Le président français en Algérie pour « une nouvelle relation » apurée du passé

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Le président français Emmanuel Macron effectue mercredi une visite sensible en Algérie, où il va réaffirmer « la relation particulière » entre Paris et Alger tout en essayant de dépasser les contentieux de la colonisation, comme il l’a fait la semaine dernière en Afrique.

La visite dans l’ancienne colonie française – de 1830 à 1962 – sera marquée par une rencontre avec le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, dans la banlieue ouest d’Alger.

Affaibli par les séquelles d’un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaires étrangers.

Comme il en a l’habitude dans ses déplacements, Emmanuel Macron ira aussi à la rencontre de la population lors d’une « déambulation » dans le centre d’Alger.

Il « bénéficie d’une très bonne image en Algérie », croit savoir la présidence française, en précisant que le chef de l’Etat s’y est rendu à plusieurs reprises lorsqu’il était ministre de l’Economie.

« Les visites en Algérie des présidents français sont une tradition » en début de mandat et « y déroger paraît impensable » car « la symbolique continue de jouer un rôle important dans le rapprochement entre les deux pays », souligne Mansour Kedidir, chercheur algérien en sciences politiques.

Depuis Valéry Giscard d’Estaing en 1975, première visite officielle d’un président français dans l’Algérie indépendante, tous les présidents français se sont rendus en Algérie.

En 1981, François Mitterrand affirme que « la France et l’Algérie sont capables de surmonter et de dépasser les déchirements du passé ».

En 2003, Jacques Chirac signe avec Abdelaziz Bouteflika la « Déclaration d’Alger » prévoyant un « partenariat d’exception » afin de dépasser un « passé encore douloureux » qu’on ne doit « ni oublier ni renier ».

Puis, en 2007, Nicolas Sarkozy dénonce le système colonial « injuste » mis en place par la France en Algérie. « Mais il est aussi juste de dire qu’à l’intérieur de ce système, il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui ont aimé l’Algérie, avant de devoir la quitter », ajoute-t-il.

– ‘Difficultés’ économiques –

En raison de sa brièveté, le déplacement de M. Macron permettra à Emmanuel Macron, selon le quotidien francophone El Watan, « de solder sa dette envers l’Algérie, qui a mal vécu le fait qu’il ait privilégié le Maroc à l’Algérie pour sa première visite officielle dans la région ».

La dernière visite de M. Macron à Alger, durant la campagne présidentielle, reste dans les mémoires puisqu’il y avait qualifié la colonisation française (1830-1962) de « crime contre l’Humanité ».

Ces propos avaient été bien accueillis en Algérie mais fortement critiqués en France par la droite et l’extrême droite.

« La question de la mémoire » sera abordée lors de la visite, indique la présidence française. Il s’agit surtout pour Emmanuel Macron, premier président de la Ve République né après la Guerre d’Algérie, de « tourner la page » et de « construire une nouvelle relation ».

Face à la colonisation, « ni déni, ni repentance. On ne peut pas rester piégé dans le passé », a-t-il proclamé la semaine dernière lors de sa tournée en Afrique de l’ouest.

Les Algériens attendent cependant un geste, comme le retour de crânes de résistants algériens tués dans les années 1850 qui sont conservés au Musée de l’Homme à Paris.

En 2012, la reconnaissance par François Hollande des « souffrances » infligées par « la colonisation française » avait permis de réchauffer les relations.

Pour Paris, l’une des priorités est de redynamiser les échanges économiques alors que la France a laissé sa place de premier fournisseur de l’Algérie à la Chine. L’automobile, la pharmacie et l’agroalimentaire sont jugés prioritaires.

La France reste le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier employeur étranger en Algérie, avec 40.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects. Mais le pays subit de plein fouet la chute des prix du brut, qui assure 95% de ses recettes extérieures.

La sécurité régionale et internationale figurera également au menu des discussions, avec notamment les crises libyennes et au Sahel ainsi que la lutte contre le terrorisme.

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