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Pourquoi faut-il en finir avec l’état d’urgence sanitaire?
Publié leLe Conseil de gouvernement a prolongé pour la énième fois l’état d’urgence sanitaire au Maroc. Une décision « injustifiée » selon certains. Un médecin et un associatif nous livrent leurs points de vue.
« Le Conseil de gouvernement, réuni jeudi 27 octobre, a décidé de proroger la durée d’effet de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national jusqu’au 30 novembre 2022, dans le cadre des efforts de lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19 », a indiqué le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil.
Depuis mars 2020, cette décision est renouvelée périodiquement. Mais deux ans après, presque toutes les restrictions ont été levées, alors pourquoi maintient-on encore l’état d’urgence sanitaire ?
Contacté par H24 info, Dr Tayeb Hamdi, président du Syndicat National de Médecine Générale SNMG estime « qu’au vu des données épidémiologiques et sanitaires à l’échelle nationale et planétaire, le Maroc est en mesure de lever l’état d’urgence sanitaire ».
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« Les données que nous avons prouve une circulation très faible du virus. Les deux tiers de la population sont vaccinés et nous avons une grande majorité de Marocains qui ont déjà contracté la maladie. Cette immunité hybride fait que le risque est moindre face à de nouvelles vagues », poursuit le médecin, notant également que « les personnes à risques représentent un risque individuel et ne constituent donc pas un risque pour la santé publique ».
Cela dit, la pandémie peut toujours nous réserver de mauvaises surprises, souligne le médecin, bien que le risque d’être confronté à un sous variant plus virulent soit très faible.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) discutera bientôt de la fin de la pandémie du Covid-19, explique Dr Hamdi. « La décision de l’OMS changera plusieurs paramètres, notamment sur celui des prix des vaccins, mais il est encore trop tôt pour en parler », indique notre interlocuteur.
« Un moyen de répression »
Le maintien de l’état d’urgence ne repose donc plus sur des raisons sanitaires justifiées, mais ce décret relève surtout d’un caractère juridique, politique et social, estime Dr Hamdi.
En effet, le texte de loi confère au gouvernement, « en cas d’extrême nécessité », le droit de prendre, « à titre exceptionnel », « toute mesure à vocation économique, financière, sociale ou environnementale d’urgence qui soit de nature à contribuer, directement, à faire face aux effets négatifs prévisibles de la proclamation de l’état d’urgence ».
Aziz Ghali, président de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), estime pour sa part que « ces prolongations sont abusives ». « Nous avons dénoncé à maintes reprises ces décisions. Les mesures dictées par l’état d’urgence ne sont même plus appliquées, sauf certaines. Les déplacements sont permis, les aéroports et ports sont ouverts, le port du masque n’est plus obligatoire, alors que les manifestations sont dans la plupart des cas interdites par les autorités locales », indique l’associatif.
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« C’est en réalité un état d’exception non déclaré, qui est maintenu pour étouffer en quelque sorte la crise économique et sociale qui est bien là. Ce qui est une forme claire de répression », affirme dans ce sens le président de l’AMDH, se demandant « pourquoi le Parlement ne s’est jamais prononcé à ce sujet ».
« Le Parlement peut discuter de la Loi de finances mais pas d’un décret qui contrôle tous les aspects de la vie des citoyens et même des politiques ? », s’indigne notre interlocuteur.
Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a toutefois laissé entendre durant le point presse que l’état d’urgence pourrait être levé en novembre.