Photos exclusives. Bank Al-Maghrib fait son cinéma

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L'acteur Jean Reno, à droite, l'acteur Hugo Becker, au milieu de dos, le réalisateur Romain Quirot, à gauche, dans la salle d'attente de BAM, sur le tournage du film "Le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R.", Casablanca, novembre 2019. Crédit photo: BAM

Haut lieu décisionnel du pays en terme de politique monétaire, rares sont ceux qui savent que ses locaux suscitent depuis peu la convoitise de nombreux cinéastes. Pourquoi cet intérêt pour Bank Al-Maghrib Casablanca? L’architecture particulière et préservée de la succursale y est sans doute pour quelque chose. Explications.

Les riches paysages et décors naturellement variés offerts par le Maroc sont souvent cités pour expliquer l’intérêt des réalisateurs étrangers. La liste des blockbusters tournés au royaume chérifien est longue (Prince of Persia, Spy Games, Gladiator, entre autres). Outre sa géographie, le pays présente quantité d’édifices à l’architecture pointue qui inspirent les réalisateurs et leur permettent de scénariser dans un cadre en accord parfait avec l’atmosphère voulue.

L’architecture au service du cinéma

C’est le cas de la succursale de Bank Al-Maghrib (BAM) à Casablanca. Entièrement pensé par l’architecte français Edmond Brion et inauguré en 1937, le bâtiment s’étend sur 6.000 m² en face de la place Mohammed V et surprend par son alliance subtile des styles art-déco et néo-marocain*. Phénomène inédit, l’institution a accueilli pas moins de trois productions entre 2018 et 2019, une nationale et deux étrangères, nous indique une source autorisée au sein de la BAM.

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BAM vue d’extérieur. Crédit photo : BAM

Dernière en date, l’adaptation longue durée du court-métrage français de science-fiction Le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R, tout deux réalisés par Romain Quirot. En tournage au Maroc du 9 septembre au 16 novembre derniers, le cinéaste a convoqué de nouveau Hugo Becker (connu pour son rôle de Cyril Balsan dans la série Baron noir diffusée sur Canal+) pour jouer le rôle principal du seul astronaute capable de sauver l’humanité face à une écologie dévastée et la menace d’une mystérieuse lune rouge.

A ses côtés, on retrouve les acteurs Bruno Lochet, Jean-Luc Couchard, Emilie Gavois-Kahn, Paul Hamy, Philippe Katerine (plus connu comme chanteur), la jeune Lya Oussadit-Lessert et, seconde tête d’affiche, le natif de Casablanca Jean Reno. Les scènes à Bank Al-Maghrib ont été tournées ces derniers jours.

Sur les photos, on observe Jean Reno discuter avec le réalisateur Romain Quirot en plein tournage dans ce qui est habituellement la salle d’attente du bâtiment. Cette salle se distingue particulièrement pas son lambrissé de bois et son triptyque en pâte de verre sablé représentant des scènes du port et de la médina. Dotée d’un plafond ajouré en noyer sculpté sublimé par une verrière suspendue aux motifs de nids d’abeille (dans une version plus petite et sobre que celle qui recouvre tout le vaste hall du public, soit la pièce maîtresse de l’édifice), la salle d’attente se démarque par son mobilier d’époque en sycomore, palissandre, bubinga et autres essences précieuses.

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La salle d’attente de Bank Al-Maghrib, Casablanca. Crédit photo: Emmanuel Neiger

La salle d’attente de BAM a également été à l’honneur sur le tournage de certaines scènes de la 7e saison de la série américaine Homeland.

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Tournage de la série « Homeland » dans la salle d’attente de BAM. Crédit photo : BAM

On reconnaît en perspective le triptyque encadré d’acier et de cuivre, ainsi que les murs en lambris. « Tout l’étage de la salle d’attente et la salle du conseil possèdent des murs en lambris leur conférant un luxe ultime », explique Rabea El Ridaoui, présidente de l’association Casa mémoire.

C’est dans cette salle de conseil, introduite par la prestigieuse salle d’attente, qu’a récemment été tournée une scène de la série d’espionnage se déroulant dans le cabinet de l’ambassadeur russe aux USA. Joué par l’acteur russe Elya Baskin, l’ambassadeur russe aux USA prénommé Viktor reçoit ses invités dans une salle de conseil complètement réaménagée.

De nouveau, on note les murs entièrement lambrissés de bois nobles. Les armoiries de la Russie ont été rajoutées au-dessus de la cheminée galbée en sycomore. Le sol se compose de marbre noir et blanc et le plafond de lustres Murano (artisanat vénitien réputé depuis le XIIIe siècle). La grande table de réunion et la dizaine de chaises en cuir qui l’entouraient ont été enlevées au profit du mobilier de la série.

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La salle de conseil de BAM, lors des visites des Journées du patrimoine organisée par Casa mémoire. Crédit photo : Emmanuel Neiger

« Je ne suis pas étonnée que les réalisateurs souhaitent tourner dans les locaux de Bank Al-Maghrib car c’est un lieu particulièrement somptueux », confie Rabea El Ridaoui de Casa mémoire, l’association à l’origine des Journées du patrimoine de la ville pendant lesquelles il est possible de visiter BAM, entre autres monuments. Vu son luxe, on comprend que la salle de conseil est la partie la plus importante de la Banque. « Elle sert de salle de réunion du conseil d’administration de la Banque et du comité de direction sous l’égide du gouverneur de la Banque », informe la présidente pour qui la noblesse de l’architecture du lieu incarne « tout le prestige d’une banque d’État ».

Des lieux de pouvoir

C’est donc tout naturel que le lieu soit employé en fiction -comme en réalité- à matérialiser des processus décisionnels à forte influence. Le dénominateur commun de ces tournages s’articule en effet autour de ces grands bureaux recherchés pour les films et séries afin d’inspirer des lieux de pouvoir. Les matériaux nobles usités comme les boiseries ou le marbre prêtent à ces hauts espaces une atmosphère solennelle, voire austère, très prisée pour les scènes d’enjeu et de suspens.

« Les équipes de production semblent étonnés de la splendeur du bâtiment de Casablanca, conservé et restauré avec grand soin et qui témoigne de l’époque art déco », témoigne notre source au sein de BAM qui raconte les repérages opérés par les réalisateurs et la manière avec laquelle ils choisissent les lieux, en fonction des matériaux, des ornements, de la décoration. Selon notre interlocuteur, « les lieux choisis reflètent la noblesse de leur conception ».

« En ouvrant ses portes aux productions cinématographiques, la Banque a un double objectif: faire découvrir ses atouts architecturaux et encourager la production cinématographique nationale, et celle internationale à tourner au Maroc », poursuit-il, rappelant qu’un ouvrage a été édité en 2009 sur le patrimoine architectural de Bank Al-Maghrib dans toutes les villes du royaume.

Côté production nationale, la troisième oeuvre cinématographique tournée dans les locaux de BAM ces derniers mois s’intitule Sub Zéro. Il s’agit d’un cyber-thriller réalisé par Benhachem Elmouatassim Billah et qui a d’ailleurs bénéficié du 3e montant d’aide le plus élevé de la part du CCM (3.4 MDH) au titre de la première session de l’année 2018.

*Merci à l’association Casa mémoire pour la documentation sur l’architecture de Bank Al-Maghrib.

 

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