Pour la première fois en 30 ans, le corps d’un soldat français décédé en Algérie rapatrié

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Les autorités algériennes ont accepté en juin le rapatriement de la dépouille du sergent Jean Viltata, tué en 1956 lors du conflit avec l’ex-colonie française. Le soldat a reçu les honneurs militaires lors de ses obsèques officielles ce samedi dans les Pyrénées-Orientales.

C’est une première depuis trente ans. Les autorités algériennes ont autorisé en juin le rapatriement du corps de Jean Viltata, soldat français tué en 1956 pendant la guerre d’Algérie. Ce n’était pas arrivé depuis la fin du conflit en 1962. Samedi, un hommage public lui sera rendu lors de ses obsèques officielles à la cathédrale d’Elne près de Perpignan. À cette occasion, le soldat mort pour la France recevra les honneurs militaires par un détachement du troisième Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine de Carcassonne et son cercueil sera recouvert du drapeau tricolore.

«C’est un soulagement. Ma mère et moi avons bataillé durant plus de vingt ans avec les administrations pour que la dépouille de mon oncle soit rapatriée en France. Malgré la complexité des démarches, on n’a jamais perdu espoir et aujourd’hui notre souhait s’est enfin concrétisé», témoigne auprès du Figaro Marielle Auriach, petite-nièce de ce militaire servant dans le 2e Régiment d’Infanterie Coloniale (R.I.C).

400 soldats français inhumés en Algérie

Jean Viltata est âgé de seulement 22 ans quand il est mobilisé sur le front algérien, en mars 1956. Quatre mois plus tard, il succombe à une décharge de chevrotine et est enterré au cimetière national militaire du Petit Lac à Oran. À partir du milieu des années 70, la famille du militaire, originaire d’Argelès-sur-Mer, fait plusieurs demandes de rapatriement de sa dépouille à la présidence de République, au cabinet du ministre de la Défense, puis à l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre d’Alger.

Mais faute d’informations précises sur l’emplacement de sa tombe, les requêtes restent sans suite… jusqu’en 2015. Cette année-là, la soeur du défunt trouve par hasard en triant les affaires de ses parents une lettre de l’armée. Dessus est inscrit le rang, le carré mais aussi le numéro de la tombe de son frère. «Ma mère a alors contacté l’Ambassade de France à Oran. Nous leur avons demandé si mon oncle était bien enterré à cet emplacement là-bas», explique Marielle Auriach. Après deux ans d’attente et après avoir déboursé plus de 3500 euros pour le transport de la dépouille, le rapatriement a enfin eu lieu le 21 juin dernier.

«Il est possible que cela entraîne d’autres familles à réclamer les dépouilles de leurs proches. Pour l’instant, moins d’une dizaine de demandes de ce type ont été référencées par nos services», précise au Figaro la Capitaine Marie Pérochain, officier de presse au Ministère des Armées. De 1954 à 1962, la France a mobilisé plus de 1,5 million de jeunes appelés pour combattre sur le sol algérien.

Selon les chiffres officiels de l’armée française, plus de 20.000 soldats sont morts lors des combats ou attentats et environ 400 seraient inhumés en Algérie.

Alicia Paulet (Le Figaro)

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