Présidentielle tchèque: Milos Zeman réélu

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Le président tchèque sortant pro-russe Milos Zeman a été réélu samedi pour un deuxième quinquennat, devançant l’académicien pro-européen Jiri Drahos de trois points, après le dépouillement de 99% des bulletins de vote.
Zeman, 73 ans, est crédité de 51,5% des suffrages contre 48,5% pour Drahos, 68 ans, selon la télévision publique tchèque.
Drahos, 68 ans, a immédiatement reconnu le résultat, tout en soulignant qu’il était « très serré », et a félicité son adversaire.
« Je félicite le vainqueur de l’élection Milos Zeman, je lui souhaite beaucoup de forces et de santé », a-t-il dit.
« Nous n’avons pas gagné, mais nous n’avons pas perdu non plus », a poursuivi l’ex-patron de l’Académie des sciences. « Je suis très content de cette vague d’énergie apparue lors de cette élection présidentielle et qui ne saurait disparaître ».
« Je promets que je continuerai à mener cette énergie et cet espoir, je ne quitte pas la vie publique », a conclu cet amateur de chant, avant d’entonner l’hymne national.
Mettant en lice deux candidats radicalement différents, le scrutin avait polarisé la société tchèque, notamment autour de la question de l’immigration et de l’orientation de la politique étrangère du pays, membre de l’Otan depuis 1999 et de l’Union européenne depuis 2004.
Le résultat du vote reflète bien une société coupée en deux, a estimé l’analyste Jiri Pehe. « Il y a vraiment une profonde polarisation, non seulement entre Prague et d’autres grandes villes d’un côté et le reste du pays de l’autre, mais aussi une polarisation portant sur le choix de civilisation », a-t-il dit à l’AFP.
« On voit qu’une moitié de la société a peur du monde extérieur, de la mondialisation et de ses défis. Zeman a eu recours à cette problématique, malgré une certaine perte de crédit auprès des hommes politiques occidentaux », a-t-il poursuivi.
Pour l’analyste, l’orientation pro-russe et pro-chinoise affichée par le président sortant n’est pas partagée par la majorité des Tchèques. « C’est plutôt la migration qui a été le sujet principal. Zeman (hostile aux migrants) est aux yeux de ses électeurs le défenseur des intérêts nationaux tchèques », a-t-il expliqué.
Fin de l’alliance ? 
Le président sortant a bénéficié notamment du soutien des milieux ruraux et des travailleurs manuels, tandis que Drahos était le candidat préféré des milieux intellectuels et des grandes villes.
Le scrutin s’est déroulé aussi sur fond de problèmes du gouvernement minoritaire du milliardaire populiste Andrej Babis, allié de Zeman.
Inculpé pour fraude aux subventions européennes, Babis n’a pas réussi à obtenir la confiance du Parlement et a présenté au président la démission formelle du cabinet la semaine dernière.
Zeman s’était déjà dit prêt à le désigner pour la deuxième fois pour tenter de former un gouvernement, avant même la fin de son mandat actuel le 8 mars, alors que Drahos se déclarait hostile à l’idée d’avoir un Premier ministre poursuivi en justice.
En principe, la victoire de Zeman devrait profiter à Babis, qui a appelé à voter pour lui. Mais, selon Pehe, elle risque aussi de modifier leur relation.
« Je pense que cette ferme alliance entre Zeman et Babis touche petit à petit à sa fin, Zeman a atteint son objectif et il n’aura plus besoin maintenant de Babis », prédit l’analyste.

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