Tunisie: opposant torturé à mort sous Ben Ali, le tortionnaire échappe encore à la justice

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Un nouveau procès a débuté mercredi devant un tribunal spécialisé en Tunisie concernant le décès d’un opposant islamiste torturé à mort sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, en présence d’un seul accusé.
Faysal Baraket, étudiant de 25 ans, membre du parti islamiste Ennahdha interdit sous Ben Ali, avait été torturé et tué dans un commissariat de Nabeul (nord-est) en 1991. Il avait été déclaré par les autorités victime d’un accident de la route avant que son corps ne soit exhumé en 2013.
Il s’agit de la cinquième affaire jugée après avoir été instruite par l’Instance vérité et dignité (IVD) créée en 2014 pour solder les comptes des dictatures.
L’une concerne un militant de gauche, les quatre autres des sympathisants islamistes, dont Rachid Chamakhi, un autre prisonnier torturé à mort dans le même commissariat trois semaines plus tard.
« C’est un exploit, de voir un procès se tenir 27 ans après »
Dans le procès ouvert à Nabeul, une trentaine de personnes, du policier tortionnaire présumé à Ben Ali, sont poursuivies, mais seul un accusé, un policier, s’est présenté sur le banc, a indiqué l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Il n’a pu être entendu à défaut d’avocat.
« C’est un exploit, de voir un procès se tenir 27 ans après », a déclaré à l’AFP le frère de la victime, Jamel Baraket.
« C’est un grand soulagement, on a repris confiance en la justice », a-t-il expliqué, ému, tout en espérant que « les accusés se présentent devant le juge » aux prochaines audiences. La suivante a été programmée au 12 octobre.
Faysal Baraket avait été arrêté le 8 octobre 1991 après avoir critiqué les autorités tunisiennes à la télévision. Le 17 octobre, son père a été convoqué par la police pour identifier le corps de son fils, portant des traces de torture.
En mars 2013, deux ans après la révolution ayant chassé le président Ben Ali, la dépouille de Faysal avait été exhumée, et l’examen médico-légal avait prouvé qu’il avait bien été torturé.
La torture, monnaie courante sous l’ancien régime, reste répandue dans les prisons en raison de l’impunité, assurent des ONG en Tunisie.
L’IVD, chargée de rendre justice aux victimes des violations des droits de l’Homme entre 1955 et 2013, a reçu plus de 62.000 dossiers et renvoyé ces derniers mois une trentaine de cas devant les tribunaux spécialisés. Son travail a été entravé par des pressions et divisions internes, et la prolongation de son mandat jusqu’à fin 2018 est contestée.

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