Accusations de viols contre PPDA: la sérialité et la prescription au cœur de l’enquête

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L'ex-présentateur de TF1 Patrick Poivre d'Arvor. DR

L’enquête visant Patrick Poivre d’Arvor a changé d’approche. Les juges analysent désormais les accusations de viol qui lui sont reprochées dans leur ensemble pour déterminer leur éventuel caractère sériel, qui permettrait de contourner leur prescription.

L’ex-présentateur vedette du journal télévisé de TF1, 74 ans, est accusé par une trentaine de femmes de viols, d’agressions et/ou harcèlement sexuels. Il les nie tous vigoureusement et a porté plainte en retour pour dénonciation calomnieuse.

Plusieurs investigations ont été lancées.

En juin 2021, une première enquête préliminaire, recueillant le témoignage de 23 femmes, a été classée sans suite par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), majoritairement pour prescription mais aussi pour « absence d’infraction punissable » ou « infraction insuffisamment caractérisée ».

Une seconde est en cours, sept autres femmes ayant témoigné.

Parallèlement, une information judiciaire a été ouverte après une plainte de l’écrivaine Florence Porcel, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir forcée à un rapport sexuel en 2004 et à une fellation en 2009.

Les juges d’instruction chargés de cette enquête avaient décidé d’écarter d’emblée les faits de 2004 – apparaissant prescrits depuis 2014 – et d’enquêter sur ceux de 2009.

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Un choix rejeté fin juin par la cour d’appel de Versailles, qui a rappelé que le délai de prescription, la période au-delà de laquelle il n’est plus possible de poursuivre l’auteur d’une infraction, n’était pas inéluctable.

Le point de départ de la prescription peut en effet être reporté. En cas d’acte d’enquête, le point de départ n’est plus la date de commission des faits mais celle de cet acte.

De même, s’il existe un lien entre des infractions – même auteur, mode opératoire, but ou profil de victimes – un acte interruptif pour une des ces infractions peut interrompre la prescription d’une autre et lui fixer un nouveau point de départ.

« Sur le front »

L’enquête visant PPDA doit donc désormais vérifier si les faits de 2004 ont un lien étroit avec d’autres infractions non prescrites, selon des explications obtenues par l’AFP.

Les juges d’instruction n’ont pas encore entendu PPDA. Mais ce dernier avait livré son récit au cours de l’enquête préliminaire classée.

Le 18 mai 2021, il avait nié avoir eu tout rapport sexuel avec Florence Porcel, l’accusant d’avoir « beaucoup d’imagination », selon le procès-verbal de son audition consulté par l’AFP.

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Il avait résumé leur rencontre en 2004, dans son bureau de TF1, par un baiser « sur le front ». Puis « elle a glissé ses lèvres sur les miennes », avait-il affirmé, assurant qu' »il n’y a pas eu l’ombre d’un quart de rapport sexuel ».

Selon ses dires, celle qui était alors étudiante en journalisme l’avait contacté en lui faisant « part de problèmes de santé ». « Touché par son message », il lui avait « téléphoné brièvement », raconte PPDA, qui a insisté auprès des enquêteurs sur sa sensibilité depuis le suicide de sa fille.

Florence Porcel, 21 ans, avait ensuite assisté à son JT et lui aurait « demandé de l’embrasser » dans son bureau, affirme PPDA.

Florence Porcel a, elle, dénoncé un rapport sexuel non consenti, au cours duquel Patrick Poivre d’Arvor aurait déclaré: « maintenant, vous êtes une femme ».

Elle a décrit, dans un entretien au Parisien en 2021, un « état de sidération total » puis avoir plongé « dans le déni » en se persuadant d’être « amoureuse » pour ne « pas s’effondrer ».

Concernant les faits de 2009, elle a assuré avoir dit « non » à plusieurs reprises.

« Ce nom ne me dit rien »

Vingt-deux autres femmes ont témoigné de viols, d’agressions et/ou de harcèlement sexuels entre 1985 et 2003, principalement dans le bureau de PPDA.

Ce dernier a affirmé ne pas se souvenir de plusieurs d’entre elles. « Ce nom ne me dit rien », a-t-il répété lors de son audition libre.

« Quel intérêt aurait toutes ces femmes à nous mentir? », lui demande un policier. « Certaines m’en veulent peut-être de les avoir oubliées » ou se sont « peut-être muées en militantes », répond PPDA.

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Les témoignages font ressortir « un mode opératoire similaire » avec des « questions intimes » que PPDA est accusé d’avoir posées, souligne aussi l’enquêteur: « êtes-vous en couple? », « fidèle? », « nue? », « vous masturbez-vous? »…

« Avant d’engager une relation avec quelqu’un, il me faut savoir si cette personne est libre et disponible. Sur les autres questions, je les conteste », se défend Poivre d’Arvor.

Les témoignages « ne vous présentent pas comme un séducteur mais plus comme un prédateur sexuel qui obtient des faveurs sexuelles par surprise », relèvent les enquêteurs. « Ce n’est absolument pas moi (…) je respecte les femmes », se défend PPDA, dont l’avocate n’a pas répondu à l’AFP.

Les conseils de Porcel et d’autres femmes n’ont pas souhaité commenter.

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