Moscou reconnait les efforts des talibans, craint pour son pré carré

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La Russie a reconnu mercredi les efforts des talibans pour stabiliser l’Afghanistan, mais a relevé que toute la région, zone d’influence russe, était menacée par la présence sur le terrain de groupes « terroristes » comme l’EI.

« Nous reconnaissons les efforts entrepris pour stabiliser la situation politico-militaire », a dit le chef de la diplomatie russe en ouverture de premiers pourparlers internationaux à Moscou avec les nouveaux maîtres de l’Afghanistan, une réunion à laquelle participe une dizaine de pays dont la Chine, le Pakistan et l’Iran.

Le ministre russe a cependant relevé que « de nombreux groupes terroristes, en premier lieu l’Etat islamique et Al-Qaïda cherchent à profiter » de l’instabilité du pays qui se prolonge, malgré la prise de pouvoir des talibans en août dans la foulée du retrait américain.

« Il existe un réel risque que les activités terroristes et le trafic de drogue (…) débordent sur le territoire des pays voisins », a-t-il relevé.

 

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« La région d’Asie centrale nous inquiète particulièrement », a souligné le diplomate, en référence aux ex-républiques soviétiques de la région qui constituent une zone d’influence traditionnelle de la Russie.

Face à la délégation conduite par le vice-Premier ministre Abdul Salam Hanafi et le ministre des Affaires étrangères Amir Khan Muttaqi, M. Lavrov a également appelé la communauté internationale à venir en aide aux Afghans.

– Mobiliser –

Les talibans, sous sanctions internationales, n’ont pas les fonds pour faire tourner les banques et payer les salaires.

« Nous sommes convaincus que le moment est venu pour la communauté internationale de se mobiliser pour fournir une aide humanitaire financière et économique, notamment pur empêcher une crise humanitaire et des exodes migratoires », a-t-il souligné.

M. Lavrov a enfin « regretté » l’absence de délégués américains à Moscou.

Cette réunion témoigne de l’intégration accru des talibans dans le jeu diplomatique, après les rencontres au Qatar avec les Occidentaux et en Turquie la semaine dernière.

Le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid a jugé d’ailleurs mardi que ces pourparlers renforçaient « la stature » du gouvernement afghan.

Pour la Russie, les pourparlers doivent ancrer sa position de puissance régionale en quête de stabilité à travers l’Asie centrale.

Elle veut donc que les talibans soit en mesure de stabiliser la situation politico-militaire et que donc ils forment un gouvernement « inclusif » rassemblant au-delà de leur mouvement afin de juguler ensemble l’action des groupes jihadistes.

Depuis leur retour éclair au pouvoir en août, les talibans sont confrontés à la menace de groupes plus radicaux qu’eux, en particulier aux attentats sanglants de l’Etat islamique – Khorasan (EI-K).

Vladimir Poutine a exprimé la semaine dernière son inquiétude quant à leur capacité d’empêcher l’ancrage de telles organisations qui ont « des plans pour étendre leur influence dans les pays d’Asie centrale et des régions russes ».

Si la Russie a raillé le retrait humiliant d’Afghanistan des Etats-Unis, son grand rival géopolitique, elle craint de voir le chaos s’étendre sur son flanc sud, région stratégique riche en matières premières.

Moscou a d’ailleurs multiplié ces derniers mois les manoeuvres militaires à la frontière afghane avec ses alliés régionaux, renforçant aussi sa base au Tadjikistan. La Chine a elle aussi mené des exercices dans la région.

– Empêcher une crise migratoire –

En outre, les Russes ont sans doute à l’esprit que la situation actuelle n’est pas étrangère à l’invasion soviétique (1979-1989), qui a marqué le début de décennies de guerres en Afghanistan.

 

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Lors d’une rencontre avec des diplomates occidentaux au Qatar mi-octobre, le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, avait lui prévenu que « l’affaiblissement du gouvernement afghan n’est dans l’intérêt de personne », évoquant le risque sécuritaire et celui d’un exode migratoire.

Russes, Turcs, Iraniens, Européens, pays d’Asie centrale: tous ont à coeur d’éviter une crise de réfugiés. M. Lavrov a notamment relevé mercredi que des jihadistes pourraient « se cacher dans des flux migratoires ».

Si les autorités russes parlent aux talibans, mouvement interdit en Russie, depuis des années, elles ne comptent pas dans l’immédiat les reconnaître comme le gouvernement légitime de l’Afghanistan.

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