PLF 2025, investissement, TPME… les précisions de Meriem Zairi (CGEM)

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Meriem Zairi, présidente de la Commission entrepreneuriat et TPME de la CGEM. ©DR

Dans cet entretien accordé à H24Info, Meriem Zairi, présidente de la Commission entrepreneuriat et TPME de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), aborde les défis et opportunités auxquels le tissu entrepreneurial marocain, notamment les TPME, sera confronté en 2025.

L’accès au financement, la concurrence croissante et la digitalisation rapide sont autant de sujets clés tels qu’aborde Meriem Zairi. La présidente de la Commission entrepreneuriat et TPME du patronat met également en lumière les initiatives stratégiques de cette commission pour soutenir la résilience de l’écosystème entrepreneurial et les axes de développement prioritaires pour les TPME.

Enfin, elle partage sa vision des réformes nécessaires pour créer un environnement favorable à la croissance et à l’innovation des entreprises marocaines, tout en soulignant l’importance du Projet de loi de finances (PLF) 2025 pour le secteur entrepreneurial.

H24Info: Quels défis et opportunités anticipez-vous pour le tissu entrepreneurial, notamment les TPME, en 2025?

Meriem Zairi: L’écosystème entrepreneurial, les TPME notamment, est confronté à plusieurs défis, à commencer par l’accès au financement. En effet, en raison de leur taille et de leur vulnérabilité face aux fluctuations économiques, ces entreprises peinent à obtenir des financements, sans parler de la complexité des procédures d’accès. La concurrence croissante, tant au niveau national qu’international, constitue un autre défi majeur, les TPME devant faire face à des coûts de production en hausse et à une concurrence étrangère importante. De plus, la pénétration des marchés internationaux reste ardue en raison de barrières à l’entrée complexes telles que les normes et directives, notamment celles environnementales, qui exigent des adaptations coûteuses et un accompagnement souvent insuffisant.

Sur le marché local, les TPME formelles subissent la concurrence déloyale de l’informel organisé, créant une distorsion du marché. Le développement des compétences, particulièrement dans les secteurs technologiques et innovants, est aussi un défi majeur pour ces entreprises, qui peinent à attirer et retenir des talents qualifiés en raison de leurs ressources limitées. L’élargissement de la Charte de l’investissement aux TPME ainsi que des mesures de soutien à l’internationalisation sont attendus pour ouvrir de nouvelles opportunités.

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La digitalisation rapide pose aussi un double défi: beaucoup de TPME n’ont pas intégré les outils numériques dans leur gestion, freinant leur compétitivité, et l’écart technologique entre grandes entreprises et petites structures risque de se creuser. Néanmoins, le Royaume renforce son environnement numérique favorable avec la stratégie « Maroc Digital 2030 », visant à créer 240.000 emplois directs et à accompagner les TPME dans leur transformation digitale, avec des mesures spécifiques pour ces entreprises.

A votre niveau, comment soutenez-vous la résilience de l’écosystème entrepreneurial et des TPME face à ces défis?

La Commission entrepreneuriat et TPME joue un rôle central dans le soutien à la résilience de l’écosystème entrepreneurial des TPME face aux défis économiques. En réponse aux turbulences économiques, la commission met en place une série d’initiatives stratégiques visant à renforcer la compétitivité des TPME et à leur offrir des solutions adaptées pour surmonter les difficultés conjoncturelles et structurelles.

Parmi ces initiatives, on retrouve l’accompagnement technique et le conseil, avec des actions de sensibilisation, d’information et de formation dans des domaines clés tels que la gestion financière et l’intelligence artificielle. L’accès aux financements est également primordial, et la commission, en collaboration avec des partenaires tels que l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), sensibilise les entreprises au rôle essentiel du capital-investissement et travaille avec le Fonds Mohammed VI pour l’investissement pour définir les contours du sous-fonds dédié à la PME.

La participation au renforcement des écosystèmes locaux et des réseaux d’entreprises est un autre axe de soutien, favorisant la collaboration, l’échange de bonnes pratiques et la création de synergies. Enfin, face aux défis environnementaux et aux attentes croissantes des consommateurs, la commission encourage les TPME à adopter des pratiques durables et responsables, notamment par le biais du label RSE de la CGEM et de la Commission RSE & diversité, qui travaille à développer un label pour les PME.

Quels sont les principaux axes de développement pour l’entrepreneuriat et les TPME ?

Les principaux axes de développement des TPME s’articulent autour de plusieurs leviers stratégiques visant à renforcer la compétitivité, la durabilité et l’innovation. Tout d’abord, l’amélioration de l’accès au financement constitue un axe fondamental, avec la mise en place de mécanismes diversifiés tels que le capital-investissement et le financement participatif. À cet égard, les réformes fiscales et les incitations publiques, notamment pour les entreprises en phase de démarrage ou opérant dans des secteurs stratégiques, sont cruciales.

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La digitalisation des entreprises apparaît également comme un levier indispensable, permettant aux TPME d’améliorer leur productivité, de diversifier leurs canaux de distribution et de conquérir de nouveaux marchés, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Le renforcement des compétences et la formation continue des entrepreneurs et de leurs équipes, particulièrement dans les domaines du numérique, de la gestion et de l’innovation, représentent également un axe prioritaire pour moderniser le tissu entrepreneurial.

Par ailleurs, la mise en place de structures de soutien, telles que les incubateurs, les pépinières d’entreprises et les clusters sectoriels, joue un rôle clé dans l’accompagnement des entrepreneurs, en leur offrant des ressources techniques, financières et stratégiques. La transition énergétique et la durabilité sont également des défis majeurs, mais aussi des opportunités pour les TPME, car les entreprises qui intègrent des pratiques écologiques et responsables peuvent bénéficier d’un accès privilégié à des financements verts et à des marchés sensibles aux enjeux environnementaux.

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Meriem Zairi, présidente de la Commission entrepreneuriat et TPME de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). ©DR

Comment votre Commission travaille-t-elle à la convergence des politiques en faveur des startups, entrepreneurs et TPME ?

Grâce à son action concertée avec les acteurs publics et privés, la Commission parvient à aligner les politiques économiques et les initiatives de soutien pour créer un environnement favorable à la croissance et à l’innovation des entreprises. Elle agit comme un vecteur de représentation et de plaidoyer auprès des autorités publiques pour faire entendre les besoins spécifiques des TPME et des startups, en veillant à ce que les politiques publiques prennent en compte les réalités du terrain, et en collaborant activement avec les ministères, les institutions financières et autres parties prenantes.

La Commission œuvre également à la consolidation des écosystèmes d’innovation, facilitant la création de synergies entre startups, entreprises établies, incubateurs, pépinières d’entreprises, investisseurs et centres de recherche. À travers l’organisation d’événements et d’ateliers d’échange, elle permet aux entrepreneurs de partager des idées, de développer des partenariats stratégiques et d’accéder à de nouvelles opportunités de financement, renforçant ainsi la coopération entre les acteurs de l’écosystème entrepreneurial et favorisant la convergence des politiques publiques en matière de soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat.

Concernant l’accès au financement, la commission collabore étroitement avec les banques, les investisseurs institutionnels, les fonds de capital-investissement et les structures de financement participatif pour créer des mécanismes adaptés à la réalité des jeunes entreprises et des petites structures. Elle plaide également pour la création de fonds d’investissement dédiés, de subventions ciblées et de dispositifs de garanties de crédits pour réduire les risques financiers et encourager l’investissement dans les startups et TPME. De notre côté, nous poursuivons notre action pour améliorer leur environnement et accélérer leur développement avec des réformes telles que la Loi 69.21 sur les délais de paiement, la réforme de l’IS et la réforme des marchés publics.

Un mot sur le PLF ?

Nous espérons que la Loi de finances 2025 offrira au tissu entrepreneurial marocain plusieurs mesures fiscales et réformes destinées à soutenir leur relance, renforcer leur compétitivité et encourager l’innovation. Parmi ces mesures, la réduction de la charge fiscale à travers la révision de l’impôt sur le revenu (IR) prévoit de réduire le taux marginal de l’IR à 37% en 2025 au lieu de 38%, avec une exonération totale des salaires inférieurs à 6.000 dirhams, conformément à l’accord social d’avril dernier.

De plus, la CGEM propose d’augmenter le seuil d’exonération de la prime de panier à 50 dirhams par salarié et par jour de travail, au lieu de 30 dirhams, ce qui impactera positivement les salariés et les TPME. L’impact potentiel de l’économie circulaire au Maroc pourrait être considérable grâce à une réforme fiscale ciblée, comme l’application de la TVA uniquement sur la marge des produits plastiques recyclés, permettant ainsi de développer un tissu de TPME dans ce secteur et à terme une filière structurée.

Aussi, une révision des droits de douane sur certains intrants, notamment ceux utilisés pour la production locale, proposée par la CGEM, devrait favoriser le « Made in Morocco » et renforcer l’indépendance économique du pays, réduisant ainsi les coûts pour les TPME locales et leur offrant une compétitivité accrue sur le marché intérieur.

Notre institution a enfin de fortes revendications sur des sujets substantiels comme la réforme de la taxe professionnelle. Nous proposons que celle-ci soit calculée sur la base de l’excédent brut d’exploitation (EBE) plutôt que sur les actifs. Cette mesure permettrait de mieux aligner la fiscalité avec la performance économique réelle des entreprises et serait une amélioration significative en termes de justice fiscale.

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