Tunisie: polémique après une attaque contre un café ouvert durant le ramadan

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Une attaque contre un café ouvert la journée pendant le ramadan fait polémique en Tunisie, notamment sur les réseaux sociaux où elle est qualifiée d' »extrémiste ». « Bagarre de quartier » selon les autorités, ces violences restent inacceptables pour une ONG et le propriétaire de l’établissement.

Samedi à 18H30 (heure locale), ce café, un des rares à ouvrir la journée durant le mois de jeûne musulman de ramadan à Radès, dans la périphérie sud de Tunis, a été pris pour cible par un groupe de personnes qui ont endommagé et tenté d’incendier le commerce. Un des serveurs de l’établissement a été blessé selon son propriétaire.

Des images de l’incident ont été relayées sur les réseaux sociaux, où l’attaque a été qualifiée de « salafiste ».

Le ministère de l’Intérieur a rapidement démenti cette version, assurant dans un communiqué qu’il s’agissait d’une bagarre de quartier entre deux groupes.

Le procureur du tribunal du gouvernorat de Ben Arous a de son côté indiqué que les personnes arrêtées à la suite de cet incident ne présentaient aucune conviction salafiste.

« Des centaines de personnes munies de couteaux et de sabres ont tenté de s’introduire à l’intérieur de mon café en versant de l’essence sur les rideaux », a rapporté lundi à l’AFP le propriétaire de l’établissement, Amine Kamoun.

Des assaillants ont reproché à son café d’être un « lieu de vénération de Satan », a-t-il ajouté: « c’était des clochards et des bandits, certains criaient +Allah Akbar+ (Dieu est le plus grand, ndlr), mais d’autres insultaient Dieu ».

Amine, qui a ouvert son établissement au début du mois, a dénoncé des pressions pour changer sa version et présenter les faits comme une bagarre plutôt qu’une attaque.

Selon lui, un des serveurs, agressé par le groupe et poussé de la terrasse, est actuellement hospitalisé à Tunis.

Dans un communiqué, le bureau régional de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH), a « dénoncé la violence quelle que soit ses origines et son contexte » appelant l’Etat à « assumer ses responsabilités pour garantir et protéger les libertés publiques et individuelles ».

Si aucune loi n’interdit de manger ou boire en public en Tunisie durant le ramadan, cafés et restaurants ferment ou dissimulent leur vitrine pendant la journée.

Chaque année, des Tunisiens sont ciblés par des contrôles sécuritaires pour avoir mangé ou fumé au cours du jeûne, du lever au coucher du soleil, en vertu de textes flous sur l’outrage aux bonnes moeurs ou d’une circulaire remontant à plusieurs dizaines d’années, censée avoir été abrogée.

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