On vous explique pourquoi l’impact de l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe est « insignifiant »

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La fermeture du gazoduc Maghreb-Europe aura «un impact insignifiant» et le prix de l’électricité «ne subira aucune augmentation», annonce l’ONEE. Mais qu’en est-il vraiment ?

L’Algérie a décidé de «cesser toutes relations commerciales entre la Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE)», en plus du non-renouvellement de l’accord portant sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME), le 1er novembre courant.

Officiellement, la fermeture du GME «n’aura dans l’immédiat qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national», ont indiqué l’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et l’Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable (ONEE). Les deux offices étatiques affirmaient également avoir pris «les dispositions nécessaires pour assurer la continuité de l’alimentation du pays en électricité». Et de conclure en affirmant que «d’autres options «sont en cours d’étude pour des alternatives durables».

Contacté par nos soins, Abderrahim El Hafidi, Directeur Général de l’ONEE s’est contenté d’affirmer que «(notre) communiqué est clair et complet (…) chaque mot a été choisi avec beaucoup de soins». «Nous faisons de la planification à moyen et long terme, nous avons toujours une longueur d’avance de quatre à cinq ans», a-t-il expliqué, avant d’affirmer sèchement que «le Maroc travaille toujours dans le silence».

 

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Pour mieux comprendre la portée de cette décision, une source proche du dossier a bien voulu en dire plus en gardant l’anonymat. De ce gazoduc, il faut souligner que le Maroc en récupérait 800 millions de mètres cubes par an, mais obtenait entre 50 et 200 millions d’euros par an de «droits de passage». Ces 800 millions de mètres cubes permettaient au royaume de produire 10% de son électricité annuelle.

«Le Maroc a agi intelligemment dès le lancement du gazoduc Maghreb-Europe. Il a prévu une première centrale (Tahaddart) pour profiter de ces revenus en nature, puis a construit une deuxième (à Aïn-Béni-Mathar) qui traitait le gaz que nous achetions, mais à un prix très bas que nous avions négocié avec les Algériens», nous explique notre interlocuteur.

«Un choix économique»

Les deux centrales «avaient un bon rendement et l’électricité produite l’était à un prix très compétitif», poursuit notre source. Il s’agissait d’un «choix économique, car les centrales, c’est de l’argent avant tout, tout ce que nous cherchons c’est d’avoir un équilibre supérieur», précise-t-il.

«Nous envisageons et étudions tous les scénarios possibles et les solutions qu’on pourrait mettre en place», poursuit notre source. Mais les deux centrales s’abreuvaient en gaz algérien et pour l’heure, le Maroc ne peut pas avoir recours au gaz naturel liquéfié (GNL), bien qu’un appel d’offres ait été lancé pour la construction d’une unité flottante de stockage et de regazéification du GNL.

Mais alors que va-t-on faire de ces deux usines? Notre interlocuteur nous explique que la centrale thermo-solaire d’Ain Béni Mathar (ABM) est propriété de l’ONEE, tandis que celle de Tahaddart a un statut un peu particulier. Cette dernière appartient à l’ONEE et à l’Espagnol Abengoa, tandis que la compagnie SPOT (Siemens Plant Opération Tahaddart) est la responsable de la gestion technique de la centrale.

Avec la non-reconduction de l’accord avec l’Algérie, le Maroc et l’Espagne sont désormais les uniques propriétaires du tronçon du gazoduc Maghreb-Europe traversant la mer Méditerranée et leurs territoires respectifs. L’Espagne pourrait alors exporter du gaz vers le Maroc, affirmaient plusieurs médias, une théorie que n’exclut pas notre source.

 

Lire aussi: Arrêt du gazoduc Maghreb-Europe: que prévoient l’Espagne et le Maroc ?

 

Dans l’immédiat, nous perdons, pour faire un simple calcul, «une centrale de 380 et une autre de 450 mégawatts (MW), en matière de puissance installée». Aussi pour «le projet de mix énergétique marocain, surtout avec le projet d’énergies renouvelables, nous avons besoin de centrales à cycles combinés, comme celle de Tahaddart», confie notre source.

Les deux centrales combinées représentaient pas moins de 10% de notre production annuelle nationale. Aucune inquiétude pour notre source bien informée, qui rappelle qu’il y a peu de temps, le Maroc exportait même de l’électricité vers l’Espagne, ce qui prouve justement que le Maroc avait un excès, qui sera de plus en plus grandissant au vu des projets qui sont lancés.

«Le Maroc consomme moins que ce qu’il ne peut produire réellement et d’ailleurs plusieurs centrales sont en stand-by et nous pouvons faire appel à elles à tout moment», souligne-t-il. À titre d’exemple, en 2020 la puissance installée au Maroc était de 10.627 MW, alors que la pointe maximale, qui est le pic de consommation, n’a été que de 6.440 MW.

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Source: ONEE

Les régions connectées aux deux centrales ne risqueront rien, note la même source, notant que «le réseau national est maillé et structuré et atteint même la ville de Dakhla, qui a pendant des années compté sur un réseau séparé». La vue d’ensemble est quasi parfaite, «mais bien sûr lorsqu’on zoome sur tel ou tel aspect, quelques défaillances peuvent apparaître», confie notre source.

«La poche du citoyen ne sera jamais impactée»

En période d’hiver, la consommation nationale atteint un creux, contrairement à ce qui se produit dans d’autres pays voisins. Un simple exemple l’explique, les Marocains n’utilisaient pas de chauffage, indique notre interlocuteur.

Mais avec la relance économique, la consommation augmentera certainement, après avoir vécu une baisse avec la crise du Covid, souligne-t-il. Deux choses demeurent essentielles, d’abord la sécurisation du réseau électrique qui est garantie, souligne notre source faisant valoir «le modèle énergétique marocain qui est unique en son genre et qui repose sur plusieurs types de centrales, en plus d’en prévoir d’autres dans un proche avenir».

«On peut le dire, le Maroc est autosuffisant, et si demain il décide de ne plus rien importer, il peut compter sur ses propres ressources», affirme notre source. «Mais ce que nous cherchons, c’est d’avoir le prix le plus intéressant et il peut être plus avantageux pour le Maroc d’importer de l’électricité de l’Espagne par moments que d’en produire, bien qu’il en soit capable».

Deuxièmement, il s’agit de ne pas toucher à la poche du citoyen. C’est le rôle de l’ONEE qui établit des contrats-programmes avec l’État, rappelle notre source proche du dossier, soulignant que «la poche du citoyen ne sera jamais impactée», comme l’avait souligné d’ailleurs le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas.

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