Pierre Rabhi, écrivain et pionnier de l’agroécologie, n’est plus

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L’écrivain et philosophe français Pierre Rabhi, référence du militantisme écologiste ayant toute sa vie inlassablement prêché pour une existence sobre et pour « l’agroécologie », est mort samedi à l’âge de 83 ans.

Auteur notamment de « Vers la sobriété heureuse », il s’est éteint des suites d’une hémorragie cérébrale, a annoncé à l’AFP son fils Vianney.

« Il y a une espèce d’inconscience, nous sommes dans une modernité aveugle, dans le sens où l’on ne voit plus que le gain financier », déclarait-il à l’AFP en octobre 2018.

Pierre Rabhi s’était imposé comme l’un des pères de l’agroécologie, une pratique agricole visant à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques.

Une méthode appliquée dès les années 1980 en Afrique sub-saharienne, où il effectuera de nombreux séjours, mais aussi en Ardèche, dans le Sud-Est de la France, où il s’était installé depuis 1961, vivant dans une ferme.

Avec Cyril Dion, auteur du documentaire militant à succès « Demain », Pierre Rabhi avait cofondé le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d’approvisionnements courts.

« Aujourd’hui, j’ai perdu un ami. Un grand frère. Ça crève le cœur. On n’était pas toujours d’accord et ces dernières années on s’était un peu éloignés, mais Pierre a été une des rencontres qui a changé ma vie », a écrit Cyril Dion sur Instagram.

Rabah devint Pierre

Né en 1938 aux portes du Sahara algérien, il a été très tôt écartelé entre « modernité et tradition », quand son père l’a confié à une famille de colons français, afin de lui assurer une meilleure instruction. Rabah deviendra alors Pierre.

« Des déchirements, des ruptures, des souffrances, il y en a eu un bon paquet », confiait cet autodidacte.

En lui, le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait un « frère de conscience ». Et il était admiré par des personnalités aussi diverses que l’actrice Marion Cotillard ou l’ancien ministre français de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot.

Ses nombreux ouvrages ont rencontré un succès indéniable et influencé plusieurs générations de militants écologistes.

Celui qui fut l’ami de Thomas Sankara, le « père de la révolution burkinabè », ou du violoniste Yehudi Menuhin, a connu une certaine exposition médiatique en 2002, à l’occasion d’une éphémère candidature à la présidentielle, par volonté d' »introduire dans le débat l’urgence écologique ».

Il a ensuite partagé son temps entre interviews, animation de ses fondations, conférences et rédaction d’ouvrages. Mais le temps consacré au jardinage n’était « pas négociable », expliquait-il à l’AFP en 2018.

Légende des colibris

Il racontait avec toujours la même énergie la légende amérindienne des colibris, qui a donné le nom au groupe créé avec Cyril Dion.

« L’histoire dit qu’un jour il y a eu un grand incendie de forêt. Tous les animaux ont été découragés. Par contre, le colibri ne renonce pas, il va prendre une goutte d’eau dans son bec et va la jeter sur le feu. Un moment le tatou lui dit : colibri, tu ne vas quand même pas croire que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? Il répond : je le sais mais je fais ma part ».

Pierre Rabhi, qui réfutait l’étiquette de gourou, en fera une maxime: « chacun doit faire sa part ».

« L’agroécologie est reconnue maintenant, même par les Nations unies, comme étant la bonne solution pour résoudre les problèmes de l’alimentation dans le monde », se réjouissait l’ancien ouvrier, chantre du retour à la terre et de la « désaliénation ». Car « nous ne sommes pas nés pour produire », disait-il.

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