Le pape rencontrera des Rohingyas au Bangladesh

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Le pape François rencontrera des membres de la communauté musulmane des Rohingyas à Dacca durant son voyage au Bangladesh prévu du 30 novembre au 2 décembre, a précisé mercredi le porte-parole du Saint-Siège Greg Burke.

Le souverain pontife argentin enchaîne à partir de lundi deux visites délicates, dans la Birmanie bouddhiste et au Bangladesh musulman, où ses paroles seront particulièrement scrutées sur le drame des Rohingyas.

« Le pape vient à un moment clef pour ces deux pays », a admis le porte-parole du Vatican, en soulignant que le voyage était prévu en amont de l’exode massif des Rohingyas qui a débuté fin août. « Evidemment cela suscite désormais beaucoup d’attention », a-t-il convenu, en disant s’attendre à « un voyage très intéressant diplomatiquement ».

Quelque 900.000 musulmans Rohingyas ont fui la Birmanie et sont aujourd’hui entassés dans des campements insalubres dans le sud du Bangladesh. Quelque 620.000 d’entre eux ont fui depuis fin août leurs villages de l’Etat Rakhine (sud-ouest de la Birmanie) pour échapper à des violences militaires que l’ONU et désormais Washington ont qualifié « d’épuration ethnique » de la part de ce pays à majorité bouddhiste.

La rencontre très attendue du pape avec « un petit groupe de Rohingyas » aura lieu dans le cadre d’une « rencontre interreligieuse et oecuménique pour la paix », prévue vendredi 1er décembre en fin de journée à Dacca, capitale du pays.

Durant la première partie de son voyage en Birmanie (du 26 au 30 novembre), le pape s’entretiendra mardi prochain avec le Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi qui dirige le gouvernement civil, dans la capitale administrative de Naypyidaw.

Mais il a aussi décidé de rencontrer le dernier jour, en privé le chef de l’armée birmane, le général Min Aung Hlaing, qui a récemment jugé impossible le retour en masse des réfugiés, comme le propose le Bangladesh. Le souverain a aussi ajouté une autre rencontre à son emploi du temps initial, une table ronde interreligieuse « privée ».

L’archevêque de Rangoun, Charles Bo, premier cardinal du pays depuis 2015, avait été reçu samedi au Vatican par le pape François et lui avait fait trois recommandations: éviter le mot Rohingya, en parlant plutôt des « musulmans de l’Etat Rahkine », ajouter une discrète rencontre avec le chef de l’armée birmane et organiser une table ronde interreligieuse.

Le porte-parole du Vatican a souligné que le pape a écouté ses conseils, qu’il prend « très au sérieux », en ajoutant deux rendez-vous à son emploi du temps birman. Le terme Rohingya n’est pas « prohibé » au Vatican, a toutefois stipulé Greg Burke.

En Birmanie, le mot « Rohingya » est tabou. Les membres de la minorité musulmane apatride y sont qualifiés de « Bangladais », vus donc comme des immigrés illégaux du Bangladesh. Peu importe que nombre d’entre eux soient là depuis des générations et disposaient de papiers d’identité jusqu’à ce que la junte militaire les leur retire en 1982.

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