Violences à Nantes: le policier auteur du tir mortel placé en garde à vue

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Ce placement s’est fait sous le chef de «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner», suite au décès, mardi soir, d’un jeune homme lors d’un contrôle policier. Le premier ministre Édouard Philippe s’est rendu sur place.
Alors que de nouvelles tensions menacent toujours à Nantes, le policier auteur du tir qui a mortellement touché un jeune homme de 22 ans, mardi, lors d’un contrôle routier dans le quartier du Breil, a été placé en garde à vue. Celle-ci a débuté jeudi midi, sous le «chef de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner», a précisé le procureur de la République de Nantes. «Ce n’est qu’à l’issue de cette mesure de garde à vue» que le magistrat «sera en mesure de faire connaître sa décision sur les suites à réserver à cette affaire», a-t-il ajouté.
Cette annonce intervient quelques heures après le déplacement du premier ministre, Édouard Philippe, à Nantes, où il a rencontré la maire socialiste, Johanna Rolland. Le chef du gouvernement a condamné fermement les violences tout en promettant des «exigeances» afin que «toute la lumière soit faite dans la plus grande transparence sur les circonstances» de ce décès. Le SRPJ de Nantes et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été saisis. Quatre personnes ont été entendues et un témoignage «utile» a été recueilli par les policiers après l’appel à témoins lancé mercredi, a encore précisé le procureur de la République.
Plusieurs interpellations dans la nuit de mercredi à jeudi
Les proches du jeune homme tué avaient appelé au calme mercredi soir par la voix de leur avocat, avant une marche blanche qui a démarré ce jeudi à 18 heures dans le quartier du Breil. «On fait des appels au calme pour que la marche blanche de demain (jeudi) se passe dans les meilleures conditions», a déclaré Me Antonin Péchard, précisant que la famille était «véritablement dévastée». Cette marche blanche a pris son départ devant le 68 rue des Plantes où s’est déroulé le contrôle puis faire un tour du quartier du Breil. Les proches de la victime ne souhaitent pas s’exprimer publiquement sur les faits mais leur avocat devrait prendre la parole à l’issue de la marche blanche pour évoquer le fond du dossier.
Sans atteindre le niveau de violence de la veille, la tension n’était en effet pas tout à fait retombée dans la nuit de mercredi à jeudi à Nantes. Dix-neuf personnes ont ainsi été interpellées au lendemain de la mort du jeune homme. Onze d’entre elles ont été placées en garde à vue. La plupart des interpellations ont eu lieu dans le quartier du Breil, où la victime a été tuée par le tir d’un policier. Quatre mineurs figurent parmi les personnes interpellées.
«Ces personnes ont été arrêtées pour des affaires de violences, jets de projectiles et tentative d’incendie», précise une source proche du dossier citée par l’AFP. Selon Ouest-France , certaines sont aussi soupçonnées d’être impliquées dans ce qui ressemble à un tir de 22 long rifle sur le casque d’un policier. Ce dernier n’a pas été blessé.
Un «climat de tension particulier»
Ces violences urbaines font suite au décès d’un jeune de 22 ans mardi soir vers 20h30 lors d’un contrôle de police. Sous le coup d’un mandat d’arrêt pour «vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs», il avait tenté de s’enfuir en effectuant une marche arrière, a relaté mercredi le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. Un policier a suivi le véhicule avant de faire feu une seule fois sur le chauffeur, l’atteignant au cou. Le conducteur est mort à l’hôpital vers 22h30. L’automobiliste avait été contrôlé alors qu’un «climat de tension particulier» régnait déjà sur le Breil depuis quelques jours, selon le magistrat.
Après un calme relatif en début de soirée mercredi, des départs d’incendies ont repris dans les quartiers dits «sensibles» du Breil, Bellevue, Dervallières et Malakoff. Toute la nuit, les forces de l’ordre ont fait face «à quelques petits groupes». Sept bâtiments publics ont été incendiés, dont une bibliothèque, une maison de quartier, une mairie annexe ou une crèche, et une dizaine de commerces. Une pharmacie a notamment été détruite aux Dervallières et plus d’une quarantaine de véhicules ont été incendiés. Le calme a été rétabli vers 5 heures. Jeudi matin, les pompiers étaient toujours à l’oeuvre dans le quartier nantais des Dervallières.
À Garges-lès-Gonesse, dont est originaire la victime, des policiers ont été la cible de jets de projectiles et de cocktails molotov à plusieurs reprises dans la nuit et des poubelles ont été incendiées. Les policiers ont procédé à une interpellation. Dans la soirée, une marche avait rassemblé environ 200 personnes de Garges-lès-Gonesse jusqu’au commissariat de Sarcelles, la commune voisine.

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