Le siège de l’Union africaine espionné pendant 5 ans par les Chinois

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Le siège de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba où se déroule dimanche 28 et lundi 29 janvier, le 30e sommet de l’organisation panafricaine a fait l’objet d’un cyber espionnage des chinois de 2012 à janvier 2017, a révélé le journal Le Monde dans une enquête publiée vendredi.
Selon le quotidien, l’affaire a été découverte par un informaticien après avoir constaté que les serveurs de la cellule informatique de l’UA étaient étrangement saturés entre minuit et 2 heures du matin. Il s’est alors «rendu compte que les données internes de l’UA étaient massivement détournées», relate Le Monde. «Chaque nuit, les secrets de cette institution, selon plusieurs sources internes, se sont retrouvés stockés à plus de 8 000 km d’Addis-Abeba, sur des mystérieux serveurs hébergés quelque part à Shanghaï, la mégapole chinoise», précise le journal.
Un bâtiment «made by China»
Le nouvel immeuble de l’UA a été offert il y a tout juste six ans par la Chine «aux amis de l’Afrique», précise le monde, que le bâtiment a été entièrement équipé par les Chinois. Mais «les ingénieurs chinois ont volontairement laissé deux failles : des portes numériques dérobées (« backdoors ») qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes de l’organisation», explique Le Monde.
«A la suite de cette découverte, nous avons remercié, sans faire de scandale, les ingénieurs chinois présents à notre siège d’Addis-Abeba pour gérer nos systèmes», a confié au journal sous couvert d’anonymat un haut responsable de l’UA.
 
Des mesures pour renforcer la cybersécurité de l’UA
Depuis cette affaire, l’UA s’est dotée de ses propres serveurs et a refusé l’offre de la Chine de les configurer. «Toutes les communications électroniques sont désormais cryptées et ne passent plus par Ethio Telecom, l’opérateur public de l’Ethiopie, pays réputé pour ses capacités de cybersurveillance et d’espionnage électronique», ajoute Le Monde. Toutefois ces changements parmi tant d’autres, n’ont pas en empêché que de nouvelles mesures de sécurité soient à nouveau éprouvées. En effet, lors du 29e sommet de l’UA, en juillet 2017, «quatre spécialistes venus d’Algérie, l’un des plus gros contributeurs financiers de l’institution, et des experts en cybersécurité éthiopiens ont inspecté les salles et débusqué des micros placés sous les bureaux et dans les murs», rapporte le quotidien.
Et de conclure que l’histoire de l’espionnage chinois a attiré l’attention de certains responsables de l’UA qu’il était peut-être temps, alors que se discute la réforme de l’institution lors de ce sommet de janvier, de sécuriser leur cyberespace.

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