Vidéo. Au Pakistan, la chrétienne Asia Bibi est libre

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Asia Bibi. DR.

En rejetant un dernier recours, la Cour suprême a définitivement blanchi cette Pakistanaise de confession chrétienne. Cependant, les menaces de mort des islamistes radicaux, qui réclamaient sa pendaison, devraient la pousser à fuir son pays avec sa famille.

C’est la fin d’un marathon judiciaire qui a démarré en 2009. Il est environ 15 heures, mardi, à Islamabad lorsque trois magistrats de la Cour suprême rejettent la demande en révision de l’affaire Asia Bibi. Cette mère de famille chrétienne qui a passé huit ans derrière les barreaux pour un crime de blasphème qu’elle n’a pas commis est reconnue innocente. Une fois pour toutes.


La Cour suprême l’avait acquittée le 31 octobre dernier. Mais l’avocat de l’imam à l’origine de la plainte avait déposé un recours peu après. Mardi, il a demandé aux juges qu’un panel de magistrats et d’oulémas reprennent le dossier. Une requête que le président de la Cour, Asif Saeed Khosa, a balayée. «En quoi l’islam indique que quelqu’un doit être puni sans preuve?», a-t-il répliqué, réitérant un point qu’il avait martelé en rédigeant l’arrêt d’octobre: le dossier de l’accusation est vide.

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La décision de mardi n’est pas une surprise. Ces dernières semaines, l’avocat d’Asia Bibi, Saif-ul-Malook, était optimiste. «La demande de révision sera une formalité. Dans ce genre de cas, le juge qui préside l’audience convoque l’avocat qui demande une révision. Il le questionne sur ce qui est contraire à la Constitution dans le jugement. Et comme la plupart du temps, le verdict est conforme au droit, la demande est rejetée en moins de deux minutes», nous avait-il expliqué avant l’audience de mardi.

Dans le cas d’Asia Bibi, les débats ont duré près de deux heures. Le blasphème est un crime puni de mort au Pakistan et pris très au sérieux par les islamistes. «Je suis triste de voir l’image que nous donnons de l’islam au monde entier», a déploré le juge Khosa.

Le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), un parti islamiste qui avait paralysé le pays les 1er et 2 novembre pour exiger la pendaison d’Asia Bibi, a condamné le verdict mais sans que des manifestations de masse ne bloquent les rues. La plupart des leaders du mouvement ont été interpellés et placés en détention le 23 novembre dernier après avoir appelé leurs partisans à tuer les juges et exhorté les soldats à la mutinerie.

Un possible asile au Canada

Sur les réseaux sociaux, des sympathisants du TLP continuent d’appeler à l’exécution d’Asia Bibi par pendaison. C’est dire si sa sécurité demeure précaire. Depuis qu’elle est sortie de prison le 7 novembre, elle vit cachée et sous haute protection au Pakistan. Son mari, Ashiq Masih, a multiplié les demandes d’asile auprès de pays occidentaux.

D’après Saif-ul-Malook, il semble que le Canada soit prêt à accueillir Asia Bibi. «Je pense qu’Ottawa accordera l’asile. Ses filles vont bientôt partir là-bas et lorsque ce sera fait, il est logique qu’Asia Bibi et son mari les rejoignent», avait-il expliqué au Figaro début décembre.

Contacté vendredi dernier, le porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères n’a pas confirmé cette information, déclarant seulement: «Le Canada est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité d’Asia Bibi. Nous travaillons avec nos partenaires et alliés aux vues similaires sur cette question.»

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Pour certains, un asile au Canada serait une bonne solution. «Les autorités locales ont l’habitude de gérer ce genre de situation», observe Paul Bhatti, ancien ministre pakistanais des Minorités. En 2013, Rimsha Masih, une adolescente accusée à tort d’avoir brûlé un manuel coranique, avait été exfiltré vers ce pays.

Mardi soir, les autorités pakistanaises n’ont donné aucune information quant à un départ imminent d’Asia Bibi à l’étranger. «Elle est libre de quitter le pays. J’ignore quels sont ses projets», assure le ministre de l’Information Fawad Chaudhry. Saif-ul-Malook, lui, espère pouvoir rester chez lui. «Je veux vivre dans mon pays et continuer à travailler pour les chrétiens pakistanais.»

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