Vidéo. Les deux Corées se parlent pour la première fois en deux ans

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Le ministre coréen de l'Unification Cho Myung-Gyun (à gauche) serre la main du chef de la délégation nord-coréenne Ri Son-Gwon (à droite). Crédit: AFP

Pyongyang et Séoul se rencontrent, ce mardi, à Panmunjom, sur la ligne de démarcation, une première depuis décembre 2015.
Les Jeux olympiques d’hiver se tiennent dans moins d’un mois en Corée du Sud, et rarement un dégel avait autant réjoui un pays hôte. Pour la première fois depuis deux ans se tiennent ce mardi des discussions bilatérales entre Pyongyang et Séoul à la Maison de la paix de Panmunjom le 9 janvier, un bâtiment situé dans la «zone commune de sécurité» (JSA), près du village frontalier du même nom où fut signé, en 1953, le cessez-le-feu entre le Nord et le Sud.

À cette occasion, la Corée du Nord a déclaré qu’elle allait envoyer des athlètes, des supporters et des responsables de haut rang aux Jeux olympiques d’hiver organisés le mois prochain par la Corée du Sud à Pyeongchang, a déclaré mardi un responsable sud-coréen. Séoul a suggéré que les athlètes des deux Corées défilent ensemble lors de la cérémonie d’ouverture. Cette participation du Nord sera évoquée «en milieu de semaine» au siège du Comité international olympique (CIO) à Lausanne.
Séoul a de son côté a annoncé qu’elle n’excluait pas une levée temporaire des sanctions contre la Corée du Nord dans le cas où cela s’avérerait nécessaire pour faciliter la visite d’une délégation nord-coréenne aux JO. La Corée du Sud a en effet interdit l’entrée de son territoire à plusieurs responsables nord-coréens en réponse aux essais nucléaires et aux tests de missiles du régime communiste de Pyongyang. Elle a aussi proposé la tenue de pourparlers militaires intercoréens afin de faire baisser les tensions dans la péninsule ainsi qu’une réunion des familles séparées par la guerre de Corée d’ici aux vacances du Nouvel An lunaire, prévues du 15 au 17 février, a ajouté Chun Hae-sung, vice-ministre de l’Unification sud-coréen.
La question des familles séparées
Pour la rencontre à la Maison de la paix, la délégation sud-coréenne comporte quatre officiels, dont un vice-ministre des Sports. Elle est emmenée par Cho Myung-Gyon. La délégation nord-coréenne est quant à elle dirigée par le chef du département nord-coréen en charge des affaires intercoréennes, Ri Son-Gwon, accompagné de quatre responsables dont deux en charge des questions sportives.
Lors de ces discussions, le Nord souhaite insister sur la nécessité de réaliser la réunification. Quant au Sud, il met au premier plan cette question épineuse des familles séparées depuis l’armistice. Depuis la partition de la péninsule, des millions de familles vivent séparées et des millions de personnes sont décédées sans avoir jamais pu se revoir. Les réunions de famille n’ont véritablement repris qu’en 2000 après un sommet historique entre le Nord et le Sud. Censées se produire une fois par an, ces rencontres ont très régulièrement été annulées au gré des crises successives.
Le dialogue entre les frères ennemis était interrompu depuis décembre 2015. Entre-temps, trois essais nucléaires et de multiples tirs de missiles nord-coréens ont poussé la tension plusieurs fois à son paroxysme. Dans ce contexte, la réouverture de discussions laisse entrevoir une éclaircie dans leurs relations tumultueuses.

«Je veux vraiment que cela marche entre les deux pays, j’aimerais les voir participer aux Jeux olympiques et les choses pourraient peut-être continuer à partir de là». Donald Trump

Lors de son adresse à la Nation, lors du Nouvel an, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a certes réaffirmé ses prétentions nucléaires, affirmant même avoir atteint son objectif puisque son «bouton» atomique lui permettait désormais d’atteindre l’ensemble du territoire américain ; déclaration qui provoquera une passe d’arme ubuesque avec Donald Trump. Mais il a aussi lancé une main tendue au Sud, évoquant la possibilité d’une participation nord-coréenne aux Jeux olympiques de Pyeongchang.
Séoul a répondu par la positive en proposant l’entrevue de ce mardi, acceptée par Pyongyang. Dans la foulée, Kim Jong-Un a ordonné le rétablissement du téléphone rouge, cette ligne téléphonique d’urgence qui relie les deux puissances. Le premier ministre sud-coréen a par ailleurs réussi à obtenir le report des manœuvres militaires conjointes avec les États-Unis. Traditionnellement effectuées chaque printemps sur la péninsule, elles provoquent l’ire de Pyongyang. Aux États-Unis, la perspective d’un réchauffement entre les deux pays a été saluée par Donald Trump.
Depuis la résidence présidentielle de Camp David, le président américain s’est dit prêt, samedi, à s’entretenir avec le leader nord-coréen Kim Jong-un. «Je veux vraiment que cela marche entre les deux pays, j’aimerais les voir participer aux Jeux olympiques et les choses pourraient peut-être continuer à partir de là», a-t-il fait valoir.
Mais Donald Trump a d’emblée précisé qu’il ne pourrait entamer un tel dialogue avec Pyongyang sans une condition préalable: l’arrêt des essais nucléaires. Un prérequis réaffirmé le lendemain par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley: les Nord-coréens «doivent arrêter leurs essais. Ils doivent être d’accord pour parler de l’interdiction de leurs armes nucléaires», avant toute discussion. Et d’ajouter: «Cela ne se fera pas du jour au lendemain».
 
Par Edouard de Mareschal

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