A trois jours des élections fédérales au Canada, la tension monte

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A trois jours de législatives canadiennes indécises, Justin Trudeau, menacé par la montée des plus petits partis, et son rival conservateur Andrew Scheer achèvent une campagne tendue en multipliant les appels au vote stratégique, dans l’espoir d’éviter le spectre d’un gouvernement minoritaire prédit par tous les sondages.

Au cours de l’ultime semaine de la campagne fédérale avant le scrutin du 21 octobre, qui désignera le successeur du Premier ministre sortant, les candidats ont troqué les annonces électorales pour des appels au vote « utile ».

« C’est très possible qu’on se réveille le 22 avec un gouvernement (conservateur, ndlr) qui a comme priorité d’éliminer le seul vrai plan pour lutter contre les changements climatiques que le Canada ait jamais eu, qui va ramener les coupes et l’austérité comme programme de croissance », a averti jeudi Justin Trudeau.

Hier, le Premier ministre sortant avait accusé ses rivaux conservateurs de « mener l’une des campagnes les plus sales » de l’histoire du pays en propageant de la désinformation, notamment en ligne. Il y a quelques jours, Justin Trudeau avait été contraint de porter un gilet pare-balles à l’un de ses évènements de campagne après des menaces.

 

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Le parti libéral de Justin Trudeau et le parti conservateur d’Andrew Scheer sont toujours au coude-à-coude avec un peu plus de 30% des intentions de votes chacun.

Le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche), troisième parti en lice, est fortement remonté dans les sondages (18%) grâce notamment à la performance lors des débats de son chef, Jagmeet Singh, qui menace l’aile gauche de l’électorat de M. Trudeau.

Dans la configuration actuelle, aucun des deux grands partis, qui alternent au pouvoir depuis 1867, ne serait en mesure d’obtenir une majorité des 338 sièges en lice au parlement fédéral. Le vainqueur devrait composer un gouvernement minoritaire.

« Le choix dans cette élection est très clair: une coalition Trudeau-NPD qui travaillera de concert pour rehausser la taxe carbone… ou un gouvernement majoritaire conservateur qui éliminera la taxe carbone », a estimé jeudi Andrew Scheer.

« Ce que nous demandons aux Canadiens, c’est un fort mandat majoritaire conservateur », a-t-il poursuivi.

Alliances

Jeudi, le chef conservateur a estimé que le gouvernement devrait être formé par le parti qui obtient le plus de sièges à l’élection.

« Sur le plan de la Constitution, ce n’est pas la règle. On ne vote pas pour un Premier ministre, on vote pour le député », a expliqué à l’AFP Hugo Cyr, politologue à l’Université du Québec à Montréal, soulignant « la crainte de ne pas être capable de former une alliance » pour les conservateurs s’ils sont élus avec une minorité de sièges au Parlement.

Un des principaux champs de bataille politiques se situe au Québec, où le Bloc Québécois, parti indépendantiste, a créé la surprise avec une remontée fulgurante dans les sondages. La formation est désormais à égalité avec les libéraux à la première place dans les intentions de vote de cette province francophone, qui représente à elle seule 78 sièges au Parlement canadien.

Le chef de ce parti ne présentant de candidats qu’au Québec, Yves-François Blanchet n’a pas fermé la porte à une alliance avec l’un ou l’autre parti sur certains aspects. Il a toutefois exclu toute alliance avec un parti qui souhaiterait annuler la taxe carbone, rendant une alliance très peu probable en cas d’accès au pouvoir des conservateurs.

Le chef du NPD a quant à lui exclu toute alliance avec les conservateurs.

Pour sa part, le Premier ministre sortant fait face aux protestations d’une partie des électeurs qui l’ont amené au pouvoir en 2015, principalement en raison de la nationalisation par le gouvernement fédéral de l’oléoduc Trans Mountain, considérée par certains comme contraire au discours pro-environnement affiché par M. Trudeau.

 

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Sur ces points, le Premier ministre sortant devra composer, en cas de gouvernement minoritaire, avec les néo-démocrates et le parti Vert, relativement alignés sur les mêmes priorités sociales mais mettant en avant tous deux un programme environnemental bien plus ambitieux que celui de M. Trudeau.

Les libéraux devront également gagner les faveurs du Bloc Québécois, qui défend une loi sur la laïcité populaire au Québec mais qui va à contre-courant du multiculturalisme prôné par le centriste Trudeau.

Mercredi, l’ancien président américain Barack Obama a appelé les Canadiens à offrir un nouveau mandat à leur Premier ministre, Justin Trudeau.

Face au fort taux d’indécision, les experts appellent néanmoins à la prudence, les sondages n’indiquant que des tendances électorales qui peuvent être contredites au moment du verdict des urnes.

Le vote par anticipation est par ailleurs en forte hausse par rapport à 2015, quelque 4,7 millions d’électeurs ayant voté par anticipation de vendredi à lundi.

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