Pour Biden, la crise afghane tourne au scénario catastrophe

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Le président américain Joe Biden parle de la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans depuis la salle est de la Maison Blanche, le 16 août 2021, à Washington. (Photo de Brendan Smialowski / AFP)

La fin de la mission en Afghanistan, avec la mort de douze soldats américains, vire au scénario catastrophe pour Joe Biden, confronté à sa plus grave crise et comme paralysé par une situation qu’il n’avait pas vu venir.

Le 46e président des Etats-Unis devait s’exprimer jeudi à 21H00 GMT, plusieurs heures après la double attaque à proximité de l’aéroport de Kaboul — la plus meurtrière pour les militaires américains depuis août 2011.

Comme souvent depuis deux semaines, il a dû chambouler son agenda, repoussant une rencontre importante prévue avec le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett.

« C’est une crise majeure qui se déroule sous sa présidence », dit à l’AFP Ian Bremmer, président de la société d’expertise Eurasia Group. « C’est un échec du renseignement, c’est un échec de la planification, c’est un échec de la communication, et c’est un échec de la coordination avec les alliés », estime-t-il.

De son propre aveu, le président Biden n’avait pas « prévu » la rapidité de l’effondrement de l’armée afghane formée, équipée et financée des années durant par Washington, et la chute de Kaboul aux mains des talibans.

Et comme ce fut le cas avec le conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en mai, son gouvernement donne l’impression d’avoir du mal à s’adapter à l’imprévu sur la scène internationale.

Lire aussi. Douze militaires américains tués à Kaboul, Washington menace le groupe EI de représailles

Les moments de flottement se sont succédé depuis la victoire des talibans le 15 août, qui a surpris Joe Biden à Camp David, lieu de villégiature des présidents américains. D’abord mutique, et très critiqué pour cela, le démocrate âgé de 78 ans a depuis multiplié les prises de parole, mais s’est abstenu la plupart du temps de répondre aux questions de la presse.

Mardi, son intervention a été retardée d’environ cinq heures alors que le monde attendait de savoir s’il allait céder aux appels internationaux en faveur d’un report de la date-butoir du 31 août pour le retrait américain — et donc pour les opérations d’évacuation des étrangers et des Afghans menacés de représailles de la part des talibans. Il a finalement annoncé qu’il maintenait l’échéance.

« Le président doit aller au-devant du public et prendre des questions », « il ne se pose pas en leader en temps de crise », regrette Ian Bremmer.

 

– Popularité en baisse –

 

Joe Biden, qui se veut rassembleur, a confirmé la décision de son prédécesseur Donald Trump de retirer toutes les troupes américaines d’Afghanistan, pour mettre fin à la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis. Depuis des années, l’ex-sénateur se montre à l’unisson d’une opinion américaine lassée par les « guerres sans fin » de l’Amérique.

Mais il est aujourd’hui critiqué de toutes parts pour la gestion de ce retrait, et pour n’avoir pas organisé plus tôt les évacuations nécessaires, obligeant l’armée américaine à renvoyer des forces en catastrophe pour sécuriser l’aéroport et gérer dans la pagaille un gigantesque pont aérien, endeuillé jeudi par l’attentat du groupe jihadiste Etat islamique.

« Cette tragédie n’aurait jamais dû avoir lieu », a déploré jeudi son prédécesseur républicain Donald Trump, qui avait déjà réclamé sa démission la semaine dernière.

« Joe Biden a du sang sur les mains », a renchéri la députée républicaine Elise Stefanik, dénonçant sa « faiblesse » son « incompétence ». « Il est inapte à être commandant-en-chef », a-t-elle martelé.

De nombreux observateurs font un parallèle avec l’attaque de Benghazi, en Libye, qui avait coûté la vie en 2012 à l’ambassadeur américain, et qui avait empoisonné l’administration de Barack Obama.

« Je ne sais pas si Biden va être durablement affaibli » par la crise afghane, dit à l’AFP Mark Rom, professeur de sciences politiques. « Mais les républicains vont tout faire pour que ce soit le cas. »

Cette pluie de critiques brouille la communication de la Maison Blanche, désireuse de se concentrer sur les avancées des gigantesques plans économiques du président en faveur des infrastructures et des dépenses sociales — censés permettre aux Etats-Unis de « remporter » la compétition avec la Chine, seule vraie priorité de la politique étrangère de son gouvernement.

Surtout, sa popularité s’est effondrée depuis dix jours dans les sondages, alors même qu’une grande majorité des Américains estiment comme lui que les Etats-Unis devaient se désengager de la guerre en Afghanistan.

Pour Charles Franklin, directeur de l’institut de sondages de la Marquette Law School, « la question politique, une fois que nous aurons complété le retrait, c’est de savoir si la majorité sera satisfaite que nous soyons partis ». « Si c’est le cas, alors la polémique pourrait s’estomper. »

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