Un ex-employé de Twitter jugé pour espionnage en faveur de l’Arabie saoudite

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Avec un autre employé de Twitter, Ali Alzabarah, ils sont accusés d'avoir été approchés par Ryad fin 2014-début 2015 afin de transmettre des données d'utilisateurs accessibles uniquement en interne. DR.

Un jury en Californie doit juger du sort d’un ancien employé de Twitter, accusé par la justice américaine d’avoir soutiré de sa propre plateforme des données personnelles au profil de l’Arabie saoudite, qui cherchait à connaitre l’identité de critiques du régime.

Selon l’accusation, Ahmad Abouammo, un « employé corrompu », a vendu pour des dizaines de milliers de dollars à Ryad des informations détaillées sur des comptes anonymes précis.

La défense, avant que le jury ne se retire pour délibérer jeudi, a répliqué qu’il ne faisait que son travail, acceptant simplement quelques cadeaux.

« Les preuves ont montré que, pour de l’argent et alors qu’il pensait faire ça à l’abri des regards, le prévenu a vendu sa place à un proche » de la famille royale saoudienne, a déclaré le procureur fédéral Colin Sampson dans ses derniers mots face au jury.

Ahmad Abouammo a été arrêté à Seattle en novembre 2021, considéré comme travaillant illégalement en faveur d’un gouvernement étranger.

Avec un autre employé de Twitter, Ali Alzabarah, ils sont accusés d’avoir été approchés par Ryad fin 2014-début 2015 afin de transmettre des données d’utilisateurs accessibles uniquement en interne (adresse email, numéro de téléphone, date de naissance, etc.) qui pourraient permettre à l’Arabie saoudite d’identifier des critiques jusqu’à présent anonymes sur le réseau social.

Si M. Abouammo a quitté Twitter en 2015 pour aller s’installer à Seattle, Ali Alzabarah, un saoudien, a lui quitté les Etats-Unis.

Lire aussi: Pour l’Arabie saoudite, le meurtre de Khashoggi est une affaire classée

Pour Angela Chuang, l’avocate de Ahmad Abouammo, son client est jugé en lieu et place de M. Alzabarah. « Et c’est de leur faute, (la justice américaine) a laissé M. Alzabarah fuir le pays alors qu’il était sous surveillance du FBI! », a-t-elle lancé.

L’avocate, si elle reconnaît qu’une opération saoudienne aurait pu, il y a sept ans, avoir été montée dans le but d’obtenir des informations sur des opposants auprès d’employés de Twitter, assure que l’accusation n’a pas prouvé que son client en faisait partie.

« C’est évident que les accusés que cherchait le gouvernement ne sont pas là », a déclaré Mme Chuang.

Elle a raillé la procédure qui s’achève comme une « enquête de ressources humaines déguisée en procès fédéral ».

Son client est en effet accusé par Twitter de n’avoir pas respecté les règles de l’entreprise en ne déclarant pas à sa hiérarchie avoir reçu 100.000 dollars et une montre d’une valeur de plus de 40.000 dollars de la part d’un proche de la monarchie saoudienne.

C’était « de l’argent de poche » pour des Saoudiens habitués à l’opulence, a dit aux jurés Mme Chuang.

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