Ouverture du procès d'un pasteur américain détenu en Turquie
Publié leLe procès d’un pasteur américain, accusé d’activités « terroristes » et dont la détention en Turquie depuis un an et demi a alimenté les tensions entre Ankara et Washington, s’est ouvert lundi dans l’ouest de la Turquie, a constaté une journaliste de l’AFP sur place.
La séance a démarré en début de matinée lundi dans une salle d’audience du complexe pénitentiaire d’Aliaga, dans la province d’Izmir.
Andrew Brunson, vêtu d’une chemise blanche et d’un costume noir, a affirmé qu’il ferait sa défense en turc, avec l’aide de traducteurs lorsqu’il en ressentirait le besoin.
L’homme de 50 ans, qui dirigeait avec son épouse une église protestante à Izmir (ouest), a été arrêté par les autorités turques en octobre 2016 et maintenu en détention depuis.
Le pasteur est notamment accusé d’avoir agi pour le compte du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, à qui Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces deux organisations sont considérées comme « terroristes » par la Turquie.
M. Brunson est également accusé d’espionnage à des fins politiques et militaires.
« Son droit à la liberté et la sécurité est violé depuis longtemps. En premier lieu nous espérons obtenir sa libération », a affirmé dimanche à l’AFP son avocat, Cem Halavurt. « Nous pensons qu’il sera finalement acquitté, puisque nous sommes persuadés de son innocence ».
S’il est reconnu coupable, il risque deux peines, de 15 et 20 ans d’emprisonnement, selon son avocat.
Sa femme, Norine Brunson, était présente lundi, selon une journaliste de l’AFP, ainsi que le sénateur américain Thom Tillis et l’Ambassadeur spécial des Etats-Unis pour la liberté religieuse internationale, Sam Brownback.
Appartenance à un groupe terroriste
« Il a des attentes et de l’espoir, mais bien sûr il est aussi triste, parce qu’il est innocent », rapporte son avocat. « Il a été emprisonné pour rien depuis trop longtemps ».
Les accusations retenues contre lui sont toutefois moins lourdes que celles énoncées dans un premier acte d’accusation publié le 13 mars: M. Brunson y était accusé d’être membre de l’organisation guléniste, et risquait la prison à vie.
L’acte d’accusation énonce désormais clairement qu’il n’est pas poursuivi pour appartenance à un groupe terroriste, que ce soit celui de Fethullah Gülen ou le PKK.
Installé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, M. Gülen nie toute implication dans le putsch manqué mené dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016.
La détention de M. Brunson est l’un des principaux dossiers qui enveniment les relations entre les Etats-Unis et la Turquie.
Les rapports entre les deux pays, alliés au sein de l’Otan, se sont nettement dégradés, notamment en raison du soutien apporté par Washington à une milice kurde syrienne considérée comme « terroriste » par Ankara, et de l’arrestation en Turquie de deux employés de missions américaines.
Par ailleurs, la Turquie a demandé à plusieurs reprises l’extradition de Fethullah Gülen, sans succès.