PAM: les dessous de la mise à l’écart de Salaheddine Aboulghali

Le bureau politique du Parti Authenticité et Modernité (PAM) a décidé mardi soir de geler l’adhésion de Salaheddine Aboulghali, membre de la direction collégiale du parti, en raison de «plaintes qui n’ont rien à voir avec les fonds publics». Quelles sont ces plaintes? De qui émanent-elles? Qui a rédigé le rapport contre le propriétaire de Luxe Radio? Eléments de réponses.

Tandis que le flou persiste quant aux raisons précises du gel de l’adhésion de Salaheddine Aboulghali au PAM, des informations commencent à être distillées au fur et à mesure par des membres du PAM.

Un communiqué a bien justifié cette suspension en évoquant des «transactions commerciales non liées aux fonds publics» et contraires à la charte éthique du parti, mais sans pour autant fournir de détails concrets.

Bien que le parti soit resté discret, des fuites ont commencé à révéler les conflits d’intérêts potentiellement derrière cette décision.

Selon plusieurs sources concordantes, Salaheddine Aboulghali aurait été en conflit avec Abderrahim Bendaou, coordinateur régional du PAM à Casablanca-Settat.

La famille Aboulghali possède un terrain stratégique dans la province de Médiouna que Bendaou voulait récupérer à tout prix.

Un membre du PAM précise que «le frère de Salaheddine Aboulghali, Abdessamad, a signé en 2022 une promesse de vente avec Abderrahim Bendaou, stipulant que ce dernier devait régler la dette auprès de la banque après la finalisation de la transaction pour un prix fixé à 13 millions de dirhams».

D’autres sources indiquent que le prix initialement convenu entre les deux parties, et qui avait fait l’objet d’une promesse de vente notariée par un député du PAM (Salah Eddine Chinguetti, ndlr), s’élevait de 50 millions de dirhams.

Mais après un délai indéterminé, la vente a été retardée et un autre acheteur a émergé.

Ce nouvel acheteur n’est autre que Brahim Moujahid, membre du PAM et investisseur majeur dans le secteur des travaux publics. «Celui-ci s’est accaparé le terrain, qui devrait revenir au patron de la société de fromagerie Copralim, contre un prix supérieur qui serait de 90 millions de dirhams», raconte une source PAMiste.

Une autre source précise que le terrain a été vendu pour seulement 19 millions de dirhams. Les deux sources s’accordent à dire que l’offre de l’ancien président de la région Béni Mellal-Khénifra était plus avantageuse que celle du fromager de Médiouna.

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Mécontent de cette transaction qu’il considère comme une trahison, le député de Nouaceur, également grand bailleur de fonds du PAM, a fait part de ses griefs à Fatima Zahra Mansouri, figure influente du parti.

Membre de la direction collégiale aux côtés d’Aboulghali et de Mehdi Bensaid, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville a mené l’enquête et rédigé un rapport détaillé, selon nos sources. Ce rapport a été soumis au bureau politique.

Réuni mardi, après avoir convoqué Aboulghali en urgence, le bureau politique a conclu que celui-ci «était suspecté d’avoir enfreint les valeurs et l’éthique du parti», ce qui a conduit à la décision de suspendre son adhésion.