Vidéo. Après son départ d’Arabie saoudite, les options qui s’offrent à Saad Hariri

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Le premier ministre libanais démissionnaire a été accueilli samedi à la mi-journée au palais de l’Élysée par le chef de l’État Emmanuel Macron pour un entretien suivi d’un déjeuner.

«Ahlan wa sahlan» (Bienvenue) en France», a twitté en arabe Emmanuel Macron, peu avant de recevoir samedi à midi à l’Élysée, Saad Hariri, le premier ministre démissionnaire du Liban, rentré quelques heures plus tôt d’Arabie saoudite, où il aurait été retenu contre son gré.

Comme si le chef de l’Etat accueillait en grande pompe un ex-otage de retour de captivité. Saad Hariri était accompagné de son épouse et de leur fils Ossam, venu de Londres où il étudie.

En fait, la famille Hariri n’était pas au complet autour de la table pour le déjeuner offert par le couple Macron. Les deux autres enfants, Abdelazziz et Lulwa, âgés de 16 et 13 ans, seraient restés à Riyad. Problème de scolarisation, fait valoir un diplomate français. À voir.

À sa sortie de l’Élysée, le fils de Rafic Hariri a remercié Emmanuel Macron «pour son soutien». «Il a fait preuve d’une amitié infaillible et je ne l’oublierai jamais», a-t-il dit. «Je me rendrai à Beyrouth les jours prochains et participerai à la fête nationale et de là-bas je ferai connaître ma position, après m’être entretenu avec le président Michel Aoun», a-t-il confirmé. «La France a montré encore une fois la grandeur de son rôle dans le monde et la région. Elle prouve son attachement au Liban et à sa stabilité», a-t-il ajouté.

Deux scenarii

Maintenant que Saad Hariri est libre de ses mouvements, comme le souhaitait Emmanuel Macron, le responsable libanais va devoir répondre à la question que tous les commentateurs se posent: va-t-il oui ou non maintenir sa démission à la tête du gouvernement libanais?

On devrait être fixé mercredi prochain quand il rentrera au Liban. En attendant, le premier ministre démissionnaire pourrait se rendre en Egypte, afin de recueillir un soutien arabe à sa démarche. L’appui du Caire, plus grand pays arabe, lui est indispensable, après ce qui s’apparente à un lâchage de l’Arabie saoudite, son allié le plus fort jusqu’au déclenchement de cette crise, le 4 novembre par l’annonce depuis Riyad de sa démission surprise.

D’ores et déjà, des émissaires venus du Liban sont à Paris pour évaluer les options qui s’offrent à Saad Hariri.

Premier scénario: il maintient sa démission, estimant que les raisons pour lesquelles il a remis son tablier n’ont pas varié, à savoir que le Hezbollah et son parrain l’Iran n’ont rien changé de leur position dominante au Liban, voire au Yémen, comme Riyad le réclame. Dans ce cas, l’actuel gouvernement libanais pourrait continuer de gérer les affaires courantes jusqu’à la tenue des prochaines élections législatives prévues en mai 2018. Après quoi, Saad Hariri et ses soutiens internationaux réévalueraient sa position. C’est probablement le scénario le plus probable.

Second scénario: Saad Hariri au contraire revient sur sa démission et demeure premier ministre. «Au Liban, quelque chose a changé à la faveur de cette crise», relève un observateur, joint au téléphone à Beyrouth. «Les sunnites, ajoute-t-il, alliés traditionnels de l’Arabie n’ont pas marché dans la volonté de Riyad de se séparer de Saad Hariri». Et comme – une fois n’est pas coutume dans un pays historiquement fragmenté – même ses adversaires ont fait cause commune avec Saad Hariri, ce dernier pourrait être tenté de rester chef du gouvernement. Certaines voix au sein de son mouvement réclament d’avancer les élections de mai, afin que Saad Hariri bénéficie des retombées de cette crise en termes de popularité retrouvée.

Tractations

Des tractations vont donc commencer sur la possibilité ou non d’établir «une nouvelle équation» gouvernementale au Liban. Mais, ajoute l’observateur de Beyrouth, «le président Aoun ne devrait pas accepter de composer un nouveau gouvernement car cela exigerait un nouveau pacte, une nouvelle déclaration de politique générale», comme le réclame l’Arabie saoudite. En clair, remettre au pas le Hezbollah pro-iranien qui dispose d’une milice plus forte que l’armée libanaise.

Or, comme le confiait cette semaine depuis Riyad, un diplomate français: «remettre au pas le Hezbollah est un défi immense. À chaque fois que les Israéliens ont essayé militairement, ils ont échoué». Bref après le retour de Saad Hariri en France, les problèmes liés à l’homogénéité du système politique libanais ne font que recommencer.

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