Tunisie: le débat télévisé entre les candidats salué, malgré ses défauts

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Les trois soirées politiques inédites de « débat » télévisé entre 24 des 26 candidats à la présidentielle tunisienne ont été saluées mardi par la presse et des analystes comme une « avancée démocratique » incontestable, en dépit des défauts de l’exercice.

« Tout le monde est unanime pour dire que cela a été une avancée démocratique et que cela s’est bien déroulé », s’est félicité Nouri Lajmi, le président de la Haica, l’instance de régulation des médias audiovisuels en Tunisie. « Même si tout n’est évidemment pas parfait, c’était bien maîtrisé par les journalistes, le cadre a été respecté. Et ça a été très bien suivi! », a-t-il dit à l’AFP.

Selon les chiffres de la société Sigma conseil, quelque 3 millions de téléspectateurs ont regardé la première émission samedi, et 2,5 millions dimanche.

Evénement rarissime dans le monde arabe, ce « débat » télévisé était organisé sur trois soirées, rassemblant chacune un groupe de candidats à la présidentielle tirés au sort.

Il a été retransmis sur une trentaine de chaines de télévision et radios publiques et privées tunisiennes ainsi que sur les réseaux sociaux et plusieurs chaînes arabes étrangères, selon les organisateurs.

Deux candidats en délicatesse avec la justice étaient absents: le publicitaire Nabil Karoui, poursuivi pour blanchiment d’argent et emprisonné depuis le 23 août, et l’homme d’affaires Slim Riahi, qui s’est réfugié en France après un mandat d’arrêt pour les mêmes faits.

Trop lisse, trop encadré, privilégiant la forme sur le fond: la presse tunisienne a toutefois noté des défauts à l’exercice.

 

Lire aussi: Présidentielle: la Tunisie au rythme de soirées politiques télévisées inédites

 

« Que répondre en 90 secondes quand on vous demande +comment lutter contre la corruption dans le domaine de la sécurité du pays?+ »? s’est interrogé le quotidien francophone La Presse.

« Succès sur la forme, échec sur le fond », a pour sa part estimé le journal arabophone Le Maghreb.

« Boiteux, mais historique », a résumé l’édito du Quotidien, tandis que La Presse écrivait: « nous sommes en droit, en toute modestie, de nous montrer assez fiers ».

Les « débats », diffusés dans certains cafés, ont été abondamment commentés sur les réseaux sociaux. Si aucun candidat n’a véritablement créé la surprise, les prestations de l’avocate anti-islamiste Abir Moussi, du militant des droits de l’Homme Mohamed Abbou ou encore du libéral Mohsen Marzouk ont été relevées.

« Cela participe à une repolitisation de la population, qui s’était sentie exclue du débat », a estimé la chercheuse Isabelle Werenfels, espérant que cela contribuerait à « un bon taux de participation aux élections ».

Les candidats présents se sont tous engagés à revenir échanger s’ils parvenaient au second tour. Les organisateurs ont prévu de n’organiser un débat que si les deux adversaires l’acceptent.

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