontre des 53 militants du Hirak.Militants associatifs et hommes et femmes politiques ont dénoncé la sévérité des peines prononcées et craignent un retour aux années de plomb.
La chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca au Maroc, a rendu son verdict dans la soirée du mardi 26 juin à l’encontre des militants du Hirak, poursuivis en état de détention depuis juin 2017. Le leader du mouvement de contestation Nasser Zefzafi a été condamné à 20 ans de prison, pour «atteinte à la sûreté de l’Etat». Réactions.
Ahmed El Haij, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH)
« Ces verdicts confirment notre position vis-à-vis de la détention des activistes rifains qui militaient pour une cause avec des revendications claires d’une dimension sociale que tout le monde en a reconnu la légitimité. Les lourdes peines nous provoquent et nous poussent à nous demander si le Maroc a véritablement rompu avec les pratiques des années de plomb. Le gouvernement n’a pas tenu une position claire. Il a d’abord accusé le mouvement d’avoir des intentions séparatistes avant de changer de discours reconnaissant que les revendications étaient économiques et sociales. S’ensuivait une suspension des ministres. Aujourd’hui, la justice accuse les détenus d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Pour nous, c’est un procès politique dont nous dénonçons l’aboutissement ».
Ahmed Assid, écrivain et militant
« Les peines ont été trop sévères, et n’ont pas pris en considération l’aspect juste et légitime des revendications d’ordre social. Le procès n’a pas été juste dès le début et donc ces jugements reflètent une intention des autorités de se venger des instigateurs de ce mouvement et ainsi empêcher d’autres tentations de contestation dans la rue. Et c’est ce qui a poussé les Marocains à s’exprimer sur les réseaux sociaux, notamment à travers le boycott comme une forme d’activisme sociale alternatif. Pour nous, ces verdicts représentent un retour en arrière de la justice marocaine. Nous avons vu que les accusations ont été préfabriquées. Nous appelons donc à la libération de ces jeunes qui n’ont commis aucun crime qui justifie un tel verdict ».
Me Mohamed Ziane, ancien avocat de Nasser Zefzafi
« Il n’y a eu aucune intention, ni de comploter ni de changer le régime ni même de demander un quelconque changement de politique. Tout ce qu’on demandait c’est le droit à l’enseignement, le droit à la santé, le droit au travail et un minimum de dignité ».
Nabila Mounib, la SG du PSU
« Nous rejetons toute forme d’atteinte aux droits de l’Homme. L’Etat et le gouvernement devront être conscients de l’ampleur de ces verdicts et mettre fin à l’approche sécuritaire. L’Etat doit également assumer ses responsabilités et trouver des solutions aux problèmes qui ont été derrière le Hirak du Rif. La Fédération de la gauche démocratique exprime sa dénonciation du retour aux pratiques des années de plomb, où les détentions politiques ont été légion. Nous appelons à la libération des militants du Hirak du Rif ».