Première édition du Forum Africain du tourisme de Casablanca

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Le tourisme intra-africain est un secteur en développement à condition de mieux marketer les territoires. DR

Le Conseil Régional du tourisme de Casablanca Settat a tenu ce mercredi 30 novembre, en partenariat avec Casa Event & Animation, la première édition du Forum Africain du Tourisme de Casablanca (FATC).

Organisé dans le cadre de la 3e édition de l’Africa Place Marketing qui se déroule du 29 au 30 novembre 2022 au Sofitel Tour Blanche Casablanca, le FATC a été l’occasion de débattre des préoccupations urgentes pour le développement du tourisme africain.

Deux thèmes ont été sélectionnés pour cette édition: Mobilité continentale et Marketing territorial touristique.

«La mobilité continentale africaine est malheureusement entravée par des problématiques d’obtention de visas touristiques et de disponibilité d’une offre aérienne adaptée et au juste prix. Ce contexte freine le développement des territoires africains qui pourtant disposent de potentialités touristiques importantes», a déclaré Othmane Chérif Alami, président du CRT Casablanca Settat.

Le tourisme intra-africain est un secteur en développement à condition de mieux marketer les territoires. Développer le tourisme intra-africain repose donc sur la prise en considération du touriste dans la démarche du marketing territorial. Des experts, des professionnels du tourisme et des chercheurs marocains et africains ont discuté, lors de ce forum, de la mobilité continentale comme levier de développement touristique et du marketing territorial touristique comme démarche durable pour l’Afrique.

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Dans son intervention lors du 2e panel, l’invité d’honneur du Forum Africain du tourisme de Casablanca, Khaled El-Enany, ancien ministre du Tourisme et des antiquités d’Egypte, égyptologue et professeur universitaire, a présenté une série d’actions mises en place en Egypte en collaboration avec le citoyen dans le cadre de la préservation et la valorisation du pays.

Il a également parlé de l’importance d’intégrer le citoyen dans l’environnement du projet touristique et non l’exclure en citant l’exemple de Gizah où se trouvent les célèbres pyramides. Lors de la construction d’infrastructures touristiques environnantes, les quelque 1600 habitants du secteur se sont vus offrir des abris pour leur chameaux ou des échoppes pour leur commerces.

« Le marketing territorial a pour but de valoriser l’identité locale »

De son côté, Safall Fall, directeur BU Afrique – Mazars, attire l’attention sur les leviers du marketing territorial touristique. Seulement 20% des investisseurs soulèvent le levier fiscal, viennent ensuite ceux des opportunités et des ressources humaines, a-t-il expliqué.

Souleymane Khol, COO du groupe hôtelier panafricain Onomo présent dans 13 pays d’Afrique, s’est dit d’abord satisfait que le secteur soit quasiment revenu aux performances de 2019. « Le message que j’ai envie de passer concernant le marketing territorial, c’est qu’il faut le considérer comme un produit comme un autre. Il faut connaître sa vision et les leviers pour la traduire en réalité », a-t-il développé.

L’ambition des hôtels Onomo est de cibler la classe moyenne et proposer des hôtels à l’image de la culture du pays. « Le marketing territorial a pour but de valoriser l’identité locale et montrer les spécificités de chaque territoire donc notre levier, c’est la culture », a-t-il ajouté.

L’enseignant chercheur de l’Université Cadi Ayyad à Marrakech, Larbi Safaa, a fait sa présentation au sujet du « marketing touristique créatif » et le rôle de la classe créative. Il a alerté notamment sur le risque de « tomber rapidement dans le folklorisme ».

A propos de folklorisme, Othmane Cherif Alami, président du CRT Casablanca-Settat a raconté une anecdote personnelle: « Il m’est arrivé d’accueillir des touristes avec du folklore marocain sans prendre le temps d’expliquer le message porté derrière ou la signification. J’étais resté dans l’image Instagram de l’époque, et au cour de ma vie, j’ai commencé à changer cette perception et cette mise en folklorisation ».

« Nous ne voulons pas fragiliser notre patrimoine et notre Afrique. Ne plus folkloriser les habitants, les traditions ni la culture, voilà peut-être le sujet de la deuxième édition », a-t-il confié.

« Il faut réfléchir à de nouveaux critères d’inscription sur la liste du patrimoine mondial »

Invité également à l’événement, le philosophe Ali Benmakhlouf a évoqué selon lui « l’importance de penser la convergence entre sites culturels et la biodiversité en évitant son érosion et celle de notre patrimoine culturel dit immatériel ». « Le patrimoine mondial, pour quel usage? », s’est-il interrogé, mentionnant « le déficit de représentativité des sites en Afrique ».

« Beaucoup de pays voudraient inscrire plus de sites culturels et naturels au patrimoine mondial, mais il faut aussi se demander pour quelles fonctionnalité. Il faut certes élargir les sites mais pas selon les mêmes critères de 1972 où il s’agissait surtout de monuments. Or, en Afrique, nous n’avons pas de monument à patrimonialiser mais des chemins pastoraux laissés à la spéculation foncière. Il faut réfléchir à de nouveaux critères d’inscription sur la liste du patrimoine mondial », a-t-il détaillé.

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Le penseur évoque une « vision évolutive et fonctionnelle du patrimoine » avec une valeur d’usage. Il préfère parler de participation des acteurs locaux plutôt que des citoyens, qu’il faut consulter. « Par exempple, l’agriculteur est le meilleur acteur du patrimoine et il n’est pas consulté », a-t-il regretté.

Ali Bemakhlouf a également cité « la menace de l’érosion des savoirs locaux liée à l’interaction avec l’environnement ». « L’avenir de la convention de 1972, c’est toujours plus de convergence avec la convention sur le patrimoine immatériel et celle de la biodiversité », a-t-il prédit.

Et de poursuivre: « Pourquoi le Maroc porte-t-il toute son attention sur les 14% de plaines fertiles? Les 86% restant n’attirent pas l’attention. C’est une menace par le développement de la monoculture qui rend la terre plus fragile ».

« Il faut écouter les acteurs locaux et la société dans son ensemble. Plus on approfondit sa propre culture, plus on rejoint les autres cultures », a-t-il conclu.

Selon l’Organisation mondiale au tourisme, le secteur du tourisme est en passe d’atteindre 65% de son niveau avant-crise d’ici fin 2022. Pour le Maroc, les professionnels du tourisme tablent sur 10 millions d’arrivées de touristes en 2022 soit plus de 75% du total des touristes de 2019. On devrait boucler l’année avec 80 milliards de dirhams de revenus touristiques soit une dépense de 800 dollars par touriste.

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