Vidéo. Comment les Maldives ont basculé dans le chaos

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Image d'archive. AFP

Le président Abdulla Yameen a décrété lundi l’état d’urgence et fait arrêter, ce mardi, deux juges de la Cour suprême et un ancien président.

Le petit archipel de l’océan indien est réputé pour ses eaux turquoises, ses plages paradisiaques de sable blanc. L’envers de ce décor idyllique est moins connu. Pourtant, en pleine saison touristique, de nombreux de pays, dont la France, ont dernièrement déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en vacances aux Maldives. Car le pays s’est enfoncé, depuis la fin de semaine dernière, dans le chaos politique. Le régime a décrété, lundi, l’état d’urgence pour les quinze prochains jours et multiplie les arrestations pour museler l’opposition. Depuis son élection controversée à la tête du pays en 2013, le président Abdulla Yameen mène une intense répression contre les dissidents politiques de cet archipel de quelque 340.000 habitants à majorité sunnite. Presque toute l’opposition politique est en prison ou en exil.
L’instauration de l’état d’urgence renforce les pouvoirs déjà étendus des forces de sécurité pour arrêter et maintenir en détention des suspects. Dans la nuit de lundi à mardi, l’ex-autocrate Maumoon Abdul Gayoom, demi-frère du président actuel, qui est récemment passé dans l’opposition, était interpellé à son domicile. «Je n’ai rien fait pour être arrêté», plaidait un peu plus tôt l’octogénaire dans un message vidéo posté sur Twitter. Puis, au petit matin, des forces lourdement armées et des unités spéciales de la police investissaient le bâtiment de la Cour suprême pour y arrêter son président, Abdulla Saeed, et un autre juge de haut rang, Ali Hameed. De son côté, le Parlement, où l’opposition détient désormais sur le papier la majorité, est suspendu depuis samedi.
À l’origine de cette crise: une décision choc de la Cour suprême. Celle-ci a cassé, jeudi dernier, les condamnations pour terrorisme de neuf éminents opposants prononcées en 2015. Parmi eux, Mohamed Nasheed, le premier président démocratiquement élu du pays. C’est cet arrêt qu’a réfusé d’exécuter le gouvernement avant de décréter l’état d’urgence. Le président Abdulla Yameen a insisté, ce mardi, à la télévision, une «conspiration» des juges destinée à le renverser. Ce mardi, la Cour suprême, réduite à trois juges, a finalement annoncé sa décision de revenir sur son arrêt ordonnant la libération des neuf opposants, «à la lumière des inquiétudes exprimées par le président».
Depuis son exil au Sri Lanka, l’ancien président Nasheed a dénoncé, ce mardi, la situation dans le pays: «Le président Yameen a illégalement déclaré la loi martiale et s’est emparé de l’État. Nous devons l’évincer du pouvoir.» Il a aussi fait appel au voisin indien qui avait envoyé des troupes dans le pays en 1988 pour empêcher un coup d’État.
Connu pour son engagement contre le réchauffement climatique, Mohamed Nasheed avait été acculé à la démission en 2012 par une mutinerie de la police, puis battu aux élections l’année suivante. En 2015, il avait été condamné à 13 ans de prison pour «terrorisme». Un jugement politiquement motivé, selon les Nations unies. Aujourd’hui, Mohamed Nasheed ne cache ses prétentions en vue de la présidentielle prévue cette année.

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