Moulay Ismail Alaoui: « Ben Barka avait une tendance opportuniste »

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Pour l’ancien secrétaire général du PPS et ex-ministre, Mehdi Ben Barka était un « bon dribbleur » à la personnalité « ambiguë ». 

Mehdi Ben Barka était-il un espion ? C’est ce que suggèrent les travaux de recherches menés par Jan Koura, professeur à l’Université Charles de Prague, publiés le 26 décembre par The Observer, édition hebdomadaire de The Guardian. Selon ce dernier, il était « un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux ».

Un trait de sa personnalité qui était déjà connu à l’époque, nous confie Moulay Ismail Alaoui, ancien secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS). « Je crois que pour ceux qui connaissent Mehdi Ben Barka, avec tout le respect qu’on lui doit, ne sont pas très étonnés. C’était une personne très intelligente. Et comme toute personne intelligente, il se croyait certainement plus intelligent que les autres. Par conséquent, il avait une tendance un peu opportuniste et se jouait un peu trop de la scène politique », estime-t-il.

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« En fin de compte, il s’est emporté comme beaucoup de nos footballeurs qui sont de grands dribbleurs, mais qui une fois devant les buts ratent souvent leurs coups », lance l’ancien ministre dans les gouvernements Youssoufi I et II. Et de tempérer : « Ceci dit, je ne veux pas lui faire un procès d’intention. Je pense qu’il avait un but qui était justement le progrès de ce peuple et de ce pays et que par conséquent, pour lui, tout pouvait être utilisé pour cela. Il n’était pas très regardant ni à la forme, ni à la manière, ni même au fond ».

« Pour lui, la fin justifie les moyens »

Tout en soulignant que « c’est une appréciation strictement personnelle », l’ancien communiste explique qu’il « a été très réticent vis-à-vis de la personnalité de Ben Barka ».

« J’ai entendu dès mon enfance ce qu’on disait sur lui, son intelligence, son sens de l’organisation, mais aussi son opportunisme et disons sa ‘non fiabilité’. C’est ce qui m’a personnellement poussé à ne pas adhérer, ni à l’Istiqlal quand il y était encore, ni à l’UNFP (ndlr, Union nationale des forces populaires) et encore moins l’USFP. J’ai choisi donc le parti que j’ai choisi », poursuit-il.

« Je pense que pour lui, la fin justifie les moyens. C’est un problème d’éthique et de choix personnels. C’était une personnalité très ambiguë. Il a eu des comportements pas très fairplay quelque fois avec des alliés, ses amis. C’était connu dans les sphères politiques mais il n’en reste pas moins que c’était une personne qui avait un idéal, c’était le développement de son pays et de faire le bonheur de son peuple. Mais il y a une marge entre la volonté et la réalité », estime encore Moulay Ismail Alaoui.

Et de conclure: « Ceci dit, on lui doit le respect, d’abord parce qu’il s’est dépensé sans compter et deuxièmement parce que sa fin n’a pas été à la hauteur de ce qu’elle aurait dû être ».

« L’activiste assassiné à Paris en 1965 était un héros de la lutte mondiale contre l’impérialisme, mais les dossiers des services secrets tchécoslovaques jettent le doute sur son indépendance », lit-on dans l’article de The Observer.

Une seconde tentative d’assassinat »

« Au fil des ans, une grande partie de la vérité sur le meurtre du dissident de 46 ans a émergé (…) Mais de nombreuses activités de Ben Barka avant sa mort sont restées entourées de mystère. Aujourd’hui, de nouvelles recherches dans les archives des anciens États satellites soviétiques ont révélé que l’intellectuel charismatique, propagandiste et organisateur politique pourrait également avoir été un espion », poursuit le journal britannique.

Des « dossiers précédemment classifiés de Prague montrent que Ben Barka avait non seulement une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de renseignement tchécoslovaque redouté, mais qu’il en a reçu des paiements substantiels, à la fois en espèces et en nature », expliquent les travaux de Jan Koura.

Pour l’USFP, l’article en question est une « deuxième tentative d’assassinat », a estimé son secrétaire général Driss Lachgar, cité par le quotidien Al Akhbar. Dans une lettre publiée mardi dans son journal Al Ittihad Al Ichtiraki, le parti estime que des « voix contradictoires ont exploité ces allégations qui ne sont pas fondées sur des preuves, pour répandre leur poison et attaquer le martyr, sa famille, son parti et l’ensemble du mouvement progressiste ».

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