Procès Gourdel à Alger: peine de mort pour le principal accusé

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Un tribunal algérien a condamné jeudi à la peine de mort le principal accusé jugé pour l’assassinat du Français Hervé Gourdel, un guide de haute montagne enlevé et décapité par des jihadistes en Algérie en 2014.

Les cinq accompagnateurs du guide français et un sixième prévenu, poursuivis pour ne pas avoir informé à temps les autorités du rapt, ont été acquittés, selon un journaliste de l’AFP présent au tribunal.

Le parquet avait requis la peine capitale pour Abdelmalek Hamzaoui, un des ravisseurs présumés de M. Gourdel. L’Algérie applique un moratoire sur la peine de mort depuis 1993.

Le procès, qui s’est ouvert mardi matin, s’est déroulé au tribunal de première instance de Dar El Beïda, dans la banlieue d’Alger, en présence de Françoise Grandclaude, la compagne d’Hervé Gourdel.

« Maintenant je peux tourner la page. Je peux faire mon deuil », a-t-elle déclaré à la sortie du tribunal, tandis que son avocat Me Chawki Benarbia a indiqué être « satisfait et content pour la famille ».

Interrogé par la présidente du tribunal, M. Hamzaoui, 36 ans, a nié avoir participé à l’enlèvement et à l’assassinat, affirmant qu’on l’accusait pour « boucler ce dossier et faire plaisir aux Français ».

« Je retiens qu’il y a beaucoup d’incohérences dans les propos de l’accusé principal », a réagi Mme Grandclaude.

Arrivé en ambulance, M. Hamzaoui a suivi l’audience — reportée en raison de son état de santé– dans un fauteuil roulant, accompagné d’une équipe médicale et surveillé par des forces spéciales de la gendarmerie.

 

Sept hommes jugés par contumace ont été condamnés à mort

 

Les avocats des accompagnateurs de M. Gourdel ont demandé leur acquittement, estimant qu’ils étaient avant tout des victimes de kidnapping et arguant qu’ils avaient informé la première caserne militaire, située à 12 kilomètres du lieu de l’enlèvement, dès qu’ils avaient pu prendre leur voiture.

Devant le tribunal, les cinq hommes ont raconté qu’après les avoir séparés de leur ami Hervé, le chef du groupe Jund al-Khilafa, Abdelmalek Gouri, leur avait ordonné de s’enfermer dans la voiture et de ne quitter les lieux qu’après le lever du soleil.

Au total, 14 personnes étaient poursuivies dans cette affaire: huit jihadistes présumés — dont sept jugés par contumace — pour son rapt et sa décapitation et six autres pour non-dénonciation de crime, selon un document du tribunal consulté par l’AFP. Les sept hommes jugés par contumace ont été condamnés à mort.

M. Hamzaoui, membre présumé de Jund al-Khilafa (« Les Soldats du Califat ») — groupe affilié à l’organisation Etat islamique (EI) ayant revendiqué l’assassinat — avait été capturé après le drame.

Parmi les six accusés jugés pour non-dénonciation figuraient les cinq accompagnateurs algériens de Hervé Gourdel: Karim Oukara, Hamza Boukamoum, Oussama Dehendi, Amine Ayache et Kamel Saâdi, enlevés avec lui mais relâchés au bout de 14 heures.

Le parquet avait requis trois ans de prison ferme et une amende de 100.000 dinars (620 euros) à l’encontre des six prévenus. La non-dénonciation de crimes est passible d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison.

 

Des années d’instruction

 

Au cours des débats, quatre d’entre eux ont formellement reconnu M. Hamzaoui comme étant l’un des ravisseurs.

« Je me souviens du dernier regard d’Hervé alors qu’ils l’emmenaient de force. Nous avons essayé de les arrêter, mais ils nous ont repoussés en disant: +Il ne vous importe pas, il n’est pas musulman+ », a témoigné Hamza Boukamoum.

Originaire de Nice, Hervé Gourdel, 55 ans, était pédagogue et formateur de guides de montagne, passionné d’aventure.

Il s’était rendu en Algérie à l’invitation de ses hôtes et accompagnateurs, pour explorer un nouveau site d’escalade dans le massif touristique du Djurdjura, mais il avait été kidnappé le 21 septembre.

Jund al-Khilafa avait menacé de l’exécuter si la France ne renonçait pas à ses frappes contre l’EI en Irak. La vidéo de sa décapitation diffusée trois jours plus tard avait provoqué un énorme choc en France et en Algérie.

L’armée algérienne, qui avait mobilisé environ 3.000 soldats, a retrouvé sa dépouille le 15 janvier 2015 à une vingtaine de kilomètres du lieu de l’enlèvement.

Restées silencieuses sur ce procès, les autorités algériennes avaient assuré dès 2016 avoir presque éliminé les combattants de Jund al-Khilafa, notamment son chef présumé, Abdelmalek Gouri, en décembre 2014, et son successeur, Bachir Kharza, en mai 2015.

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