Qui est Asma Mohamed Abdallah, la cheffe de la diplomatie soudanaise longtemps exilée au Maroc?

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Asma Mohamed Abdallah, devenue la première femme ministre des Affaires étrangères au Soudan, est une diplomate expérimentée de 73 ans peu connue du public, qui avait été mise à l’écart sous le régime déchu d’Omar el-Béchir.

Drapée de blanc, Mme Abdallah a prêté serment dimanche au palais présidentiel de Khartoum, parmi les 18 nouveaux ministres soudanais dont quatre femmes. Ensemble, ils forment un gouvernement de technocrates dirigé par l’économiste chevronné Abdallah Hamdok, qui s’est dit décidé à tendre vers l’égalité homme-femme et à changer l’image du pays.

Pour Asma Mohamed Abdallah, native de Khartoum, cette nomination constitue un retour dans une administration qu’elle connaît bien, elle qui comptait parmi les trois premières femmes à intégrer le ministère des Affaires étrangères en 1971, après un diplôme en économie et sciences politiques de l’université de Khartoum.

Mme Abdallah avait alors rapidement gravi les échelons, participant au sein de délégations soudanaises à des déplacements à Stockholm ou encore Rabat, jusqu’à devenir ministre déléguée.

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En 1991, deux ans après le coup d’Etat ayant placé Omar el-Béchir au pouvoir, la diplomate avait toutefois écartée de son poste. A cette époque, des milliers de fonctionnaires avaient été renvoyés par le nouveau chef de l’Etat allié aux islamistes.

Après son éviction, Mme Abdallah a vécu pendant des années au Maroc avec son mari, avec qui elle a eu une fille, avant de revenir à Khartoum, où elle avait ouvert un bureau de traduction.

Au cours du mouvement de protestation qui a provoqué la chute de M. Béchir, la diplomate, qui ne s’est jamais engagée en politique, est restée silencieuse. Jusqu’à sa nomination par M. Hamdok, elle était une figure peu connue du public.

« Image positive »

Sous couvert d’anonymat, un diplomate européen souligne qu’en nommant « des femmes ministres comme Asma Mohamed Abdallah, le Soudan envoie « une image positive au monde », ajoutant: « le Soudan montre qu’il change (…). Ce n’est plus un Etat paria comme au temps de M. Béchir ».

Khartoum a été progressivement mis au ban de la communauté internationale à partir de 1997, Washington imposant des sanctions contre ce pays hôte d’Oussama Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda. Ces sanctions ont été levées en octobre 2017, mais le Soudan demeure à ce jour sur la liste noire américaine des « Etats soutenant le terrorisme ».

« Nous pensons que la situation permet d’enlever le Soudan de la liste », a argué le 3 septembre M. Hamdok.

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L’un des principaux défis de Mme Abdallah, qui a étudié aux Etats-Unis et dont l’époux a travaillé à l’ONU, sera de faire avancer les négociations avec Washington pour obtenir ce retrait.

Mais la diplomate, qui a aussi travaillé dans plusieurs organisations régionales dont la Ligue Arabe, devra aussi s’atteler à relancer les relations avec le voisin égyptien –les liens entre les deux pays ont souvent été tendus en raison de différends commerciaux et territoriaux.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, en visite à Khartoum, s’est ainsi entretenu lundi avec sa nouvelle homologue, apportant le soutien du Caire au retrait du Soudan de la « liste terroriste » américaine.

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