Etats-Unis: Donald Trump abandonne son projet de réforme du système de santé

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Malgré l'échec du projet de loi de réforme de la santé, Donald Trump (ici avec Mike Pence, son vice-président, lundi soir à la Maison-Blanche) appelle coûte que coûte à une abrogation immédiate de l'Obamacare. Crédits photo : CARLOS BARRIA/REUTERS.

La réforme de la santé promise par Donald Trump ne verra pas le jour. Exaspéré par le refus d’une poignée de sénateurs républicains de se rallier à un projet réformant la fiscalité de l’assurance maladie et la réglementation applicable aux contrats d’assurance santé, Donald Trump en appelle à un simple vote du Congrès pour «abolir Obamacare».

Cette approche repousse à bien plus tard l’élaboration d’un régime alternatif. Il s’agit d’une posture politique qui n’a guère de chance de réussir: les républicains centristes et la minorité démocrate ne voteront jamais l’abrogation d’un système qui priverait d’assurance maladie plus de 20 millions d’Américains.

L’échec de Trumpcare démontre que les républicains, pourtant majoritaires dans les deux chambres du Congrès, sont incapables de s’entendre sur les termes du remplacement d’Obamacare. C’est une humiliation pour Donald Trump et pour son parti. Ils avaient fait du démantèlement d’Obamacare une de leurs grandes promesses électorales.

Au-delà de l’impact de ce fiasco sur le système de santé, la question de la méthode de gouvernement de Donald Trump se repose : le nouveau président ne parvient pas à faire passer ses initiatives législatives, car les républicains sont très divisés, alors que les démocrates, bien que minoritaires, restent unis dans leur opposition.

Plusieurs voix au sein du Parti républicain en appellent à une approche différente qui associerait les démocrates au processus d’élaboration des lois et rechercherait d’emblée des compromis, au lieu de tenter d’unir des républicains conservateurs avec leurs collègues centristes, pratiquement sans consulter les élus minoritaires.

Mitch McConnell, leader de la courte majorité républicaine au Sénat, est tout aussi humilié que Donald Trump. Les amendements exigés par la droite de son parti ont déclenché l’abandon de soutiens dans son aile centriste. Il n’a pas pu convaincre 50 de ses 52 collègues. En revanche, les 48 démocrates minoritaires, résolument unis, sont convaincus qu’en bloquant une réforme peu populaire, ils prouvent que Donald Trump ne peut gouverner sans eux. « Ne pas être capable de tenir notre promesse d’élimination et de remplacement d’Obamacare endommagerait sérieusement et durablement la crédibilité des républicains », avait admis il y a quelques jours Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, qui sentait le vent venir.

Trump repousse cette réforme pour s’attaquer à sa seconde grande promesse : la fiscalité

Les démocrates ont concentré leurs critiques du projet républicain sur la réforme de Medicaid qui aurait affecté les foyers les plus pauvres. Ces derniers ne paient aujourd’hui presque rien pour être assurés. Grâce à un assouplissement des conditions d’éligibilité décidées en 2010 par la loi dite « Obamacare », environ 10 millions de personnes de plus, jusqu’alors sans assurance, ont été prises en charge dans le cadre du vieux programme fédéral Medicaid. Or Medicaid est financé par l’État fédéral, mais administré par chaque État. Les républicains voulaient supprimer graduellement cet élargissement de Medicaid pour laisser aux États le soin de payer l’assurance des personnes certes au-dessus du seuil de pauvreté, mais disposant de peu de ressources. Résultat probable : une quinzaine de millions d’Américains auraient été exclus du système d’ici à 2026.

Une telle réforme était inacceptable pour les démocrates ainsi que pour une poignée de républicains centristes. D’autant qu’une série de taxes destinées à financer les subventions des primes d’assurances dont bénéficiaient les Américains les plus modestes aurait été éliminée. Pour corriger les injustices créées par Obamacare, réformer la réglementation de l’assurance maladie, mieux réguler les prix des soins et des médicaments, il faudrait remettre tant de choses sur la table que cela prendrait des mois de tractations bipartites au Capitole. Pris par le temps, Donald Trump, à court de succès législatifs, repousse cet effort à plus tard pour s’attaquer à sa seconde grande promesse : la réduction et la simplification de la fiscalité.

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