Yémen: incertitude sur les discussions à Genève

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Credits: AFP

L’incertitude planait encore jeudi sur les discussions de paix sur le Yémen à Genève qui doivent se tenir sous l’égide de l’ONU, la délégation des rebelles Houthis étant toujours attendue en Suisse.
Les parties yéménites étaient en principe attendues jeudi au Palais des Nations, siège de l’ONU à Genève, mais en raison de l’absence de la délégation des Houthis qui ont annoncé mercredi être bloquée dans la capitale yéménite de Sanaa, l’émissaire de l’ONU, le Britannique Martin Griffiths, a décidé de ne pas mener de consultations jeudi dans l’enceinte onusienne, où les discussions pourraient débuter vendredi.
En attendant, le Britannique s’est rendu jeudi dans l’hôtel de la délégation du gouvernement, a constaté un journaliste de l’AFP. Mais l’ONU est restée silencieuse sur les activités de l’émissaire.
Les discussions de Genève sont les premières depuis l’échec en 2016 d’un processus de paix qui avait duré plusieurs mois au Koweït.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté mercredi les parties yéménites à « faire un premier pas vers la fin d’un conflit », qui est à l’origine de la pire crise humanitaire du monde contemporain.
« Le peuple yéménite a désespérément besoin d’un signal d’espoir. Nous aimerions penser que le travail que nous ferons ensemble ces prochains jours commencera à leur envoyer une lueur d’espoir », a déclaré Griffiths, lors d’une conférence de presse mercredi.
Mais le niveau d’attente des parties yéménites n’est guère élevé et Griffiths lui-même a fixé la barre assez bas, assurant qu’il ne s’agit que de « consultations » visant à « poser les bases » pour des « négociations formelles (…) qui commenceront plus tard ».
Et signe du fossé qui sépare le gouvernement yéménite, appuyé par l’Arabie saoudite, des rebelles Houthis soutenus par l’Iran, aucun face-à-face direct n’est prévu, sauf surprise, lors de ces consultations organisées par le nouveau médiateur de l’ONU, en poste depuis février.
« L’ONU n’a pas réussi à obtenir une autorisation des pays de l’agression (ndlr: Arabie saoudite et Emirats arabes unis) pour fournir un avion omanais afin de transporter la délégation (des Houthis), des blessés et des personnes bloquées à Sanaa », a déclaré mercredi une source au sein de la délégation, citée par la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.
Les Houthis n’ont pas expliqué pourquoi l’avion de la délégation rebelle devait transporter « des blessés et des personnes bloquées » dans la capitale yéménite.
Un porte-parole rebelle, Mohammed Abdelsalam, avait auparavant affirmé mercredi dans un tweet que l’ONU avait « promis de faciliter le transport de blessés (…) à l’étranger ».
Griffiths a assuré mercredi que l’ONU « travaillait » pour permettre la venue de la délégation des rebelles Houthis.
Il a par ailleurs relevé que l’un des enjeux des consultations serait de tenter d’établir des « mesures de confiance » entre les parties, comme la vaccination des enfants ou la libération de prisonniers. « Il y a une chance de progrès tangibles » en la matière, a-t-il dit.
Griffiths est le troisième médiateur à se plonger dans le complexe dossier yéménite.
La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.
En mars 2015, une coalition sous commandement saoudien est intervenue militairement au Yémen en soutien aux forces progouvernementales.
Le conflit a fait quelque 10.000 morts, selon l’ONU.
Jusqu’ici, les belligérants campent sur leurs positions.
La coalition et ses protégés yéménites insistent sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant « la légitimité » du président Abd Rabbo Mansour Hadi et exigeant le retrait des Houthis des territoires qu’ils ont conquis et la restitution des armes lourdes.
Les Houthis demandent, eux, « l’arrêt de l’agression » saoudo-émiratie avant toute concession.
La coalition sous commandement saoudien a admis jeudi de possibles « dommages collatéraux et des victimes civiles » lors d’opérations qui ont visé le 23 août des rebelles Houthis.
La coalition a par ailleurs annoncé que l’Arabie saoudite avait intercepté mercredi au-dessus de la ville saoudienne de Najrane un missile balistique tiré depuis le Yémen par des rebelles Houthis.
Les débris du missile ont fait 26 blessés dont deux enfants, selon la coalition, citée par des médias saoudiens.
Jeudi, seize ONG humanitaires internationales, dont Amnesty International France et Médecins du Monde, ont appelé le président français Emmanuel Macron à condamner explicitement les attaques faisant des victimes civiles au Yémen et lui ont réitéré leur demande d’une suspension des livraisons d’armes françaises à l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis.

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