Vidéos. Dans la foulée du référendum, la Catalogne en grève générale

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Du FC Barcelone à la fameuse Sagrada Familia, le débrayage de ce mardi s’accompagne de manifestations partout dans la région indépendantiste. Deux jours après le référendum jugé illégal par Madrid, Le Figaro fait le point sur une mobilisation qui ne faiblit pas.

Après le référendum d’autodétermination mené illégalement par la Catalogne et ponctué dimanche de vives tensions avec les forces de l’ordre, la Catalogne est en grève générale ce mardi. Si de nombreuses incertitudes demeurent sur les suites de cette crise politique, une chose apparaît certaine, l’affrontement entre Madrid et Barcelone ne faiblit pas et ni l’exécutif catalan, ni Madrid ne semblent avoir l’intention de faire baisser la pression. Plusieurs échéances sont déjà à attendre. Nous faisons le bilan en cinq points:

 Un appel à la grève générale

La grève avait dans un premier temps été convoquée par des syndicats minoritaires. Mais finalement, après les brutalités et les violences ayant amené dimanche plus de 800 personnes à solliciter une assistance médicale, une quarantaine d’organisations syndicales – et notamment les deux principales confédérations du pays -, politiques et sociales de Catalogne ont décidé d’y adhérer pour montrer une image d’unité face à ces agressions. «Nous appelons toute la société, les organisations patronales, les chefs d’entreprise, les syndicats, les travailleurs, les indépendants, les institutions et tous les citoyens de Catalogne à un arrêt du pays mardi 3 octobre», ont appelé ces organisations. «Je suis convaincu que cette grève sera très suivie», a déclaré le président de la région Carles Puigdemont.

Le débrayage est prévu au port de Barcelone, dans les universités publiques, les transports, le Musée d’art contemporain (MACBA), parmi les employés de l’opéra et même ceux de la fameuse Sagrada Familia, la cathédrale de Gaudi. Le Barça suivra aussi la grève: ni les équipes professionnelles ni celles des jeunes ne s’entraîneront ce mardi.

La grève, dont les organisateurs veulent faire une démonstration «de paix», pourrait se doubler d’une forte mobilisation dans les rues catalanes. Lundi, des manifestations ont déjà rassemblé des milliers de personnes à Barcelone contre les violences de la veille. «Ce sont nos armes», clamaient notamment certains manifestants en tendant leurs bras.

• Le président catalan veut déclarer l’indépendance de la région

L’affirmation de Carles Puigdemont, dimanche soir, laisse peu de doutes. «Avec cette journée d’espoir et de souffrances, les citoyens de Catalogne, nous avons gagné le droit d’avoir un État indépendant qui prenne la forme d’une République», a annoncé le président catalan après le vote. Il a indiqué que son gouvernement transmettrait les résultats dans les prochains jours au Parlement de Catalogne «pour qu’il agisse en conséquence, comme prévu par la loi organisant le référendum».

Samedi déjà, il avait assuré à l’AFP qu’en cas de victoire du «oui», il déclarerait l’indépendance de la Catalogne. En théorie, en vertu de la loi votée le 6 septembre par la majorité séparatiste au parlement catalan, l’indépendance doit être proclamée dans les 48 heures suivant une victoire du «oui». Selon le porte-parole du gouvernement catalan, 90% des votants, soit deux millions de personnes – sur les 7,5 millions de Catalans – ont choisi le «oui».

Quelques voix discordantes se sont exprimées, dont la maire de gauche de Barcelone, Ada Colau. Pour l’élue, les séparatistes ne pourraient dans tous les cas pas proclamer «tous seuls» une indépendance que personne ne leur reconnaîtrait.

• Mariano Rajoy va réunir les partis pour faire le point

«Nous avons fait ce que nous avions à faire, en agissant selon la loi et uniquement selon la loi», a estimé le chef du gouvernement espagnol, dimanche soir, évoquant une «véritable attaque contre l’Etat de droit». Mariano Rajoy a indiqué qu’il se présenterait devant le Congrès pour exprimer sa vision des choses sur la situation catalane, rapporte El País . Le premier ministre a également annoncé qu’il convoquerait l’ensemble des partis politiques pour aborder la question.

L’une des options possibles pour Madrid, déjà évoquée avant le vote, est l’utilisation de l’article 155 de la Constitution espagnole. Ce texte permet au gouvernement espagnol de suspendre temporairement l’autonomie d’une région pour y faire respecter la Constitution. Si l’exécutif catalan proclamait unilatéralement l’indépendance, cette mesure pourrait être mise en place.

• Une médiation internationale demandée

Le président catalan demande qu’une médiation internationale soit mise en place. Pour surmonter la crise avec le gouvernement espagnol, «il nous faut la présence d’un tiers», a estimé Carles Puigdemont lors d’une conférence de presse. Cette situation mérite de faire l’objet d’une «médiation, et elle doit être internationale». Puigdemont voit un moyen de «mettre fin à la violence judiciaire et aux restrictions de liberté».

Le président catalan s'est exprimé lors d'une conférence de presse, lundi, à Barcelone/

Il a également demandé que la Police nationale et la Garde civile se retirent de la Catalogne, indique El País . Madrid avait envoyé plusieurs milliers d’agents en renfort.

Peu après cet appel lundi, le Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Zeid Ra’ad Al Hussein a exhorté les autorités espagnoles à mener des enquêtes «complètes, indépendantes et impartiales sur tous les actes de violence» commis dimanche. Rappelant que «les interventions policières doivent être en tout temps proportionnées et nécessaires», il estime que cette crise «devrait être résolue par le dialogue politique, dans le plein respect des libertés démocratiques».

• L’Union européenne directement interpellée

Dimanche, le président catalan avait appelé l’Union européenne à s’impliquer directement dans le conflit qui l’oppose à l’État espagnol et à ne «plus regarder ailleurs». «Nous sommes des citoyens européens et souffrons d’atteintes à nos droits et liberté», affirmait-il, demandant à l’UE «d’agir rapidement».

Ce lundi, il a ajouté n’avoir «aucune indication selon laquelle l’UE pourrait prendre la tête de cette médiation» mais il a fait savoir qu’il ne cesserait pas pour autant de le demander, car cela lui semble être «une responsabilité» de l’unionUE.

Par la suite, l’Union européenne est justement sortie de son silence. La Commission européenne a appelé le gouvernement espagnol et les indépendantistes catalans à «passer rapidement de la confrontation au dialogue», dénonçant l’usage de la violence lors du vote. «La violence ne peut jamais être un instrument en politique», a ajouté le porte-parole de l’exécutif européen.

Lundi après-midi, les députés européens ont décidé d’ajouter à leur ordre du jour de mercredi un débat consacré à la situation en Catalogne, annonce le président du Parlement européen, Antonio Tajani. Ce débat d’urgence aura lieu l’après-midi à Strasbourg, après un vote sur cette question organisé en ouverture de la session plénière.

Emmanuel Macron a affirmé au président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy «son attachement à l’unité constitutionnelle de l’Espagne». Le président français a réaffirmé qu’il n’avait «qu’un seul interlocuteur, en la personne de M. Rajoy», sans évoquer les violences policières.

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