Un braqueur récidiviste s'évade en hélicoptère d'une prison française

Publié le
AFP.

Le braqueur récidiviste Redoine Faïd, 46 ans, s’est évadé par hélicoptère avec la complicité d’un commando armé dimanche matin de sa prison près de Paris, cinq ans après sa première évasion spectaculaire d’une prison française.
L’opération, qui s’est déroulée vers 11H30, a duré « quelques minutes » et n’a fait ni blessé ni otage, dans la prison de Réau, au sud-est de Paris dans le département de Seine-et-Marne, a-t-on appris auprès de l’administration pénitentiaire (AP).
« Un commando armé s’est posé dans la cour d’honneur du centre pénitentiaire (…) alors que le détenu se trouvait au parloir », a ajouté l’AP.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a estimé que pour cette « évasion hors norme », le commando « très bien préparé », avait « sans doute repéré les lieux par le biais de drones », soulignant que les complices du braqueur étaient passés par « une porte très peu utilisée ».
« Il y a quelques mois, les services de l’établissement avaient repéré des drones qui survolaient l’établissement », a-t-elle souligné.
De source proche du dossier, on précise que l’évasion s’est faite « avec trois complices » et que l’hélicoptère a été retrouvé à Gonesse, au nord de Paris, à une soixantaine de km de la prison. « Un dispositif de recherche a été activé dans toute l’Ile-de-France », a-t-on ajouté.
Brassards de police et kalachnikov 
Selon une source policière, le pilote de l’hélicoptère a été pris en otage par les complices de Redoine Faïd. En état de choc, il a été transporté à l’hôpital quand il a été récupéré à Gonesse.
Une fois l’appareil posé dans la cour d’honneur de la prison, dépourvue de filets, « deux individus armés sont descendus munis de disqueuses » et ils ont « lâché des fumigènes dans la cour », a raconté à l’AFP Martial Delabroye, secrétaire syndical FO du centre pénitentiaire.
Les deux hommes, « habillés de noir, portant des cagoules et des brassards de police » et équipés de « fusil d’assaut de type kalachnikov, ont découpé une porte menant via un chemin de service au parloir » où Faïd se trouvait avec l’un de ses frères, a ajouté le représentant syndical.
L’hélicoptère, de type Alouette, s’est posé dans une zone de bureaux et d’entrepôts à Gonesse, a constaté une journaliste de l’AFP. Il a fait l’objet d’une tentative d’incendie qui n’aurait pas abouti, avec une vitre gondolée par la chaleur et un habitacle noirci.
Faïd et ses complices auraient ensuite utilisé une voiture qui a été retrouvée incendiée sur le parking d’un centre commercial de la région, a-t-on indiqué de source policière. Dans l’après-midi, la police scientifique inspectait le véhicule, une Renault Mégane noire, a constaté la journaliste de l’AFP.
La police judiciaire a été saisie et « tous les moyens sont mobilisés pour localiser le fugitif », a indiqué le ministère de l’Intérieur. Les unités territoriales de la police et de la gendarmerie « ont été immédiatement alertées des faits » et « des dispositifs coordonnées de contrôle et d’interception sont mis en place, qui tiennent compte de la dangerosité du fugitif et de ses possibles complices ».
Otages et explosions au plastic 
Le parquet de Paris a ouvert une enquête en flagrance des chefs d’évasion en bande organisée et d’association de malfaiteurs, a-t-il indiqué.
Redoine Faïd a été condamné en appel en avril à 25 ans de réclusion pour un braquage raté en région parisienne, qui avait coûté la vie en 2010 à une policière municipale, mitraillée à l’issue d’une course-poursuite sur l’autoroute.
Il a été condamné deux fois aux assises en 2017: à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin en 2013 et à 18 ans de prison pour l’attaque d’un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Il a fait appel de ces deux condamnations.
Le 13 avril 2013, il s’était évadé en moins d’une demi-heure de la prison de Lille-Sequedin, prenant quatre surveillants en otages, utilisés ensuite comme boucliers humains. Il avait fait exploser cinq portes au plastic, avant d’être récupéré en voiture par un complice. Sa cavale avait duré quelques semaines, avant qu’il soit interpellé fin mai 2013.
« C’est quelqu’un qui n’est jamais en conflit avec le personnel, mais dont il faut toujours se méfier », a indiqué à l’AFP un surveillant de prison ayant côtoyé Redoine Faïd. « Dans un coin de sa tête, il n’a jamais perdu l’idée de s’évader. Derrière ses bonnes manières – c’est quelqu’un de très poli -, il cachait toujours son jeu ».
Idole des apprentis délinquants des cités HLM, surnommé « l’écrivain » par les policiers, Faïd avait écrit son autobiographie (« Braqueur, des cités au grand banditisme ») en 2010 et fait la tournée des plateaux de télévision, assurant alors s’être rangé.

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